Lundi 14 Octobre 2024
©Franck Haudiquert
Auteur
Date
03.06.2024
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Le numéro spécial Bordeaux Primeurs 2023 arrive dans les kiosques cette semaine. Pour accompagner sa sortie et compléter le dossier dégustation du magazine, un certain nombre de notes et commentaires sont à retrouver en exclusivité sur notre site web. On commence avec quelques propriétés de Saint-Émilion et des appellations satellites.
Château Badette [87-88/100]
Entre gomme arabique, bonbon à la réglisse et légères notes goudronnées, ce 2023 de Badette se présente sur un nez d'abord confus. La bouche, campée sur une matière droite, est définie par une trame acidulée, tranchante, des tanins fermes, une aromatique pralinée en finale. Nous voudrions le redéguster.
Couvent des Jacobins [92/100]
Un vin séducteur et gourmand. On le découvre sur un caractère très juteux de cerise bigarreau, de gelée de mûre, de cassis, de bonbon à la violette. C'est cette gourmandise que l'on retrouve en bouche avec des tanins déjà fondus et une conclusion sur une finale croquante.
Château Montlisse [87-88/100]
Premier nez entre cacahuète grillée et grain de café torréfié. Une puissance concentrée s'annonce, sur un fruit noir trapu, des tanins fermes. La matière est centrée, capiteuse, engoncée à ce stade dans une gaine tannique très rigoureuse. On lui laisse un peu de temps pour s'exprimer pleinement.
Carillon d'Angélus [91-92/100]
Nez pulpeux, cassis aérien, note de tabac blond, une épice douce. On devine du crémeux, un vin qui a des hanches mais aussi du muscle. La bouche est enrobée, tout juste griffée par des tanins à joli grain, soutenus par une bonne arête acide. C’est un vin taillé sur la buvabilité, la définition poivrée, avec une bonne dose de plaisir.
L'If [94-95]
Nouveau cuvier inauguré en 2023, avec 16 cuves béton adaptées au parcellaire. Nez aérien, parfumé, très énergique, pivoine et cassis. En bouche, la chair soyeuse s’arque sur une silhouette traçante, ce vin a du lift (pour reprendre les termes de Cyrille Thienpont), un caractère poudré dans le vêtement tannique. Un arc tendu.
Château Clarisse [90/100]
Une cuvée fidèle à son terroir. Le nez, un peu sur la retenue, s'enrichit de notes florales printanières. Ses tanins fermes et son caractère crayeux offrent en bouche des arômes de végétal noble, de sauge. Il lui faut du temps pour que le tout s'harmonise parfaitement et pour exprimer tout son potentiel.
Château Calon [87-88/100]
Nez un peu sauvage, entre foin coupé, ronce et note de baie sauvage. Le jus est présent, on a une matière assez charnue, mais encore engoncée dans une trame tannique ferme, voire sévère. L'ensemble est digeste mais mérite vraiment de se fondre.
Château Bel-Air "Jean & Gabriel" [90-91/100]
50 % merlot, 50 % cabernet franc. Nez puissant, percutant, on devine une dimension sanguine, poivrée, très verticale et dense. En bouche, un joli velouté, un crémeux plein, savoureux, sanguin, très enrobé et gourmand. La palette aromatique est chocolatée et pleine, très fruit noir, légèrement viandée. C’est intense et bon.
Château Croix de Rambeau [88/100]
Plaisant dès à présent, il sera rapidement prêt à boire par sa gourmandise et sa rondeur. Les notes de confiture de fruits noirs, de pruneau, d'épices, de curcuma confirment cette impression. Un vin accessible mais qui ne manque pas de matière.
Château Calon [88-89/100]
Indéniablement atypique, le nez est en équilibre entre la feuille de cigare, l'humus, des notes végétales, la fraise des bois cueillie sur le buisson. La chair est ferme, tendue, juteuse, escortée de tanins fermes mais qui irriguent le vin et lui donnent de la vigueur.
Château Clos de Boüard [92-93/100]
Belle concentration de fruit noir, de violette, de poivre. La matière est d'un certain classicisme, déroulant une chair ferme, des tanins sérieux, un élevage fondu. Tout est bien en place, tenu et énergisé par une pointe d'épices. Il se distingue par sa belle buvabilité et sera accessible dans sa jeunesse.
Château Franc Baudron [87-88/100]
Premier nez herbacé, marqué par une empreinte végétale. Bourgeon de cassis, touche de ronce. La bouche est signée à ce stade par une certaine fermeté, un jus droit, saillant, croquant, des tanins rugueux, une certaine rusticité mais une ponctuation acidulée en finale qui le rend digeste.
Château Roudier [89-90/100]
Nez sur une expression de fruit rouge teintée de notes végétales. Groseille, noyau de cerise. Du croquant. Jus serré, bouche assez mince, des tanins qui griffent un peu, sur une fermeté accentuée par la prise de bois à ce stade, ce qui lui confère une touche vanillée. Finale légèrement astringente.
Domaine Simon Blanchard "Au Champ de la Fenêtre" [91-92/100]
Nez très expressif, élégant, pulpeux, entre fraise écrasée et chocolat au lait. Sa suavité aromatique annonce une belle densité. En bouche, un joli velouté sans excès, c'est ample et lisse, très finement tramé, l'élevage est déjà en bonne phase d'intégration. Son côté bâton de réglisse est très désaltérant.
Domaine Simon Blanchard "Guitard" [93-94/100 - COUP DE CŒUR]
86 % cabernet franc, 25 % de grappes entières, la signature emballe d'emblée. De la fraîcheur, de la tonicité, une superbe définition florale (fleur de sureau) qui convoque aussi le clafoutis aux myrtilles. La matière est sanguine, tenue par un très beau grain de tanins, des amers nobles, l'ensemble est d'une parfaite jutosité, pleine et séveuse. Pointe de menthol en finale. Avec du caractère, de l'éclat, c'est un vin vivant et énergique qui nous a vraiment emballés.
Dégustations collectives les 9 et 10 avril. Notre comité : Mathieu Doumenge, grand reporter. Jean-Charles Chapuzet, journaliste et écrivain. Benjamin Corenthin, sommelier-caviste (Cave La Médecine à Bruges). Michel Petitjean, œnologue-consultant. Julien Morel, assistant de rédaction.
Puis rendez-vous individuels en propriétés (Mathieu Doumenge)
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