Accueil [PRIMEURS] Château Margaux 2018 : « on est certain de tenir un très grand vin »

[PRIMEURS] Château Margaux 2018 : « on est certain de tenir un très grand vin »

(crédit : Marco Grundt for FINE Das Weinmagazin)

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

02.04.2019

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Déjà directeur d’exploitation du 1er grand cru classé du Médoc de 1990 à 2011, revenu aux manettes de la propriété en mars 2017 suite au décès de Paul Pontallier, Philippe Bascaules vinifie en 2018 son deuxième millésime de château Margaux. Et joue, à notre demande, le jeu des comparaisons.

« Je n’étais pas là en 2015 et 2016, deux grands millésimes, donc je ne peux pas les comparer avec 2018. Mais sur la période où j’étais à château Margaux, je n’ai jamais vu un millésime de ce type, avec une sécheresse et un beau temps qui se sont installés à partir de début juillet, et un stress hydrique arrivé très tardivement, en septembre. Le printemps très pluvieux a provoqué une pression de mildiou exceptionnelle, qui a pour partie engendré des rendements plus faibles que d’habitude, encore diminués par la déshydratation de la fleur en septembre. A la clé, on a eu des baies petites et lourdes, très concentrées. Et, paradoxalement, en plus de cette concentration si importante, il y a une grande fraîcheur des vins. C’est assez étonnant, on ne s’attendait pas du tout à faire des vins si élégants, frais, complexes, très bordelais, alors qu’on a eu un temps un peu extrême. Peut-être va-t-il falloir s’y habituer d’ailleurs, car si ça se trouve, ce 2018 n’est que le premier d’une série. Et pourquoi pas après tout, quand on voit que les vins n’ont pas du tout perdu leur identité…

Si on veut s’essayer aux comparaisons, même si elles ne sont jamais parfaites, quand j’ai vu des raisins si petits et un stress hydrique si fort, j’ai pensé à 2005, qui est pour château Margaux une référence en terme de puissance. Et en même temps, j’ai aussi pensé à 2009 parce que la densité du vin fait qu’on a en bouche une texture plus crémeuse que soyeuse, presque comme si on avait un solide qui se liquéfiait, c’est une sensation assez bizarre. On a commencé à faire goûter la semaine dernière et on a eu des retours de quelques dégustateurs qui rapprochent ce 2018 de 2016 pour sa fraîcheur aromatique. Tout le monde compare ce vin à des millésimes différents avec des qualités différentes, mais tous sont des très grands millésimes, donc c’est plutôt très positif. Dans tous les cas, une chose est sûre : analytiquement, ce 2018 est le château Margaux le plus concentré qu’on a pu faire. On est sûrs de tenir un très grand vin. »