Accueil Promesse de vigneron, la Covid-19 n’aura pas la peau du Beaujolais Nouveau

Promesse de vigneron, la Covid-19 n’aura pas la peau du Beaujolais Nouveau

Auteur

AFP

Date

20.11.2020

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Dans son chai, Julien Bertrand, vigneron à Charentay (Rhône), avait tout préparé ce jeudi, pour l’arrivée du Beaujolais nouveau ! Cette année, pas de festivités, Covid oblige, mais un « drive » avec paniers-repas et bouteilles du plus célèbre des primeurs.

Au domaine Bertrand, qui compte 15 hectares de vignes quadragénaires, réparties sur six communes, le « drive » continuera jusqu’à samedi de 17h00 à 20h00. « J’ai déjà 190 précommandes, ça cartonne », expliquait hier à l’AFP le vigneron de 43 ans. Dans le panier-repas, saucisson, lard, pomme de terre et une bouteille. « D’habitude, on fait une opération portes ouvertes, dégustation et vente, avec un grand repas le samedi soir, de la musique. La grosse fête ! Cette année, on se réinvente et on est super contents car les gens jouent le jeu. Ils sont heureux de rompre la monotonie du confinement en fêtant quand même le Beaujolais nouveau », se félicite M. Bertrand.

Le confinement n’interdit pas de se déplacer dans les domaines viticoles en ce traditionnel troisième jeudi de novembre et les jours suivants. Il suffit de cocher sur l’attestation la case « achats de première nécessité »… Une évidence ! Pas non plus de distance maximale pour se rendre chez son vigneron préféré qui offre des solutions de click & collect. Les livraisons sont aussi multipliées. En revanche, oubliées pour cause de pandémie les dégustations conviviales dans les caves et les animations festives.

Un peu plus au nord, au Domaine des Nugues, à Lancié (Rhône), Gilles Gelin se « félicite d’un élan de solidarité des clients pour soutenir le produit et les vignerons ». « Cette année, on a 80.000 bouteilles de Beaujolais nouveau. Il nous en restera peut-être 2.000 ou 3.000 », relève le vigneron de 45 ans, à la tête de 35 hectares de vignes et qui vend 50% à l’export, en Europe, aux États-Unis et en Asie. « Cette année est excellente, le millésime rêvé du vigneron, solaire, gourmand, avec de la fraîcheur, et c’est d’autant plus frustrant de ne pas pouvoir le fêter comme d’habitude. Le bon côté, c’est que grâce à sa qualité il va pouvoir se garder », sourit Gilles Gelin.

« Moi, je suis un défenseur du Beaujolais, et un client ‘historique’ du Domaine », relève Vincent Jacus, venu de Lyon faire son emplette de Beaujolais nouveau. Sans dégustation, en revanche. « C’est la première fois depuis 25 ans, mais j’ai confiance ».

Chez les cavistes, aussi

Que les amateurs se rassurent, ils peuvent aussi acheter leurs dives bouteilles depuis jeudi et les jours suivants chez les cavistes et dans la grande distribution. Certains restaurants proposent aussi du Beaujolais à emporter. Côté cavistes, les stocks de bouteilles sont prêts mais, là aussi, les animations interdites. « D’habitude, c’est très festif ; on pavoise aux couleur du Beaujolais nouveau ; on sort des tonneaux et sert de la charcuterie. Surtout, il y a des dégustations. Pas cette année », regrette Vincent Covolo, gérant de TrioVino dans le centre de Lyon. « Là, on est parti sur une soixantaine de bouteilles, trois fois moins que d’habitude ».

Le premier bilan des ventes 2020 sera connu dans 8 à 15 jours. Tout est fait pour que la production déjà mise en bouteille s’écoule. Selon la profession, ces ventes devraient connaître une baisse d’environ 25% en France comme à l’export. En cause, les restaurants fermés et de gros acheteurs qui ont joué la prudence.

Plus de 21 millions de bouteilles sont sorties des domaines beaujolais en 2019 et près de 87.000 hectolitres de Beaujolais nouveaux ont été commercialisés en France, soit 11,6 millions de bouteilles. Dix millions de bouteilles ont été exportées.

« La grande fête du Beaujolais nouveau n’aura pas lieu cette année, mais rien n’empêche les amateurs d’en stocker et de le découvrir jusqu’au printemps », assure l’interprofession Inter Beaujolais. Le site rendez-vous.beaujolais.com permet de connaître toutes les opportunités pour découvrir ce primeur.

Par Myriam CHAPLAIN RIOU pour AFP