Accueil Rhône Nord : Ogier et Villa redonnent vignes aux coteaux du Pipet

Rhône Nord : Ogier et Villa redonnent vignes aux coteaux du Pipet

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

07.05.2020

Partager

Plus de 3500 ceps de syrah viennent d’être plantés sur les coteaux du Pipet, à Vienne, par le tandem Stéphane Ogier-Pierre Jean Villa pour faire renaître le vignoble disparu depuis près d’un siècle.

Il y avait des vignes jusque dans les années 20 sur les coteaux du Pipet, sur les hauteurs de Vienne, juste au-dessus de l’ancien théâtre antique. En témoigne la carte postale un peu jaunie qui trône sur l’un des murs du Grand Café de Vienne où déjeunent les deux vignerons emblématiques du Rhône Nord, Stéphane Ogier et Pierre-Jean Villa. Quelque peu surpris, les deux amis filent après le repas sur ce belvédère offrant un vue grandiose sur le Rhône et l’agglomération viennoise. À l’emplacement de l’ancienne forteresse des rois de Bourgogne jusqu’au XIe siècle, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Salettes a été construite à la fin du XIXe et devenue un lieu de pèlerinage. Mais point de vignes ici, juste quelques robiniers et acacias qui disputent le terrain aux herbes folles.

Renseignements pris, les deux vignerons apprennent que la friche appartient à la municipalité. « Même le maire, Thierry Kowaks, a été surpris d’apprendre qu’il y avait eu des vignes un jour, au-dessus de la future Maison du jazz, raconte Stéphane Ogier. Il faut dire que la végétation avait repris le dessus sur ces pentes raides et difficiles d’accès. On ne voyait même plus les terrasses avec des dénivelés impressionnants et des murs jusqu’à 10 mètres. » Ensorcelés par l’endroit et par l’histoire, les deux compères n’ont plus qu’une seule envie : y faire renaître la vigne. Un accord est finalement négocié avec la mairie qui met à disposition le terrain avec un bail à long terme de 18 ans… en échange de quelques bouteilles quand la vigne produira des raisins à la 3e feuille. Pas avant 2023. Car il a fallu d’abord défricher le coteau exposé plein sud avant de planter de la syrah, une évidence en Rhône Nord. « Nous n’avions pas assez de surface avec un demi-hectare pour faire deux vins et les schistes sont d’abord un terroir de rouge » explique Stéphane Ogier.

En attendant le cru

Les premiers ceps issus de différentes sélections massales devaient être plantés en mars mais les travaux ont pris un peu de retard avec le confinement. Finalement, cette semaine, plus de 3500 pieds viennent d’être installés à nouveau sur les coteaux de Pipet, qui donneront naturellement le nom à la cuvée. « Nous avons planté un peu plus de pieds que prévu – on pensait 2500 au départ, car on a choisi de planter à forte densité, à 13 000 pieds. Même si cela représente plus de travail, cette densité permet d’avoir moins de raisins par pieds avec des grappes plus petites et moins de concurrence entre les pieds, et donc de produire un vin plus qualitatif. »

Les 1500-2000 bouteilles qui devraient être produites à terme à partir de la parcelle pourraient être étiquetées en IGP Collines Rhodaniennes ou simplement en Vin de France, à moins que l’élargissement de l’appellation Côtes-du-Rhone, en discussion depuis plusieurs années, ne soit enfin adopté par l’INAO. « Passer en Côtes-du-Rhone serait déjà une belle victoire, ne serait-ce que pour protéger le secteur mais notre objectif est de devenir rapidement un cru de la vallée du Rhône. » La parcelle Ogier-Villa est la plus septentrionale de la future appellation dont le nom fait toujours débat (Seyssuel, Coteaux de Seyssuel, Vienne-Seyssuel…).

Le nouveau vignoble s’inscrit dans la continuité de la renaissance des vins de Vienne qui comptent désormais 18 vigneron. Elle avait été initiée, au début des années 90, par les Vins de Vienne lancés par un quatuor de vignerons du Rhône Nord, Pierre Gaillard, François Villard, Yves Cuilleron et à l’époque un certain Pierre-Jean Villa.