Samedi 9 Novembre 2024
Enjambeur autonome
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10.07.2024
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Le château Luchey-Halde, en appellation Pessac Léognan, accueillait le temps d’un après midi, le salon de l'innovation numérique et robotique dédié à la viticulture. Ce salon est à l’initiative de DIGIlab et était organisé, entre autres, par Bordeaux Sciences Agro, InnoVIN Cognac Bordeaux, Vinopole Bordeaux Aquitaine. Chacune des 40 entreprises présentes étaient en mesure de faire des démonstrations.
On aura repéré parmi les différents exposants un outil de gestion et de diagnostic de la vigne. Le vigneron peut ainsi embarquer, à l’arrière d’un tracteur, un capteur capable de compter avec précision les grappes, les baies, les rameaux et les feuilles d’un vignoble. Cette captation peut se faire à l’occasion d’un travail de désherbage entre les rangs par exemple. Les images scannées par la caméra sont transférées dans un cloud et sont ensuite analysées pour estimer le nombre de pieds manquants ou le rendement. De même, grâce à la télédétection satellitaire, le viticulteur peut évaluer l’hétérogénéité des parcelles. Des applications associées permettent de mesurer la maturité des raisins et de faire, en conséquence, des vendanges sélectives, d’ajuster la fertilisation azotée, de compter les pieds morts, ou de mesurer le stress hydrique du vignoble et d’apporter la juste quantité d’eau lorsque l’irrigation est autorisée. Et si ce n’est pas un satellite qui fait cette télédétection, ce sera un avion qui le fera en très peu de passages au-dessus du vignoble.
L’IFV (Institut Français de la Vigne et du Vin) a développé quant à lui un outil d’aide à la décision pour optimiser la protection de la vigne contre les attaques de mildiou, d’oïdium, de black-rot ou de botrytis. Cela permet de réduire l’utilisation de fongicides. Ce qui est surprenant, c’est que cet outil ne fonctionne pas à partir d’observation faites sur le vignoble mais à partir de données météo enregistrées sur l’exploitation (station météo) ou proche de celle-ci (Météo France). Ces données accumulées depuis des années permettent de construire un algorithme de prévision des maladies.
D’autres outils numériques, grâce à des capteurs, permettent de surveiller les fermentations ou de les conduire avec précisions et, surtout, tel que le vigneron le souhaite. Des notifications ou des alarmes sont envoyées en temps réel et informent à toute heure de l’évolution des fermentations. Il peut aussi tracer le raisin en provenance des parcelles. Cela permet de mieux connaître le rendement parcellaire en croisant les données avec les caractéristiques des fermentations et de se constituer un historique d’un millésime à l’autre. Le CO2 dégagé lors des fermentations peut être récupéré et valorisé. Il est ainsi capté, certes pour limiter les accidents par asphyxie, mais aussi pour être utilisé soit sous forme de gaz mélangé à de l’eau pour une opération de nettoyage, soit sous forme de neige carbonique soit sous forme de gaz pour optimiser les extractions lors des vinifications en rouge.
Désormais, un tracteur conventionnel peut être autonome (le coût est d’environ 75 000 €), ou bien acheter un enjambeur, lui-même autonome. Mais une fois amené par l’employé au bord de la parcelle (un engin autonome n’est pas autorisé à rouler sur les routes) celui-ci accomplira la tâche (désherbage, pulvérisation, tonte, …) hors de votre présence et de manière totalement autonome. Le guidage se fait par le système RTK, bien plus précis que le GPS (on obtient une précision de quelques centimètres). La protection de la vigne contre la grêle peut être aussi automatisée. Au bout de chaque rang, un panneau solaire fournit l’énergie nécessaire au déploiement d’une couverture plastique au-dessus du rang, dès qu’un grêlon est détecté.
Pour conclure, demain, se prépare grâce à la recherche et à la montée en compétences des personnes. Des thèmes de recherches telles que la diminution des intrants, les nouvelles pratiques adaptées au changement climatique, la séquestration du carbone, l’évolution du matériel végétal, l’agro-équipement, le numérique, les process de vinification, constituent autant de ressources que Vinopole ou L’IFV mettent à disposition.
Cette deuxième édition du Salon VI-TIC a accueilli presque 250 visiteurs très demandeurs (viticulteurs, conseillers viticoles, techniciens, enseignants, étudiants de l’enseignement agricole, entreprises, presse). Prochain rendez-vous en 2026.
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