Jeudi 12 Décembre 2024
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11.10.2023
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Le terroir de Sauternes et Barsac voit depuis quelques années se créer, à côté des liquoreux, des vins blancs secs haut de gamme, en appellation Bordeaux. Souvent adossés à la marque des châteaux classés en 1855, leur qualité ne fait plus aucun doute et leurs prix tutoient ceux des liquoreux.
Nous sommes à 40 km au sud-est de Bordeaux, sur la rive gauche de la Garonne. Les meilleurs sols sont sur un plateau incliné vers le fleuve dont le substrat est composé de calcaires à astéries fissurés (qui participent beaucoup à la fraicheur des vins), de marnes ou de sables argileux. À l’époque des grandes glaciations quaternaires, ce substrat a été recouvert par d’énormes nappes de graves apportées par la Garonne. Un sol idéal pour les blancs que le sauternais a toujours légitimement valorisé, avec succès, tant en liquoreux qu’en sec. C’est ainsi que, par exemple, le château Doisy-Daëne produit du blanc sec depuis 1948, à une époque ou le Sauternes (liquoreux) se portait très bien. Une production très qualitative mais qui reste minoritaire.
Etat des lieux
Jean-Jacques Dubourdieu, le co-président de l’appellation Sauternes-Barsac, indique que « la production des Bordeaux secs du sauternais représente à peu près 10 % de la production totale. Seuls 80 % sont produits par les crus classés. Le sec est donc devenu une marque forte ». Et d’insister : « mais même adossés à la marque du château, si les vins n’étaient pas bons, ils ne se vendraient pas ».
La méthode
Les liquoreux sont faits avec deux cépages essentiellement : le sauvignon et le sémillon. Les blancs secs utilisent les mêmes, ce qui facilite la production. Soit on dédie des parcelles à cette production. Soit on fait du picking, c’est-à-dire qu’on prélève une partie des raisins sur le pied et le restant, de préférence botrytisé, sera récolté plus tard pour la production de liquoreux. Les châteaux peuvent combiner les deux.
Les profils des vins
Si le sauvignon est connu planétairement pour apporter sa vivacité en bouche et son aromatique sur des notes végétales, de fruits verts et d’agrumes, le sémillon, lui, est plus énigmatique. « C’est un cépage de bouche ! » nous dit Jacques Lurton le président de l’appellation Pessac Léognan. Mais pas que, car en effet, il apportera le coté texturé, sur un grain fin, mais aussi le gras et quelques aromes frais d’agrumes (pamplemousse, mandarine, citron), de pomme et de miel. C’est cet assemblage rare qui, avec le terroir, participe fortement à l’identité des blancs secs du sauternais.
Les derniers sortis
Rayne Vigneau, « Grand vin blanc sec » Bordeaux 2022 (45€)
10 années que Vincent Labergère travaille sur ce projet. Un vin à l’aromatique particulièrement réussie (tisanerie, romarin, thym citronné) et une bouche balancée entre fraicheur et fruité, enrobée juste ce qu’il faut, avec un très beau toucher de bouche et un coté salin.
Château Guiraud, « Grand vin blanc sec » Bordeaux 2022 (50€)
Ce récent vin, très identitaire, est davantage dans la pureté et l’éclat que le très connu G de Guiraud. Notes de citron jaune, verveine, un rien camphré, et touche de silex. L’attaque se fait sur beaucoup de douceur fruitée, sur l’ananas et sur la bergamote de Nancy qui apporte sa discrète touche amère. Plus élégant et dynamique que le G.
Château Suduiraut, « Vieilles vignes. Grand vin blanc sec », Bordeaux 2022
L’aromatique est subtile : bonbon au citron, chèvrefeuille, soupçon de fraicheur sur la citronnelle et verveine citronnée. Iodé. Beau toucher de bouche, du gras (beurre frais) et belle expression du sémillon. Subtilement tendu, long et équilibré. Vocation gastronomique.
Sigalas Rabaud, « Grand vin blanc sec » (45 €)
Notes de tilleul, verveine, anis, fleurs blanches et silex chaud. Un léger grain (5 % de sémillon) et des saveurs étirées de bergamote et de pamplemousse rose. Pur, délicat et raffiné.
Château de Rolland, « le Clos des Moines » 2022, bio (18€)
Sur la commune de Barsac, Romain Garcia produit un 100% sauvignon très original car le coté variétal est atténué au profit d’une expression plus douce et d’un joli toucher de bouche (barrique). Nez fumé, toasté, touche de chèvrefeuille. La ligne fumée est suivie en bouche par une tension mesurée qui évolue sur des saveurs de pamplemousse. Belle identité.
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