Une journée dans le vignoble de Margaux : immersion à Lascombes, Marquis de Terme et Siran

Entre tradition et renouveau, trois propriétés emblématiques de Margaux — Château Lascombes, Château Marquis de Terme et Château Siran — proposent une lecture vivante, contemporaine et incarnée du terroir. On découvre un vignoble en mouvement, où l'accueil et le vin racontent une nouvelle histoire.

Le nouveau souffle de Lascombes

L’impression, dès l’arrivée, est claire : quelque chose bouge à Lascombes. Ce Second Grand Cru Classé 1855 (Margaux), racheté en 2022 par la famille Lawrence, notamment propriétaire de Heitz Cellar dans la Napa Valley, et Carlton McCoy. Directeur général et maître sommelier ont entamé un virage stratégique et esthétique, porté par Axel Heinz, directeur général, arrivé de Bolgheri en Toscane ou il officiait comme directeur général d’Ornellaia et de Massetto.

Au Château Lascombes, le parcours de visite a été complètement repensé, avec un soin du détail qui fait écho à celui du chai. Modernité discrète, élégance des matériaux, et une volonté forte d’ouverture. « Ce qui était intéressant, c'était de montrer — comme on parle beaucoup du renouveau dans la visite, suite au rachat et à toutes les actions qu'on est en train de mettre en place — de le voir aussi au niveau des vins », souligne Axel Heinz. Le millésime 2022, marque ainsi une première incarnation de cette nouvelle ère. « C'est le premier qui montre la nouvelle orientation. On est tout au début de ce parcours, et ça va nous occuper pendant quelque temps. On a la chance d’avoir un millésime de toute beauté, même si pour nous, c’est le début d’un chemin. »

Lascombes mise aussi sur un nouvel ancrage dans la visite œnotouristique : scénographie immersive, discours précis, esthétique soignée. Cette montée en gamme assumée n'omet bien sûr, pas le vin. Trois formats de visites structurent l’offre : une première découverte du domaine permet d’explorer l’histoire de la propriété, le fonctionnement du cuvier gravitaire et de déguster les trois cuvées phares. Un deuxième parcours, consacré à l’évolution du style Lascombes sous l’impulsion d’Axel Heinz, propose une dégustation comparative entre les millésimes 2018 et 2022. Enfin, une troisième formule, plus immersive, offre une lecture historique à travers une verticale de quatre grands millésimes dégustés dans les salons du château. Le château ne reçoit que sur rendez-vous, privilégiant une approche confidentielle et personnalisée de l’accueil.

Infos ici : chateau-lascombes.com/experiences

Marquis de Terme : un domaine en mouvement

Au Château Marquis de Terme, la notion de parcours prend tout son sens. La visite s’ouvre désormais à la Maison de l’Estona, un espace d’accueil contemporain aussi réservé aux entreprises pour des séminaires. Ce point de départ guide le visiteur à travers un cheminement pensé pour relier les différents pôles de la propriété. L’objectif ? Offrir une expérience fluide, immersive et cohérente, du verre de vin jusqu’aux racines du terroir. « L’idée, c’est vraiment d’aller au cœur des vignes, d’enlever la coupure symbolique que constitue la route, et de faire ressentir physiquement l’unité du domaine », explique Laurence Baradat en charge de l'œnotourisme au château. Un parcours entre signalétique, sentier au milieu des vignes (des rangs ont été arrachés pour permettre cette nouvelle circulation), boutique et arrivée au château Marojalia, où des chambres d’hôtes ont été aménagées. Ces chambres, chacune décorée sur un thème différent (japonais, chinois, vénitien...), sont déjà plébiscitées. Ce nouveau dynamisme est impulsé par Paloma Sénéclauze, directrice générale et quatrième génération de la famille propriétaire, qui, après une expérience dans l'humanitaire au Mexique, a choisi de revenir en France pour s’investir pleinement dans les propriétés familiales : Marquis de Terme à Margaux et le château Val d'Arenc à Bandol. « Elle a vraiment peaufiné l’action qu’elle voulait avoir en mode opérationnel, et il y a un an, elle a pris officiellement la direction du château. Elle vit sur place, dans le château, et gère aujourd’hui les domaines », raconte Laurence Baradat.

La visite peut se prolonger à travers différentes propositions : balades à vélo dans les vignes, dégustations de cuvées du domaine ou d'autres grands crus classés, ateliers de découverte sensorielle, ou encore exploration des accords entre vin et chocolat. Certains parcours mènent jusqu’au déjeuner, avec une dégustation verticale commentée. D'autres privilégient une approche plus contemplative, à travers une promenade guidée ou une séance de dégustation thématique. Ces formats, très divers, permettent une lecture multiple du lieu et une immersion progressive dans l’univers du vin et du paysage.

Le rachat en mars 2023 du Château Marojalia et de ses 6 hectares, intégrés à la propriété, viennent renforcer cette volonté d’ancrage dans le paysage de Margaux. Au-delà des hectares, c’est un geste patrimonial et stratégique qui redessine les contours de Marquis de Terme.

Une halte gastronomique signée Grégory Coutanceau

Impossible de séjourner à Marquis de Terme sans faire étape au restaurant [Au] Marquis de Terme, orchestré par Grégory Coutanceau, chef charismatique originaire de La Rochelle. Il y propose une cuisine précise, élégante et pleine de fraîcheur. Dans un décor épuré, ouvert sur les vignes, il livre une lecture libre des produits du Sud-Ouest, avec une inspiration marine évidente — un clin d’œil à ses racines atlantiques. « Le but est de créer un dialogue entre le vin et l’assiette, mais aussi entre les vignes et la mer », dit-il souvent. La carte évolue au fil des saisons et des inspirations, avec des accords précis autour des cuvées du domaine, et quelques vins invités du sud.

Infos ici : chateau-marquis-de-terme.com

Siran : l’âme vivante de Margaux

À Siran, propriété familiale depuis 1859, on est accueilli par Édouard Miailhe, représentant de la cinquième génération. Ici, le mot-clé est hospitalité. Le château a su créer une ambiance chaleureuse, accessible et raffinée, où l’on parle aussi bien du vin que de son histoire. Précurseur de l’œnotourisme dans le Bordelais, Siran accueille les visiteurs depuis plus de quarante ans. À moins de 30 minutes de Bordeaux, au début de la route des châteaux du Médoc, la propriété se distingue par sa façade rose éclatante, son atmosphère conviviale et ses propositions de visites tout au long de l’année. La richesse du site repose sur trois lieux emblématiques : un bunker souterrain construit par William-Alain Miailhe pendant la guerre froide et abritant plus de 30 000 bouteilles — dont certaines remontent à 1912 — ; un toit-terrasse panoramique, ancien hélipad reconverti, qui offre une vue étendue sur les vignes et l’estuaire ; et une collection d’art originale exposée dans le chai, composée d’objets liés au vin et d’étiquettes artistiques.

Un parcours scénographié retrace 160 ans de propriété, à travers des objets de famille, une cave aux millésimes anciens, et des œuvres d’art. « Nous sommes l’un des rares crus classés de Margaux à rester une propriété familiale. On cultive cette indépendance, cette continuité, mais aussi l’ouverture sur le monde », explique Édouard Miailhe. Le domaine a su s’adapter aux nouvelles attentes : visites sur mesure, expériences dans les vignes, dégustations dans les salons ou dans les jardins, et une vraie réflexion sur la transmission. « Recevoir les visiteurs, ce n’est pas seulement montrer nos chais, c’est leur donner envie de revenir. Et de comprendre pourquoi ce lieu est spécial. » Siran, c’est aussi une viticulture exigeante, une recherche constante d’équilibre, et une vision du vin comme liant entre générations et cultures. Une halte essentielle pour qui veut comprendre l’âme de Margaux.

Infos ici : chateausiran.com

Margaux en majesté

Lascombes, Marquis de Terme, Siran : trois propriétés, trois visions, trois histoires singulières qui, ensemble, composent un tableau riche et nuancé du vignoble de Margaux. Une journée à les parcourir, c’est traverser le temps, l’espace et les sensibilités. C’est comprendre que dans ce coin de Médoc, le vin est bien plus qu’un produit : c’est une culture vivante, en perpétuelle évolution.