Mercredi 5 Novembre 2025
Une partie de l'équipe de Champagne de Barfontarc avec notamment Nicolas Vallée, Olivier Martin et Denis Tardieu. ©C. Amadei
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05.11.2025
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À l’occasion de la sortie du millésime 2016 de sa cuvée emblématique La Vigne au Roy – en versions Brut et Nature – Barfontarc, coopérative installée au cœur de la côte des Bar, a organisé une dégustation d’exception retraçant seize années d’histoire, de 2000 à 2016.
C’est dans la lumière douce d’un début d’automne champenois et la chaleur du restaurant Au piano des Chefs, à Reims, table du chef Eric Geoffroy, qu’a eu lieu cette traversée du temps : une dégustation verticale de La Vigne au Roy, cuvée emblématique de la coopérative auboise Barfontarc, fondée au cœur de la Côte des Bar depuis les années soixante. Le chef de caves Denis Tardieu et Olivier Martin, le directeur de la marque, ont servi de guides pour cette expérience à travers la dégustation de six millésimes de la Vigne au Roy, allant de 2000 à 2016. Eric Geoffroy orchestrait lui un menu accord mets et vins autour des millésimes 2016 – Nature et Brut – et 2013. Un panorama sensible du style Barfontarc, dans lequel l’Aube, souvent discrète, a su rappeler la singularité de son terroir et son savoir-faire vigneron.
Fondée en 1962, Barfontarc réunit une cinquantaine de familles de vignerons des villages de Baroville, Arconville, Arsonval, Dolancourt, Fontaine, Montier-en-l’Isle, Rouvres les vignes et Trannes. Au fil des décennies, exploitant cent trente hectares de vignes du vignoble le plus méridional de l’AOC Champagne. Depuis, la coopérative a bâti un style précis, droit, mais jamais austère.
La Vigne au Roy, cuvée prestige de la Maison, en est une très belle expression. Elle se compose systématiquement d’un assemblage de cinquante pour cent de pinot noir (cépage majoritaire dans la Côte des Bar) et cinquante pour cent de chardonnay, non ou faiblement dosé. Les marnes kimméridgiennes, argilo-calcaires, des coteaux du Barrois confèrent aux pinots noirs leur chair vineuse et aux chardonnays leur éclat crayeux. Ce terroir confère à chaque millésime un équilibre unique entre profondeur et tension, fraîcheur florale et gourmandise, qui se déploie au fil des années. Ce que confirme la dégustation verticale de cette cuvée qui nous livre avec générosité et humilité l’histoire de ses vingt-cinq dernières années. « Il est toujours bon de se souvenir comment on a abordé certaines vendanges » confie Olivier Martin.
Guidé par Denis Tardieu, présent au sein de la Maison Barfontarc depuis vingt-cinq ans, le voyage commence : la Vigne au Roy nature 2016, vendangé après un printemps pluvieux puis un été chaud et sec, issu à quatre-vingt-dix pour cent de têtes de cuvées, il est élaboré sans dosage. Équilibré, avec des notes aromatiques de fleur d’acacia, de pêche blanche évoluant sur la pâte d’amande et la noisette, ce millésime 2016 est vif au nez. La bouche est dense et expressive avec une belle finale minérale. Parfait avec des huîtres ou du poisson cru.
Vient ensuite la cuvée La Vigne au Roy 2016, un champagne brut qui s’exprime dans la palette des fruits secs, de la pâte d’amande, légèrement relevée de gingembre confit. La bouche se révèle ample et soyeuse. Ce millésime sera le compagnon idéal d’un homard à la nage.
Le millésime 2014, zéro dosage, offre des arômes de fruits jaunes et briochés sur une pureté, une énergie et une minéralité incroyables. La bouche est droite avec une finale d’une élégante amertume. Il accompagnera à merveille un magret de canard à l’abricot.
La Vigne au Roy 2013, millésime servi au repas pour l’occasion, il surprend par sa finesse : pomme verte, amande douce, fleurs séchées, bouche élancée, presque austère, mais parfaitement équilibrée. Sublime avec un Langres bien fait ou une poire pochée. Existe en magnum.
La Vigne au Roy 2012, lui, est tout en énergie et gourmandise. Cent pour cent tête de cuvée, il dévoile des arômes de poire pochée, de noisette fraîche, une texture crémeuse soutenue par une belle vivacité encore présente. Ce millésime 2012, fruit d’une année dramatique qui a tout de même réussi à produire du raisin de qualité, a pris son temps et se révèle gourmand, avec une touche saline et qui accompagne volontiers des Saint-Jacques poêlées.
2008 fût une année exceptionnelle en Champagne et cela se retrouve dans ce millésime. Il s’épanouit entre notes fraîches de fleurs blanches, citronnées, de craie, une bouche précise et vivace, et conserve une belle tension. Il est fait pour un turbot poché sauce hollandaise.
Le millésime 2002 témoigne d’une très belle année dans l’Aube, différente de 2001, et qui a rassuré par son fruité, sa matière en sa longueur en bouche, son amplitude.
La Vigne au Roy 2000 révèle une très belle maturité, un style presque oxydatif maîtrisé, des arômes de fruits secs, de miel et de pain grillé, une bouche ample et ronde. À servir avec un fraisier.
À travers ces millésimes, une signature se confirme : une mousse fine, régulière, une élégance aromatique, une tension interne constante, même dans les années solaires, et une palette aromatique évolutive allant des fleurs et noisettes aux agrumes et miel avec l’âge, les vieux millésimes gagnant en profondeur sans perdre leur éclat. Cette verticale de La Vigne au Roy est une véritable leçon de temps et de terroir, chaque bouteille raconte une histoire d’équilibre et de constance : précision, expression du fruit, profondeur et fraîcheur, un concentré des coteaux de la Côte des Bar.

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