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Vignobles Raymond : le bio à grande échelle

Auteur

La
rédaction

Date

06.12.2012

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Avec une production d’un million de bouteilles par an, les Vignobles Raymond (situés en Gironde à Saint-Laurent du Bois) figurent parmi les premiers exploitants bio indépendants en France. Un tournant pris au début des années 2000…

En Gironde, à un peu plus d’un kilomètre de Saint-Laurent-du-Bois, se dressent sur environ 4 000 mètres carrés les nouveaux bâtiments des vignobles Raymond. C’est là, au milieu du domaine du Château de Lagarde, que se situe le centre de production et de commercialisation des 180 hectares de vignes exclusivement bio de la propriété. Soit, avec une production d’un million de bouteilles (et des références telles que Château de Lagarde, Château Planton Bellevue, Château Haut Planton, Château Monereau, Château Joumes-Fillon, Château Baron Fillon, Château La Joly), l’une des premières exploitations indépendantes bio de France.

Une aventure qui débuta en 2000 avec l’arrivée de Lionel Raymond dans l’exploitation. Ce dernier décida alors la conversion de la totalité du vignoble en mode bio. « Un choix qui s’est effectué en fait un peu au hasard, concède le viticulteur. Cette année-là, nous avions acheté les 32 hectares du domaine de Joumes-Fillon. Comme ils étaient en bio, il fallait mettre l’ensemble de notre exploitation soit en conventionnel, soit en bio. »

En tête de la distribution bio

Et le choix se porta donc sur cette dernière solution. Un pari sur l’avenir à l’époque, pour « être en avance sur nos futurs concurrents ». S’en sont suivies plusieurs embauches pour un domaine qui emploie aujourd’hui 36 salariés, dans les secteurs de la production et de la commercialisation, puis d’importants investissements matériels en 2009.

Car l’une des particularités des vignobles Raymond est de maîtriser d’un bout à l’autre la commercialisation de ses différents crus, de la culture des vignes à l’exportation notamment vers l’étranger. Il y a trois ans, nouveaux chais, nouvelles cuves et automatisation de la chaîne d’embouteillage ont ainsi vu le jour.

Autre évolution notable : le développement d’un réseau de distribution qui fait également de la société Raymond le premier distributeur de vin bio en Europe avec 4 millions de bouteilles par an.

Mais le passage au bio nécessite bien sûr des contraintes parfois difficiles à supporter et qui obligent Lionel Raymond à prendre un ton mesuré quand lui est demandé si, aujourd’hui, ce choix s’avère payant. « Contrairement au mode de culture conventionnel, il existe toujours une possibilité de perte importante, explique-t-il. 2010 a par exemple été une année difficile. »

Du Japon au prince de Galles

L’absence d’herbicides ou de pesticides requiert la pratique d’un désherbage thermique et d’un décavaillonnage des vignes. Le recours au fumier vient, lui, se substituer à l’utilisation d’engrais chimiques. Ces techniques représentent une augmentation du coût de production de 30 % environ. « Un surplus qui se retrouve à un taux identique à la vente », tient à souligner Lionel Raymond, afin de démontrer qu’aucune marge supplémentaire n’est effectuée.

Jean-Pierre Raymond, le père de Lionel, qui a repris les rênes du domaine familial dans les années 80, voit cette évolution comme une suite logique des événements. « Plusieurs fois, nous nous sommes retrouvés devant la même situation : arrêter la viticulture ou être dans l’obligation de nous agrandir », analyse-t-il.

À ses débuts, il avait déjà vécu une période charnière en choisissant d’orienter l’exploitation de la polyculture vers la production exclusive de vin. Aujourd’hui, certaines de ses bouteilles sont vendues un peu partout dans le monde… Et quelques-unes sont mêmes demandées par le prince Charles de Galles lui-même !

Yvan Camboulives