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Vins primeurs : ne pas oublier la Touraine

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

16.11.2018

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Le cépage gamay n’est pas l’apanage du Beaujolais. Il produit en Touraine des vins au fruité délicieux qui se savourent aussi dès le 3è jeudi de novembre. Pour preuve le concours des Touraines Primeurs qui s’est déroulé le 13 novembre à la Vinothèque de Tours et a désigné trois médaillés, dignes de représenter l’excellence du millésime 2018.

Devant le succès des Beaujolais nouveaux, dans les années 1970, les vignerons de Touraine ont eu l’idée de revendiquer une appellation qui les autoriserait à vendre aussi leur vin dès le 15 novembre. En effet, s’ils faisaient de bons vins en macération courte qui étaient prêts à boire bien avant décembre, ils perdaient leur appellation et se trouvaient relégués en vin de table. L’appellation Touraine Primeur est ainsi née en 1978. Ce fut un immense succès, encouragé par l’interprofession ligérienne qui organisa un concours, célébré en grande pompe chaque année. Lorsque Jack Lang était ministre de la culture et maire de Blois (Loir & Cher, le département qui compte le plus d’hectares d’AOP Touraine), le Touraine Primeur inondait Paris et les Champs-Élysées. On vit des vignerons servir un verre aux automobilistes qui patientaient au feu rouge pour leur faire découvrir le fruit de leur travail de l’année.

Un concours pour les Touraines Primeurs

Le millésime 2018, ensoleillé, hâtif et généreux, se prêterait-il aux vins primeurs ? C’est la réponse à cette question qu’espérait Guillaume Lapaque, l’animateur de la Cave de la Dive Bouteille à Bourgueil, qui se trouva fort dépité en découvrant que le concours n’avait plus lieu. Il n’y aurait plus qu’une cinquantaine de vignerons qui sortiraient encore du primeur et ce dernier ne donnerait pas une image positive des vins de Touraine…

Ni une ni deux, Guillaume Lapaque fit appel à ses connaissances pour organiser rapidement un concours, certes modeste, mais dont les résultats prouvent que la présélection opérée en quelques jours n’était pas mauvaise. « Depuis les années 70, la Touraine fête son vin primeur. Et bien avant, on « martinait le vin », c’est-à-dire qu’on goûtait le vin au moment de la fête de Saint-Martin » rappelle-t-il. Avant de poursuivre : « Nous nous sommes réunis pour dire ensemble notre triple amour du Touraine Primeur : une sympathique occasion de découvrir la juvénile expression du nouveau millésime, une aussi sympathique occasion de faire la fête et une mise en lumière du travail des vignerons de l’AOC Touraine ! »

La dégustation du primeur 2018 témoigne de la qualité de ce millésime, qui se montre parfois même un peu trop rond pour garder le style frais et facile du « primeur ». Pour sûr que les vins se goûteront très bien au delà des quelques semaines de festivités automnales. Certains vins laissent présager, par leur équilibre et leur structure tannique, que la Touraine produira de grandes cuvées de rouges cette année.

Le concours du Touraine Primeur 2018 qui s’est déroulé mardi 13 novembre à la Vinothèque de Tours a réuni 11 vins qui ont été dégustés à l’aveugle. Le jury a d’abord retenu cinq vins qui ont été de nouveau anonymés et dégustés à l’aveugle, afin de finalement couronner trois cuvées.

– 2 médailles d’or
à Jean-Sébastien et Henry Marionnet, Domaine de la Charmoise à Soings-en-Sologne (41)
à Gabrièle et Régis Dansault, Domaine de l’Ouche Gaillard à Montlouis-sur-Loire (37)

– 1 médaille d’argent
à Cédric et Marina Chollet, Domaine de Rabelais à Onzain (41)

Lionel Truet, Domaine de la Grande Foucaudière à Saint-Ouen-les-Vignes (37) et Aurélie et Pierre-André Frot, Domaine les Pierres d’Aurélie à Saint-Georges-sur-Cher (41) ont également été remarqués parmi les finalistes. Soulignons qu’Henry Marionnet a été le premier à se lancer dans les primeurs, quand ils étaient n’étaient que des « gamays ». Son fils Jean-Sébastien, aujourd’hui à la manoeuvre, réalise la totalité de la cuvée primeur sans aucun soufre ajouté.

Le jury était composé de :

– Isabelle Bachelard, journaliste à Terre de Vins
– Olivier Collet, journaliste à Info-tours.fr, 37 degrés, Chérie FM Val de Loire
– Mauro Cuzzoni, conseiller municipal de Tours, délégué en charge du commerce
– Olivier Dubois, l’hôte, caviste à La Vinothèque de Tours
– David Fontaine, vice-président des Sommeliers du Val de Loire, le Bistrot des Belles Caves à Tours
– Jean-Luc Péchinot, journaliste ligérien
– Matthieu Reynaert, patron de l’Oxford Pub à Tours
– Jean-Eric Zabrodsky, ancien journaliste sportif à la NR, journaliste au Vin Ligérien
– Thierry Nerisson, sommelier, responsable de l’école hôtelière Notre-Dame la Riche
– Guillaume Lapaque, initiateur du concours, gérant de la Cave de la Dive Bouteille à Bourgueil