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Le rosé en question(s)

POUR ILLUSTRER LE PAPIER D'OUERDYA AIT-ABDELMALEK: "LE VIN ROSE NE CONNAIT PAS LA CRISE" - Des consommateurs trinquent avec des verres de rosé à la terrasse d'un restaurant à Marseille le 28 juillet 2008. Longtemps considéré comme un vin tout juste bon à accompagner une pizza entre amis, le rosé connaît depuis cinq ans une progression vertigineuse de ses ventes en France, au point de susciter l'intérêt de toutes les régions viticoles. AFP PHOTO ANNE-CHRISTINE POUJOULAT VIN-VITICULTURE VIN-VITICULTURE

Auteur

Jacques
Orhon

Date

19.08.2015

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Dans chaque numéro de « Terre de Vins », avec sa chronique « L’école du vin », Jacques Orhon, maître sommelier et « écrivin », apporte son éclairage d’expert sur toutes les subtilités de la dégustation, du service, de la conservation, de la viticulture… Retrouvez ici ses meilleurs conseils.

L’art de faire du rosé
Certaines personnes osent affirmer que le rosé ce n’est pas du vrai vin. C’est pourtant parfois le plus difficile à élaborer, peut-être pas le plus complexe, mais le plus ingrat à vinifier. En fait, excepté en Champagne où l’on a encore le droit de procéder ainsi, le rosé est tout sauf un mélange de rouge et de blanc. Plusieurs techniques existent. En deux mots, disons que la première consiste à laisser macérer le jus avec ses peaux colorées jusqu’à la couleur désirée, assez intense habituellement. On ouvre alors les robinets; il s’agit d’un rosé de saignée. La seconde fait intervenir le pressoir dès le début du processus. Les baies (rouges, bleues ou noires) sont pressées doucement et le jus en coulant se colore au contact des peaux, ce qui en fait un vin plus clair; il s’agit d’un rosé de pressurage direct, appelé parfois vin gris. Quant à ceux qui pensent que l’on peut se procurer de bons rosés qu’en été, profitez en justement pour faire une réserve de flacons que vous servirez en automne et en hiver. N’ayez crainte, quelques mois plus tard, le vin sera encore très bon, et il vous apportera en prime un rayon de soleil teinté de méditerranée. Le rosé n’a jamais été si populaire, diversifié et plutôt bien fait. Alors, profitons-en!

Parler du rosé
Puisqu’il existe plusieurs façons d’élaborer le rosé et que la gamme de cépages utilisés est assez large, nous sommes plus dans la nuance et les reflets. En fait, même si la tendance est aux rosés pâles, c’est le plus souvent une question de goût personnel, du rosé clair au plus foncé. Ensuite, c’est le plaisir d’observer ses plus jolies tonalités, et elles sont nombreuses : abricot, melon, groseille, brique, chair, corail, saumon, marbre rose, pelure d’oignon, et même œil de perdrix… Pour ce qui est des arômes, les fruits rouges sont presque incontournables : fraise, framboise, groseille. Mais des parfums de rose se distinguent aussi, tout comme la pêche, le brugnon, la nectarine, le litchi, le fruit de la Passion et la pomme grenade.

Le rosé à table
Ce type de vin n’a jamais été un compromis heureux entre une pièce de bœuf et un filet de sole, mais il reste un très joyeux compagnon de table. Secs, d’une bonne fraîcheur, et servis entre 8 et 10°C, ils feront d’agréables apéritifs et accompagneront des salades, des pizzas margherita, des pâtes alla carbonara, aux légumes ou au pesto, une paella et des oursins, tandis que d’autres se feront un plaisir d’escorter des grillades, des brochettes de porc, sauce teriyaki, et autres charcuteries gourmandes. Et pour voir la vie en rose et chasser la mélancolie, quoi de mieux pour se retrouver qu’un bon crémant d’Alsace ou de Bourgogne, ou un champagne aux reflets d’un rosé invitant ?