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Beaujolais : toutes voiles dehors vers un renouveau du vignoble

(crédit photo : Le Patriote)

Auteur

Pauline
Gonnet

Date

17.02.2017

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L’assemblée générale de l’interprofession du Beaujolais (Inter Beaujolais), regroupant négociants et viticulteurs, constitue le point de départ historique d’une nouvelle vision et d’une nouvelle gestion de l’ensemble des terroirs du Beaujolais. Elle s’est tenue ce mercredi 15 février 2017, et a été la première menée par le nouveau président de l’interprofession, Dominique Piron (photo ci-dessus).

Réaffirmation d’une tactique élaborée depuis plus de six mois, mobilisation des forces vives, passage à l’offensive acté avec une feuille de route précise et planifiée : le Beaujolais dans son ensemble s’est fortement mobilisé hier lors de l’assemblée générale d’Inter Beaujolais, regroupant les filières négoce et viticole, pour se mettre en ordre de marche dans un esprit d’équipe affirmé, avec la ferme intention de se lancer dans la compétition et de conquérir sa part de marché et sa renommée, dont le pivot ne sera plus seulement le Beaujolais Nouveau.

Présente sur tous les fronts, Inter Beaujolais compte bien ne rien laisser au hasard pour renforcer le vignoble, tant sur le plan économique que sur le plan viticole.
Quinze ans de crise et de difficultés ont acculé le Beaujolais à trouver les moyens, à la fois humains et financiers, pour se sortir de cette longue mauvaise passe, qui aura appauvri le vignoble, tant sur les parts de marché perdues, que sur la cohésion de l’ensemble des acteurs, précipitant ainsi la perte de vitesse des appellations beaujolaises.

Le vignoble se situe plus que jamais à un carrefour historique : deux cycles de vie prennent fin, tout (ou presque) est à reconstruire : le premier cycle d’une cinquantaine d’année, apparu avec la naissance du « Beaujolais nouveau », et qui a conduit à une production « facile », orientée sur le fruit et le plaisir immédiat et dominé par un marché de demande ; et un deuxième cycle, plus sociologique, d’environ 150 ans, où les anciennes familles lyonnaises, propriétaires de nombreux domaines beaujolais, se retirent du vignoble après parfois des années d’absence d’entretien, ce qui augure de changements fonciers mouvementés et nombreux.
La mutation dépasse donc le simple cadre viticole et économique : elle est aussi humaine et sociologique.

Nouveau souffle, par une forte valorisation des qualités intrinsèques du vignoble

Qui dit valorisation du vignoble, dit reconnaissance et consolidation de son identité propre, qui ne passera donc pas par un rapprochement avec la Bourgogne.
Jacques Dupont, journaliste spécialisé du magazine « Le Point » et invité à l’assemblée générale, insiste sur la singularité de ce vignoble, qui ne doit pas se perdre dans le tumulte de ses querelles passées, ni céder à la facilité du produit, pas plus qu’à l’appel de la Bourgogne. Il doit au contraire se concentrer sur ses forces, car il en a, et notamment sa polyvalence gastronomique, sans chercher à prendre aux autres certaines qualités qui ne sont pas les premières du Beaujolais.
Le Beaujolais n’est pas et ne sera jamais du Bordeaux, et c’est tant mieux : si le second l’emporte sur le potentiel de garde, le premier peut lui damer le pion sur sa capacité à accompagner un nombre de mets bien supérieure à celle d’un Bordeaux.
C’est également le propos principal du directeur de « Terroir Manager », Jérémy Arnaud, qui accompagne Inter Beaujolais dans sa démarche de renouveau, et notamment sur le secteur commercial : l’univers de la restauration tendance (bars à vins, caves à manger…) constitue la cible numéro 1 pour les années à venir, à mi-chemin entre l’univers du vin plaisir et facile d’accès comme le Beaujolais nouveau, et des vins d’excellence principalement issus des crus, occupant de plus en plus les tables gastronomiques.
Il existe non pas un, mais des Beaujolais : chacun doit (re)conquérir son espace en cultivant sa différence.

Structuration du vignoble et développement de la marque « Beaujolais »

En somme, tous les atouts sont déjà présents, rien n’est à inventer, tout est à restructurer et valoriser.
Le plan régional d’aide au Beaujolais de 5 millions d’euros, voté par la région Auvergne Rhône-Alpes en novembre 2016 et soutenu par d’autres collectivités territoriales, arrive à point nommé pour porter l’ensemble des actions nécessaires.
L’une des premières sera de débloquer des aides aux investissements destinés à limiter les intrants, et ainsi se positionner ainsi sur une viticulture raisonnée et durable sur l’ensemble du territoire.
Des actions de modernisation du matériel seront également entreprises, avec en parallèle le développement d’une offre de formation et de coaching à destination des viticulteurs, afin de les accompagner aussi bien sur un développement commercial que sur le changement de certaines pratiques vinicoles.
Par ailleurs, les 17 200 hectares du Beaujolais seront désormais couverts par un nouveau système anti-grêle, les épisodes grêleux de 2016 ayant durement touché certains vignerons.
La volonté d’augmenter les ventes et de valoriser la marque « Beaujolais » se déclinera par une présence forte sur les salons, le développement de la communication digitale ainsi que de l’œnotourisme, et un repositionnement de l’événement « Instant nouveau » (l’un des rares événements viticoles ayant un rayonnement international) le 3è jeudi de novembre.
La reconquête de la ville de Lyon constitue un objectif fort, notamment avec la présence du vignoble de façon pérenne dans la future cité internationale de la gastronomie, ainsi que par la création au printemps 2018 d’une semaine du Beaujolais.

Le Beaujolais est mort, vive le Beaujolais !