Accueil Bordeaux, veille de Primeurs : « on retrouve le génie bordelais »

Bordeaux, veille de Primeurs : « on retrouve le génie bordelais »

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

22.03.2016

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« On retrouve le génie bordelais » : tels sont les mots de Patrick Bernard, PDG de Millésima, pour qualifier le millésime 2015. C’était ce matin, dans le cadre de la traditionnelle dégustation d’avant-Primeurs se déroulant dans les chais spectaculaires de la maison de négoce.

A une dizaine de jours du coup d’envoi de la campagne des Primeurs à Bordeaux, durant laquelle acheteurs et journalistes du monde entier vont déguster pour la première fois le (si attendu) millésime 2015, la maison de négoce Millésima organisait ce matin, dans ses chais situés quai de Paludate, sa traditionnelle dégustation de printemps. Un rendez-vous immanquable pour le ban et l’arrière-ban de la viticulture girondine, l’occasion pour les propriétaires des grands châteaux de « prendre le pouls » des attentes du négoce mais surtout de re-déguster le millésime qui sera livrable dans quelques mois, le 2014 actuellement en fin d’élevage. Une salutaire « piqûre de rappel » entre les Primeurs de l’année dernière et ceux de cette année, qui permet avant tout de situer ce 2014 dans la hiérarchie des millésimes récents.

Eric Boissenot : « Encore un millésime qu’on redécouvrira sur le tard »

« Ce 2014, c’est un millésime de très grande qualité, mais ce qui est fou c’est que personne ne le dit », explique l’œnologue Eric Boissenot, qui conseille bon nombre de propriétés médocaines. « Le cycle a été très atypique, avec une floraison très regroupée, une véraison tardive, des maturations lentes. On a su rapidement qu’on n’aurait pas des vins végétaux, mais il fallait savoir attendre pour avoir les bonnes maturités. Au final on a de très belles réussites, qui talonnent les plus grands millésimes. Mais curieusement, ce 2014 n’a pas une grosse cote, il n’est pas estimé à sa juste valeur. Tant mieux pour les acheteurs qui pourront faire de bonnes affaires. Encore un millésime qu’on redécouvrira sur le tard ».

Clos Fourtet : « On a de jolies matières, sans tomber dans une grande opulence »

Tony Ballu, régisseur de Clos Fourtet (1er Grand Cru Classé B de Saint-Emilion), ne dit pas autre chose : « comme 2001 et 2004, c’est un millésime qu’on sous-estime un peu au départ, mais qui révèlera tout son potentiel sur la durée. Il y a, c’est certain, des disparités de styles, mais on a de jolies matières, sans tomber dans une grande opulence. Il fallait être très, très sélectif sur la maturité des raisins, c’est pourquoi nous sommes heureux, à Clos Fourtet, d’avoir eu recours au séparateur TriBaie, qui utilise notamment un bain densimétrique pour ne garder que les baies les plus mûres ».

Phélan Ségur : « Un vrai vin de plaisir, gourmand, mûr, charmeur »

Véronique Dausse, directrice générale du château Phélan Ségur à Saint-Estèphe, qualifie pour sa part ce millésime 2014 de « vrai vin de plaisir, gourmand, mûr, charmeur, avec de belles sucrosités. Comme chacun sait, on a été sauvé par le superbe mois de septembre, si bien qu’il fallait attendre pour vendanger. A Phélan, nous avons fini de ramasser nos cabernets le 14 octobre ! Les raisins étaient magnifiques, concentrés… Si bien que nous avons l’une des plus grandes proportions de cabernet de notre histoire dans l’assemblage final, 64%. Le seul bémol est que nous avons eu des rendements encore trop justes, après le difficile 2013. 35 hl/ha, c’est insuffisant pour nous ».

Jean-Michel Laporte : « un excellent rapport qualité-prix »

Jean-Michel Laporte était encore directeur du château La Conseillante à Pomerol lors de cette campagne 2014. Depuis, il est passé « de l’autre côté de la barrière », pour devenir courtier en vin. Ce double regard qu’il porte sur le millésime 2014, « sur le fruit et l’enrobage, pas un monstre de puissance, proche du 2012 mais en plus structuré » lui permet surtout de l’identifier comme « un excellent rapport qualité-prix ».

Patrick Bernard : « 2015 a toutes les cartes en main »

Le prix, parlons-en. A chaque fois qu’un nouveau millésime pointe son nez à Bordeaux, il revient sur toutes les lèvres. Et Patrick Bernard, qui s’apprête à passer le flambeau à son fils Fabrice à la tête de Millésima, n’a pas manqué d’aborder le sujet à la veille des Primeurs 2015 : « ce millésime a toutes les cartes en main, il y a de très beaux vins partout, désaltérants, élégants, équilibrés, longs… On retrouve le génie de Bordeaux. Mais attention. Depuis 2010, toute la filière ne participe pas de manière égale au festin des plus-values. Nous conseillons donc à tous de savoir rester intelligents dans la fixation des prix, afin que chacun puisse avoir un espoir de participer au festin ». Le message du négoce sera-t-il reçu cinq sur cinq par les châteaux ? Réponse dans quelques jours.