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Languedoc : Frédéric Fages, du « cloud » à la vigne

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

20.11.2017

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Après dix ans dans les TIC (Technologies de l’information et de la communication), Frédéric Fages s’est rematérialisé pour devenir vigneron à Aspiran, dans l’Hérault. Sur les vignes familiales, il signe une première cuvée prometteuse, « Le souffle des anges » 2016 rouge, vin sincère, tendu et sur le fruit.

Un second souffle. Au propre comme au figuré. C’est la trajectoire de Frédéric Fages qui à quarante ans, a quitté l’univers du « cloud » ou cloud coumputing (l’informatique en nuage) pour devenir vigneron à Aspiran, dans l’Hérault. Pour l’ancien patron-fondateur de la société alésienne 123presta.com, plateforme spécialisée dans la mise en relation TIC, la reconversion longtemps espérée, s’est imposée en 2015. « Je suis la 4eme génération de vignerons à Aspiran, confie-t-il. Viticulteur, mon père amenait son raisin à la cave coopérative du village. J’avais toujours gardé en tête l’idée de reprendre les vignes familiales, malgré les réticences paternelles. La viticulture, métier dur et peu rémunérateur, avait mauvaise réputation : quand j’étais enfant celui qui allait à la vigne, c’était celui qui ne travaillait pas à l’école. »

Petit Verdot et héritage familial

En 2015, cet interdit social tombe lors du départ en retraite de son père. Le domaine ne sera pas vendu. Frédéric Fages cède sa société à ses actionnaires, prend en fermage 5 hectares d’un vignoble qui en compte 15, ouvre sa cave particulière, en conversion bio dès la création. Et reprend le chemin des vignes, après une formation en viti-œno et en biodynamie au centre œnologique ICV Beaumes de Venise. La suite est une histoire d’héritage, de rigueur et de passion… Il y a d’abord ce nom de domaine, l’Anqueven (à l’an prochain en Occitan), en hommage au grand-père de Frédéric qui adressait chaque année ce vœu à ses proches : « A l’an prochain, si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins ». « Après dix ans à travailler dans le monde de l’immédiateté, je souhaitais que cette dimension du temps apparaisse parce la vigne est un produit vivant, qui dicte sa loi et impose son temps », explique le vigneron. Il y a aussi la parenté avec Olivier Jullien (Mas Jullien), cousin éloigné mais prestigieux des Terrasses du Larzac, qui apportera ses conseils à l’aspirant vigneron. « En 2015 j’ai vinifié ma première vendange chez Olivier, avec lui les échanges sont permanents. » Il y a enfin le choix de l’encépagement planté par le père de Frédéric, quarante ans auparavant : le Petit Verdot, cépage bordelais améliorateur ici assemblé avec la Grenache et la Syrah. Les deux entités rhodaniennes apportent rondeur et fruité à ce « Souffle des anges 2016 rouge », première cuvée éditée à 12 000 bouteilles (18 €), élevée en cuves inox. Au premier nez, l’impression d’un panier de fruits rouges mûrs (cassis, mûre, groseille, etc.) laisse place en bouche à la rondeur (rendements de 30 hectolitres/hectare). Les tanins sont souples, bien fondus. Fraîcheur et belle longueur en fin de bouche pour cette première cuvée 2016 prometteuse. Un vin généreux et droit, sur le fruit, sans bois, sincère à l’image de ce vigneron plein d’allant.