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[Millésime Bio] Bret Brothers, Bio en tandem dans le Mâconnais

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

27.01.2016

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A la tête d’un vignoble familial (La Soufrandière) et d’une activité de négoce, les frères Jean-Philippe et Jean-Guillaume Bret, alias les « Bret Brothers », font partie des figures de proue de la viticulture bio dans le Mâconnais. Rencontre à l’occasion du salon Millésime Bio.

C’est l’histoire de toutes les transmissions, a fortiori dans le monde agricole : les jeunes générations doivent pouvoir se hisser sur les épaules de leurs prédécesseurs pour s’autoriser à voir plus loin. C’est indubitablement le cas des Bret Brothers. Bien que Jules Bret, le grand-père, ait acquis le domaine de La Soufrandière (alors un hectare à Pouilly-Vinzelles) en 1947, il aura fallu attendre l’arrivée aux manettes de la troisième génération, à la fin des années 1990, pour voir le premier millésime intégralement vinifié, élevé et mis en bouteille par la famille Bret. Jusque-là, la production du domaine était vendue en coopérative. Mais Jean-Philippe et Jean-Guillaume, petits-fils de Jules et fils de Jean-Paul Bret, ne l’entendent pas de cette oreille. Lorsque sonne l’heure de revenir au bercail, ils en sont convaincus : non seulement ils veulent faire leur propre vin à 100%, mais ils veulent le faire en bio.

L’évidence du bio

La suite va très vite. « Quand nous avons repris les vignes familiales, nous nous sommes donné trois ans pour tout remettre dans le sens que nous souhaitions. Notre premier millésime était en 2000, nous avons entamé une conversion en bio dès 2003, certifiée en 2006. », explique Jean-Guillaume Bret, présent au salon Millésime Bio. Depuis, La Soufrandière est également passée en biodynamie, certifiée Demeter. « Pour nous qui avons grandi en région parisienne mais venions, enfants, pêcher ici avec notre grand-père, les questions environnementales, et surtout liées à la pollution de l’eau, ont toujours été centrales. La rencontre avec de grands vignerons en bio et biodynamie comme Dominique Lafon, Anne-Claude Leflaive, ou encore Thierry Germain dans la Loire, nous a beaucoup motivés pour aller dans ce sens. »

Entretemps, en 2001, les frères lancent une activité de négoce afin de pouvoir travailler sur un très large éventail de terroirs du Mâconnais. « Cette activité nous permet de valoriser toute la richesse du Mâconnais, en vinifiant des climats très spécifiques », poursuit Jean-Guillaume. « Nous avons la chance d’avoir une géologie complexe, avec des calcaires très anciens, et une zone sud aux sols riches en oxyde de fer, des altitudes de 200 à 450 mètres, une grande proportion de vignes en pleins coteaux. Tout est ici réuni, de la qualité des terroirs à la taille des vignes en arcure, en passant par l’ensoleillement, pour signer de grands blancs de Bourgogne qui ont un profil distinct de ceux de la Côte-d’or, sur une minéralité fine, de la salinité, de belles notes d’agrumes ».

Figures de proue

Aujourd’hui, la production totale des Bret Brothers s’élève à environ 100 000 bouteilles par an, dont 35 000 pour le seul domaine de La Soufrandière. S’agissant de la partie négoce, près de deux tiers des achats de raisins sont en bio, « mais l’idée à terme, est d’étendre les vignes du domaine pour réduire la part du négoce, afin que ce dernier soit 100% bio. Mais en attendant, nous assurons nous-même les prestations à la vigne chez les vignerons auxquels nous achetons du raisin. Cela nous assure un meilleur contrôle sur le produit final, et une vraie traçabilité pour le consommateur, pour qui le vin bio n’est plus une niche ou une mode, mais répond à une vraie attente ».

C’est dans ce même état d’esprit de traçabilité que les Bret Brothers ont toujours souhaité afficher et revendiquer le label Bio, dans une filière ou beaucoup de vignerons se réclament de l’agriculture biologique sans forcément jouer le jeu. « On a assisté ces quinze dernières années à une prise de conscience en Bourgogne« , souligne Jean-Guillaume Bret. « Aujourd’hui dans le Mâconnais on doit être à un peu moins de 10% du vignoble en bio, mais sachant que 70% de la production est assurée en coopérative, il faut saluer le fait que ce sont 10% des 30% restants qui se sont tournés vers le bio. Les lignes bougent, et il faut s’en réjouir. En 2004, nous avions créé un groupe des Artisans Vignerons de Bourgogne du Sud, pour échanger sur des questions techniques. Nous étions quatorze. Douze ans après, nous sommes une trentaine, à 90% en bio, avec des jeunes qui frappent à la porte… »

Dégustation

Mâcon-Chadonnay 2014, Bret Brothers. Un jolie entrée en matière pour se familiariser avec les blancs du Mâconnais, un vin sur la tension et l’équilibre, sans exubérance.

Pouilly-Vinzelles 2014, Domaine de La Soufrandière. Produit avec les plus jeunes vignes du climat historique de la famille, Les Quarts, cette cuvée se signale par ses notes d’herbe fraîchement coupée, une belle fraîcheur sous-tendue par d’élégants amers.

Pouilly-Vinzelles « Les Longeays » 2014, Domaine de La Soufrandière. Sur des terroirs argileux riches en oxyde de fer, ce climat déploie une belle amplitude en bouche, une chair pulpeuse signée par une jolie salinité. Coup de cœur (prix indicatif 26 €).

Pouilly-Vinzelles « Les Quarts » 2014, Domaine de La Soufrandière.
Le terroir historique, argilo-calcaire (Bajocien), 4, 5 ha d’un seul bloc. Le vin est droit, la matière fluide, une colonne vertébrale d’une élégante acidité citronnée, beaucoup de minéralité.

Depuis 2013, les Bret Brothers produisent aussi du rouge en Beaujolais. Un Beaujolais-Villages, « Le Glou de Jeff », petite bombe de fruits très facile ; un Fleurie, « Le Grand Pré » 2014, sur la rondeur et la buvabilité, avec une petite note d »épices ; et un Morgon, « Les Charmes » 2014, très juteux, gourmand, un gamay profond et parfumé.