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[Millésime Bio] Sylvain Loichet : « il y a encore trop peu de vins bio en Bourgogne »

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

25.01.2016

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Installé à Chorey-lès-Beaune mais produisant des vins sur une douzaine d’appellations, Sylvain Loichet est investi dans la viticulture bio depuis son premier millésime, en 2005. Il présente ses vins à Millésime Bio pour la quatrième année consécutive, avec succès : son corton-charlemagne a récolté une médaille d’or au Challenge Millésime Bio.

Bien que sa famille possède des vignes en Bourgogne depuis longtemps, Sylvain Loichet a tout du néo-vigneron. Lorsqu’il se lance dans le métier fin 2004 (après des études au lycée viticole de Beaune et des expériences dans le Bordelais et en Californie), les vignes familiales sont intégralement louées en fermage ou métayage. Il a alors 22 ans, et certainement pas froid aux yeux : non seulement il décide de reprendre ses vignes en propre pour les cultiver lui-même, mais il entend bien les conduire en bio. Il commence avec une superficie de 3, 5 hectares – aujourd’hui passée à 10 hectares par le biais d’acquisitions ou de locations, étendue sur une douzaine d’appellations. Sur ces 10 hectares, tout est certifié bio ou en cours de conversion. « Le bio a tout de suite été une évidence pour moi », explique-t-il. « C’était une conviction personnelle, par souci de laisser un sol propre aux générations futures, de ne pas s’intoxiquer soi-même avec des produits chimiques, de produire des vins propres et sains, en s’efforçant d’atteindre le strict reflet des terroirs que nous avons la chance de travailler ».

Et quels terroirs. Chorey-les-Beaune, Puligny-Montrachet, Meursault, Pernand-Vergelesses, Ladoix, Saint-Aubin, Corton-Charlemagne, Nuits-Saint-Georges, Clos-de-Vougeot… Sylvain Loichet dispose d’une magnifique palette pour dessiner les vins qui lui tiennent à cœur. « Nous avons la chance en Bourgogne d’avoir une multitude d’appellations et de terroirs très différents, avec beaucoup de petites parcelles. Il faut laisser cette mosaïque s’exprimer et rechercher une certaine pureté dans le vin, une digestibilité. Un grand pinot noir comme un grand chardonnay doit être assez délicat pour que l’on ait envie de finir la bouteille ». Pour parvenir à ce résultat, Sylvain Loichet applique une recette simple : des vendanges manuelles « à maturité, toujours », des raisins manipulés avec soin (petites cagettes, travail par gravité, jamais de pompe), des vinifications en cuve avec un minimum d’intervention, et des élevages précis (12 à 18 mois pour les blancs, jusqu’à 24 mois en grand cru pour les rouges, 50% maximum de bois neuf…) Sans oublier, bien sûr, les bienfaits du bio : « si je dois tirer une satisfaction de ces dix dernières années, c’est d’être tout de suite passé en bio. Certains voisins ne le voyaient pas d’un bon œil, et globalement il y a encore trop peu de vins bio en Bourgogne. Il y a des efforts à faire, même si l’on voit de plus en plus de jeunes vignerons y venir. Il faut arrêter de croire que le bio est synonyme de baisse de volumes : j’ai des rendements très bons (40hl/ha en moyenne), des vignes saines qui résistent bien aux pressions même sur les années difficiles. En cela j’ai eu la chance d’être accompagné très tôt par le domaine Chantal Lescure, un modèle qui est en bio depuis longtemps. Leurs conseils ont été précieux ».

Un corton-charlemagne primé au Challenge Millésime Bio

Sur le salon Millésime Bio, auquel il participe pour la quatrième année consécutive (« l’un des seuls salons que l’on fait en France, un formidable lieu de rencontre surtout pour un domaine qui, comme nous, exporte à 90% »), Sylvain Loichet présente huit cuvées. L’une d’entre elles, son corton-charlemagne Grand Cru 2014, a même reçu une médaille d’or dans le cadre du neuvième Challenge Millésime Bio. Une juste récompense pour ce chardonnay ciselé à l’élevage discret, nez subtil de fleur blanche et de thé vert, bouche ample et tendue sur le fruit à chair jaune, les épices, avec une finale fraîche et saline.

Toutes les cuvées dégustées se distinguent par le même profil très délicat, sur la finesse et l’élégance, une évidente recherche de minéralité et de persistance. Mais nous avons particulièrement aimé : le ladoix Premier Cru « Les Gréchons », un jus aiguisé et minéral, sur des notes élégamment citronnées ; le côte-de-nuits-villages « Aux Montagnes » 2014, pinot éclatant sur le fruit noir bien mûr et le poivre, séveux, salivant (une pépite à 15-17 € prix propriété) ; le nuits-saint-georges « Les Grandes Vignes » 2013 plus pulpeux et charnu, presque tabac blond au nez derrière le cassis et la cerise noire.