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[VINISUD] Entretien : Pascal Debon, de la Gascogne à la Provence

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

31.01.2017

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Après avoir racheté le domaine de l’Herré en Côtes-de-Gascogne et deux quintas au Portugal, Pascal Debon (Cap Wine International) s’est intéressé aux rosés de Provence avec l’acquisition du domaine de Cantarelle. Interview.

Comment décide-t-on d’investir dans le vin en venant du monde des télécoms ?
J’ai passé 30 ans dans le monde des télécoms dont 10 ans aux États-Unis à l’époque où tout était possible avec l’ère nouvelle du sans fil. Quand je suis revenu en France en 2005, je voulais continuer à entreprendre, monter un projet et des équipes, et le monde du vin m’attirait, pour le produit, le lien avec la nature et aussi parce que les histoires d’hommes y sont encore plus fortes. Acheter un cru bordelais ne m’intéressait pas ; je me suis plutôt tourné vers un vignoble de qualité, à prix raisonnable et avec un beau potentiel, d’où le choix des Gascons avec deux fondements : la qualité et la vision client. Ce qui m’a amené à racheter dans le Gers le domaine de l’Herré il y a 6 ans qui ne faisait que du vrac. Nous avons beaucoup investi dans la technique, pour la maitrise du froid et de l’oxygène indispensable pour les blancs. Avec 100 ha, 20 000 hl vinifiés et des achats de raisins, nous produisons désormais 2.5 millions de bouteilles de vins frais et aromatiques.

Vous êtes tombé ensuite amoureux du Portugal ?
L’Herré était un achat rationnel, les vins du Douro étaient en effet un achat émotionnel. Les deux quintas, Beira Doura de 10 ha et Quinta Malho de 5-6 ha ne produisent que des rouges. A contrario de la Gascogne, nous avons surtout investi, à la vigne, refait les murets des terrasses, et optimiser l’outil traditionnel . Mais il faut reconnaitre que si tout le monde s’accorde pour dire que le Douro est un terroir d’avenir pour les vins, ils sont plus difficiles à vendre en France.

Il vous manquait donc un rosé d’où l’achat en Provence ?
En fait, j’habite depuis quelques années à Saint-Tropez, dans la partie la plus sauvage du Var, et je cherchais un vignoble avec de l’authenticité, c’est-à-dire un vignoble où l’on peut voir à la qualité des vignes la passion du vigneron. Je l’ai trouvé au domaine de Cantarelle de la famille Dieudonné. Les vignes, au nord de Saint-Maximin, y sont assez jeunes puisqu’elles ont été plantées il y a 15-20 ans par Claude [l’ancien propriétaire du domaine de Régusse] mais on sent qu’il avait conduit son domaine avec soin ; sa fille Elodie qui continuera à s’occuper des vinifications et du domaine voulait un soutien en matière de commercialisation et justifie pleinement notre slogan « La Provence au féminin ». C’est un domaine à 95% rosé, décliné sur plusieurs appellations (principalement Coteaux Varois, mais aussi Côtes-de-Provence, Sainte-Victoire, Coteaux d’Aix, IGP Var) avec une partie négoce en achats de raisins sur pied. Nous voulons en faire un vin de référence en Provence. Et après, je chercherai un rouge français, peut-être côté rhodanien…