Mardi 30 Septembre 2025
©Nicole Gevrey/BIVC
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30.09.2025
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Les vendanges sont terminées, place à la vinification. Alors que vaut le millésime 2025 ? Précoce, marqué par la chaleur, sauvignon blanc et pinot noir renouent avec les profils appréciés de 2020. Le scénario inédit de 2024, marqué par une telle humidité qu’une partie de la vendange avait été compromise, en dépit des efforts de toute la profession pour contenir la pression des maladies, ne s’est pas répété, accordant un millésime de répit aux vignerons de Centre-Loire.
Le phénomène, sans doute imputable au réchauffement climatique, s’observe année après année, la date des vendanges avance. Depuis une décennie, il n’est plus exceptionnel de commencer les vendanges au mois d’août. Désormais, les appellations du Centre-Loire : Pouilly-Fumé, Sancerre, Menetou-Salon, Reuilly, Quincy, etc., composent avec cette précocité et les effets de la chaleur ; stress hydrique et échaudage sont surveillés. Néanmoins, les années précoces, comparables à celle écoulée, sont préférables à l’incident climatique de 2024 où des intempéries sans précédent avaient été ravageuses.
Finalement, la chaleur de 2025 apporte un répit bienvenu comme le souligne François Bouteille, directeur du BIVC (Bureau Interprofessionnel des Vins du Centre-Loire) : « sur le plan cultural, 2025 a représenté un millésime simple à gérer, épargné du mildiou et de l’oïdium avec même une fenêtre météo favorable pendant le pic d’activité des vendanges. Le parcours du combattant est derrière nous et nous pouvons espérer des vins au profil comparable à ce que nous avions produit en 2020. »
Avec un premier ban de vendange le 22 août pour les pinots gris de Reuilly, traditionnellement les plus précoces, au 1ᵉʳ septembre, les vendanges battaient leur plein dans toutes les appellations de la région. De fait, « tous les stades végétatifs ont été précoces, insiste Fabrice Doucet, directeur et œnologue-conseil au SICAVAC. La période de maturation se fait sur des températures plus élevées au lieu de se faire plus tardivement au mois de septembre. Cela accentue la précocité des vendanges. »
Le seul incident climatique à déplorer est intervenu le 23 juillet lorsque la grêle a déferlé sur les vignes de l’appellation Sancerre. En tout, 20 % de l’appellation a été touché, dans des proportions variables, ainsi qu’une partie des Coteaux-du-giennois. Pour le reste, sur les 6 200 hectares de vignes que comptent les appellations de la région, le résultat est très homogène.
S’il y a une différence de maturation, elle se détecte entre les différents cépages. Sauvignon blanc et pinot noir, les principaux, n’ont pas eu la même évolution. « Paradoxalement, si le pinot noir a été en avance pendant toute la période, de 3-4 jours par rapport au sauvignon, voire presque une semaine au moment de la floraison, nous l’avons récolté qu’en fin de vendanges parce que la maturité phénolique a été plus longue à obtenir » explique Fabrice Doucet. Pour obtenir une belle qualité, a fortiori lorsque la canicule frappe, il faut faire des choix différenciés en fonction des cépages.
« Nous commençons à faire des contrôles maturité à partir de la mi-août. Nous savions donc déjà que nous n’obtiendrions pas des acidités exceptionnelles sur les sauvignons blancs. Pendant les grosses canicules, l’acide malique est dégradé, utilisé par le raisin comme source d’énergie. En fin de campagne, nous avons constaté une concentration d’acide tartrique importante, une des plus élevées que nous ayons eue. Avec des teneurs en potassium faibles, on obtient un ph finalement assez bas et donc de la fraîcheur. » Aussi, les moûts ne se distinguent pas par un bouquet prononcé, en revanche, ils font preuve d’une netteté aromatique de bon augure : « on est sur les fruits blancs, les fruits jaunes, un peu de marmelade, mais toujours de la fraîcheur ».
Sur les appellations qui produisent des rouges : Sancerre, Menetou-Salon, Reuilly, Coteaux-du-giennois et même Châteaumeillant (bien que le vin, dans cette dernière, soit issu principalement de gamay), il y a une unanimité sur la qualité. Pour les pinots noirs, majoritaires donc, la maturation phénolique a été particulièrement longue, ce qui explique qu’on les ramasse après les sauvignons blancs. La période caniculaire d’août a favorisé la synthèse de matière colorante tout en accélérant la maturité technologique. Heureusement, les sucres et les acides ont été préservés, avec un décalage contenu entre les deux phénomènes. On se dirige donc vers un « millésime exceptionnel pour les rouges » s’enthousiasme François Bouteille.
Seul nuage dans ce ciel radieux, les quantités récoltées sont relativement faibles. « Le poids des baies est le plus faible qu’on ait jamais enregistré. La pluie de la fin août a fait certes grossir les baies, mais pas suffisamment pour combler le retard. » explique Fabrice Doucet. Les volumes sont en retrait de 10 à 15 %. François Bouteille tempère cependant la situation : « Les quantités sont satisfaisantes et permettront de satisfaire la demande. »
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