Lundi 29 Décembre 2025
©ChâteaulaBaronne
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Date
29.12.2025
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Durement touché par les incendies de l’été dernier, ce domaine des Corbières commence à panser ses plaies après avoir fait le bilan de cette catastrophe. Anne et Jean Lignères, les propriétaires, s’avèrent plus que jamais combattifs et sont déjà tournés vers l’après.
C’était il y a 5 mois et personne n’a oublié le démarrage de cette série d’incendies terrifiants qui ont fait des ravages dans le massif des Corbières. Un mois avant le giga feu qui a détruit 17 000 hectares, le feu dévastait déjà une partie des vignes du château la Baronne, notamment en pied de coteaux de la montagne d’Alaric. « Heureusement, nous avons une chance incroyable, celle que la pluie tombe en abondance tout juste une semaine après » renchérit Anne Lignères. En effet, « ce sont 60mm, très rares à cette période, qui ont permis de sauver les vignes qui n’auraient pas réussi à se défendre de la même manière avec de la sécheresse et de la chaleur ». Grâce à cette intervention du ciel, les vignes ont pu repartir et faire du raisin. Pour autant, le bilan en ce mois de décembre demeure cruel. Entre les vignes qui ont été totalement brûlées ou échaudées, ainsi que celles qui ont reçu des produits retardants largués par les canadairs, ce sont 27 des 100 hectares du domaine qui ont été directement impactés, notamment les zones qui avaient les meilleurs rendements. Cela ne s’arrête pas là, comme l’explique Anne. « En dehors de ces parcelles, nous avons lancé de nombreuses analyses pour pouvoir identifier les vignes touchées par le goût de fumée. Ce sont près de 13 hectares supplémentaires qui sont concernés, portant à 42 hectares la surface qui n’a pas donné de vin cette année. En termes de volume, 2025 équivaut ainsi à 1/3 d’une récolte habituelle. Mais tout ce qui sera commercialisé ne présentera absolument aucun stigmate des incendies ».

Dès les premiers jours après le sinistre, Anne et Jean ont été incroyablement surpris par l’immense vague de solidarité qui est arrivée jusqu’à eux. « Nous avons reçu énormément de témoignages de soutien de la part d’amis, de professionnels que nous ne connaissions parfois même pas, comme ces vignerons champenois qui nous ont adressé un mot adorable accompagné d’un magnum de champagne » témoigne Anne. De quoi reprendre espoir et se tourner vers l’avenir.
Au printemps prochain, le débourrement des vignes fera office de juge de paix pour savoir s’il faut qu’elles soient arrachées ou non. « A priori, nous estimons que 6 à 7 hectares ne pourront être sauvés et devront être replantés » précise Jean. Il s’agit de vignes de rolle, de syrah mais aussi de cinsault, de grenache et de mourvèdre. Si d’autres vignes les remplaceront en partie, les parcelles seront toutefois recréées en deux îlots distincts séparés par des haies plus larges, tant pour améliorer la biodiversité que pour jouer un rôle plus efficace de pare-feu. En complément, une diversification sera mise en place pour renforcer la polyculture déjà mise en œuvre au domaine. « Nous allons planter des arganiers, des caroubiers mais aussi des pistachiers car ces derniers ont aussi brûlé » s’enthousiasme Anne qui conclut de manière positive « nous tenons bon ».
La meilleure façon de soutenir ces sinistrés et tous leurs voisins vignerons touchés, c’est évidemment de redécouvrir leurs vins. Ceux du château la Baronne sont identitaires, emprunts d’une très grande énergie et d’une fraîcheur typique, en particulier les cuvées « le grenache gris de Jean », « juste le rouge » ou bien encore « en montant l’Alaric ».


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