Accueil Agroécologie au château Haut-Bages Libéral : « un défi colossal »

Agroécologie au château Haut-Bages Libéral : « un défi colossal »

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

14.07.2021

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Ce lundi 12 juillet s’est tenue au Château Haut-Bages Libéral (5ème grand cru classé 1855, Pauillac) une conférence autour de l’agronome Konrad Schreiber sur l’agroécologie.

Le choix du lieu n’est pas un hasard. Propriété de Claire Villars-Lurton, ce Grand Cru Classé 1855 de Pauillac est conduit en biodynamie et la maîtresse des lieux ne cesse de se remettre en cause pour aller explorer les champs du développement durable et de l’agriculture dite de conservation. « La biodynamie n’est pas un but mais une étape pour aller plus loin, il faut tendre vers la viticulture la plus vertueuse possible », a-t-elle expliqué en préambule.

En ce sens, l’agronome Konrad Schreiber, via l’association La Belle Vigne, est venu expliquer les contours de l’agroécologie. Ainsi, du travail des sols à la biodiversité en passant par la taille, Konrad Schreiber et son équipe passent tout à la loupe. Prenant pour exemple la taille, l’agronome est critique. « La quasi-totalité de la taille est mal faite dans les vignobles, par manque d’observation on fait aussi du rognage qui provoque du stress oxydatif, les maladies arrivent et on explique que c’est à cause de la météo », souligne le chercheur. Le grand dossier est la couverture des sols, ce que Schreiber appelle « la maison du sol vivant ».

L’association La Belle Vigne souhaite capter toutes les recherches possibles, du bio à la viticulture conventionnelle en passant par la biodynamie, pour constituer un amas de connaissances censé répondre aux problèmes et redonner la place au vivant. « Le défi est colossal », reconnaît Konrad Schreiber.

Une remise en cause de la monoculture

L’agroforestier Alain Canet s’est longuement arrêté sur le retour des arbres dans les vignobles comme une image d’Epinal de notre enfance. Les arbres doivent revenir ! « L’arbre est un outil de production, l’arbre va protéger, hydrater un milieu sec, éponger un milieu humide, à partir de ce retour, la vigne va produire de la biodiversité, c’est le moteur de la productivité en viticulture », explique-t-il. Cet après-midi de juillet, sous un ciel incertain pauillacais mais bourré d’optimisme, ont été évoqués l’idée de paysage vivant, de paysage prospère, de stockage de carbone, etc. Gonzague Lurton, époux de Claire Villars et propriétaire du Château Durfort-Vivens à Margaux, a aussi fait part de son expérience. « La biodynamie nous a apporté beaucoup, une typicité est revenue dans les vins, ce fut aussi une école du partage et c’est ce partage qui est le moteur de cette association La Belle Vigne », a-t-il souligné.

Derrière cette conférence, à laquelle Xavier Planty (co-propriétaire du Château Guiraud) a aussi participé, on sent poindre dans l’univers des grands crus une réelle remise en cause de la monoculture intensive d’hier pour une agroécologie de demain avec une application annuelle de compost liquide, une diminution des labours, un enherbement naturel et même une diminution des utilisations de cuivre. Les temps changent et les vins se bonifient.

Le château Haut-Bages Libéral a récemment remporté le Grand Prix d’Or dans la catégorie “Pédagogie et valorisation de l’environnement” des Trophées de l’Œnotourisme.