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Château Angélus, la verticale

bouteille de château angélus

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

27.10.2025

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Dans la galaxie des grands vins de Bordeaux, il est des noms qui résonnent plus fort que d’autres. C’est le cas de Château Angélus, propriété de la famille De Boüard de Laforest, dont le patronyme est intimement lié au vignoble de Saint-Émilion depuis 1782. Une histoire de passion écrite sur huit générations, dont ces quelques millésimes sont l’illustration.

2012

Année de la reconnaissance d’Angélus au rang de Premier Grand Cru Classé A. Un nez d’eucalyptus et de tabac blond, d’épice douce. Un joli velouté s’annonce sur la crème de myrtille. Note moka, chocolat au lait, confiture de fraises, c’est assez voluptueux, finement grillé. L’allure du vin se construit sur des tanins fermes, mais élégants, qui confèrent à la matière une certaine droiture. On discerne une très légère note torréfiée sur la finale, avec une touche de chocolat à la menthe et de grain de café. Un vin d’une belle présence en bouche, qui se présente aujourd’hui en souplesse et en buvabilité.
620 à 660 €
96/100

2014

Un nez sérieux, profond, assez dense, presque fumé, très légèrement viandé. On discerne là aussi une empreinte de l’élevage qui se signale sur le toasté, le vanillé discret. En bouche, on relève tout d’abord une certaine structure, une corpulence tannique légèrement stricte. La matière est robuste, assez campée sur ses appuis, portée par des tanins qui ont peu d’angles, qui donnent au vin ses épaules et son côté rigoureux, légèrement austère, mais à l’indéniable profil bordelais. La finale réglissée, signée par un fin coulis de framboises, vient apporter de la relance au vin.
370 à 420 €
95/100

2016

L’année où Stéphanie de Boüard-Rivoal, après quelques années d’intégration en douceur à la direction d’Angélus, prend officiellement les rênes de la propriété et impulse sa vision stylistique. Porté par un millésime qui place les curseurs très haut, Angélus gagne en finesse, en précision, en fraîcheur, en pureté, sans renier le velouté et la sensualité qui composent son ADN. Plein d’éclat, de race, mariant une chair pleine et énergique avec une texture ciselée, ce 2016 est un vin de grand style, taillé pour une garde qui se comptera en décennies.
430 à 480 €
98/100

2017

Un nez assez crémeux, déclinant une palette aromatique pleine de charme et de floralité, entre la cerise noire et l’iris, où affleure même la graine de coriandre. La bouche se révèle plutôt cintrée, arborant un profil digeste. Elle n’a pas l’étoffe d’un millésime solaire, mais se montre élancée et épurée. Les tanins sont feutrés, ils s’invitent délicatement en soutien, ne mordent pas la chair, mais apportent ce qu’il faut de grip, de relance et de caractère à la finale, laquelle vient se resserrer sur de très fins amers. C’est une interprétation en finesse d’un millésime où il fallait passer entre les griffes du gel.
370 à 420 €
96/100

2018

Nez pulpeux, onctueux, une explosion de fruit intense et sensuelle, très voluptueuse et profonde. On aime ce velouté, qui traduit indéniablement le profil solaire du millésime, imprimant un côté moka, gelée de mûres, et un crémeux très sexy. La bouche confirme, c’est la définition même de la séduction et de la sensualité. Un charnu souverain, un élevage très finement toasté qui vient apporter un supplément de gourmandise, des tanins parfaitement intégrés à la matière, ce 2018 est d’une remarquable définition, onctueuse, pleine, avec des hanches et du fond. Un Angélus « de compétition ».
410 à 460 €
98/100

2019

Angélus ne cesse de gagner en précision, notamment dans son usage des foudres pour l’élevage. Ce 2019 s’annonce comme un vin d’orfèvre. Une fine note maritime vient rehausser le fruit à parfaite maturité. La framboise tutoie la myrtille, on discerne un supplément de vitalité, de percussion et de verticalité. La bouche est splendide de définition haute couture, tout est en place, aucun accroc, avec une dimension électrique dans le toucher des tanins. Ce vin arbore une élégance de dandy, qui ne sacrifie pas la puissance à la délicatesse, se concluant sur une finale salivante, énergique, séveuse. Du grand art.
400 à 450 €
98/100

2020

60 % merlot et 40 % cabernet franc, l’assemblage « rêvé » à Angélus. Profond, ample, vertical, bref, taillé en trois dimensions, il se révèle à la fois enveloppant et tonique, mûr et frais, énergique et apaisé. On lui trouve une dimension séveuse, saignante, très juteuse, qui signe le cabernet franc, avec une touche de menthol, une couche poudrée de graphite sur la langue. La dimension tannique est impériale, parfaitement intégrée à la chair, toujours en soutien : elle apporte allonge, complexité et conclut le vin en corolle. La finale est électrisante, revigorante : c’est Michael Jordan qui met un dunk.
390 à 440 €
99/100

2021

On retrouve un millésime plus frais dont on salue le profil fruité, plein d’allant. C’est « un ovni » marqué par ses 60 % de cabernet franc (le solde en merlot). Il se montre plein d’éclat, arbore une belle mâche, qui se déploie en bouche avec un côté très juteux, gourmand, une relance de la chair et des tanins qui ont juste ce qu’il faut de mordant. Le tout est souligné par une arête acide salivante, très croquante, mais qui vient donner du tonus au vin, lui apporter un côté canaille et pirate. Une histoire à part dans la verticale, pour une facette plus inattendue de Château Angélus, mais non sans finesse.
360 à 410 €
97/100

Cette verticale est issue du magazine « Terre de Vins » n°108, « Bordeaux 2024, un millésime de combat », paru en juin 2025.