Accueil Côtes de Bourg : vers une obligation de certification environnementale

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

26.02.2020

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L’appellation bordelaise des Côtes-de-Bourg souhaite intégrer à son cahier des charges l’obligation de certification HVE (Haute Valeur Environnementale) d’ici 2025. Elle vient, par ailleurs, de finaliser son travail sur le cépage malbec.

« Nous tenons à accompagner les opérateurs dans la démarche HVE 3 pour accélérer le rythme et nous avons déjà obtenu avec l’aide de la région Nouvelle Aquitaine que l’ODG soit l’organisme intermédiaire pour valider les exploitations; Nous nous sommes engagés à en valider un minimum d’une cinquantaine dès 2021 mais on devrait dépasser l’objectif », annonce le directeur des Côtes-de-Bourg Didier Gontier. Le syndicat propose d’ores et déjà plusieurs sessions de formation sur deux jours aux vignerons, 290 pour l’AOC dont 80 coopérateurs répartis dans quatre structures (Tutiac, Alliance Bourg, La Cave Coopérative du Bourgeais et Châteaux Solidaires). Les coopératives qui produisent environ un quart des volumes de l’appellation devraient d’ailleurs être certifiées d’ici 2021 pour tous leurs adhérents. L’ODG, avec l’aide d’un technicien dédié embauché il y a deux ans, réalise l’audit des exploitations engagées en partenariat avec l’Afnor qui contrôlera ensuite de façon aléatoire entre 5 et 10 exploitations.

Un questionnaire obligatoire avait été envoyé cet automne avec la déclaration de récolte pour obtenir un état des lieux environnemental de l’appellation : 70% des 3500 hectares sont déjà certifiés dans une démarche environnementales (contre 50% il y a un an) et la moitié des 30% restant sont en conversion. 22% des exploitations sont en bio (soit 24 structures sur 306 ha), 13 en conversion. Actuellement, les Côtes de Bourg comptent 42 structures en HVE pour 1419 hectares, 31 sont en conversion pour 971 hectares supplémentaires.

Les démarches d’intégration de la HVE dans le cahier des charges ont d’ores et déjà été entamées auprès de l’Inao qui a mis en place une commission d’intégration des démarches environnementales dans les cahiers des charges. « Avec ce levier, nous allons être la première appellation dans le Bordelais à être certifiée » se réjouit Didier Gontier. « C’est la suite logique de l’évolution des pratiques dans la continuité de notre engagement sur les mesures agro-environnementales et dans le SME, Système de Management Environnemental. A terme, pas de HVE, pas d’agrément ».

Les nouveaux clones de malbec sont arrivés

Autre actualité des Côtes-de-Bourg sur la rive droite de la Dordogne et de la Garonne, l’aboutissement du travail sur le malbec entamé depuis 30 ans. Ce cépage historique de l’appellation, uniquement en rouge, avait été abandonné dans les années 70-80 ; il fait un retour en force. « Nous sommes déjà repassés de 5% des surfaces il y a 15 ans à 10% pour avoisiner les 400 hectares et nous arrivons à la fin de l’expérimentation », explique Didier Gontier.

Après une période d’essai avec sélections massales en fonction des rendements et la multiplication en collaboration avec les pépinières Mercier, des micro-vinfications ont été réalisées sur trois millésimes consécutifs issus des meilleurs clones pour affiner l’adéquation terroir-porte greffes – cépage – clone. Au final, deux clones ont été sélectionnés, un argentin et un vieux clone de Côtes-de-Bourg, à partir d’une centaine de variétés. « Ils sont en cours de multiplication ce qui va permettre de revenir sur le marché avec de nouveaux outils plus qualitatifs et résistant mieux au réchauffement climatique. Les cuvées déjà élaborées à partir de malbec, en fort pourcentage dans l’assemblage et même en mono-cépage puisqu’il fait partie des cépages principaux, sont bien valorisées avec un bon retour des cavistes ». L’appellation bordelaise qui compte déjà le plus de superficie plantée en « côt de bourg », l’autre nom du malbec, entend donc davantage communiquer sur ce cépage. Cahors dont il est le cépage phare sera d’ailleurs l’invité d’honneur des dégustations de millésime en mars. Elle va également entamer une réflexion similaire sur deux cépages secondaires, le petit verdot et le carménère.