[Escapade Corbières] Château Lalis

Avec une aire d’appellation de 44 000 hectares, dont 11 500 plantés en vigne, les Corbières sont AOC depuis 1985. Identités et culture de la vigne sur le temps long ont mené à une identification de terroirs précoce, aujourd’hui en quête de reconnaissance officielle de crus communaux. On parlera en réalité de « dénomination géographique complémentaire » (DGC). 4 DGC sont actuellement en cours de reconnaissance : Corbières-Durban, Corbières-Maritimes, Terrasses-de-Lézignan, Terrasses-de-Lagrasse. Présentation à travers six domaines qui nous ont ouvert leurs portes pour une Escapade tirée de notre hors-série Sud.

Épisode 4/6 : Château Lalis

Terrasses-de-Lagrasse : la fraîcheur d’un terroir tardif
Philippe Estrade, du château Lalis, reconnaît la difficulté du métier de vigneron à Lagrasse, mais il en tire une absolue fierté : « Les petites parcelles sont plus riches en gibier qu’en fruits, les vignerons plus riches en espoir qu’en or, les sols plus riches en roche qu’en terre, et tout s’associe dans de magnifiques vins… Le terroir de Lagrasse est peut-être le vignoble méditerranéen le plus tardif de France. Là, les raisins de cépages méridionaux peuvent attendre les fraîches nuits de la fin de septembre ou du début d’octobre pour être récoltés. Cette petite région viticole est animée par un collectif uni de vignerons très variés : coopérateurs, vigneronnes bio, grandes maisons de négoce, vignerons artisans, vignerons indépendants, viticulteurs en biodynamie, grands groupes fonciers qui viennent investir ce terroir discret au potentiel touristique, viticole et humain énorme… »
Autour d’Hervé Leferrer, référent terroir du projet, ancien régisseur de la Romanée-Conti, installé à Lagrasse au domaine du Grand Crès, une quinzaine de vignerons et les deux coopératives de la zone (Terre d’expression et Terroirs du vertige) ont présenté leurs cuvées en juillet dernier pour une dégustation qui a permis de mettre en lumière un profil aromatique commun. La syrah jouit pleinement de la maturation lente autorisée par ce terroir tardif aux fortes amplitudes jour-nuit en fin d’été. La précision de sa définition aromatique est confondante avec un fruit rouge et noir croquant, des notes épicées très nettes, une concentration remarquable et une fraîcheur persistante.
À constater – pour ne citer qu’elles – en dégustant les cuvées du château Lalis : Les Petits Moulins (10,50 €) et La Mondaine (14 €), toutes deux sur une dominante de syrah. La première sans bois pour un fruit radieux à marier avec un plateau canaille de charcuteries du pays ; la seconde, élevée quatorze mois en barriques pour un ensemble complexe, pour des aiguillettes de canard aux griottes. Déguster également la superbe Cuvée Majeure du domaine du Grand Crès (90 % syrah, 10 % grenache, 18 €), à la trame tannique aussi serrée que délicate, extrêmement élégante et nette à servir sur une terrine de foie gras aux cèpes.
11220 Ribaute
04 68 43 19 50 – Site internet

Épisode 1 : Château Gléon
Épisode 2 : Château Montfin
Épisode 3 : Château Étang des Colombes