[Escapade Montagne Saint-Émilion] Maison Blanche, l’atypique

Plus haut et plus étendu des satellites de Saint-Émilion, l’appellation de la rive droite de Bordeaux – perchée sur le point culminant du Libournais à 114 mètres d’altitude – affirme et confirme, à la veille du centenaire de sa reconnaissance en 2022, son statut de pépite aux excellents rapports qualité-prix. Découverte en 6 étapes, extraites du Terre de vins n°66.

Épisode 6 : Maison Blanche

L’atypique
Catogan, verve inimitable et envie viscérale de faire partager sa quête absolue de naturel, Nicolas Despagne dénote dans l’univers bordelais. Dans son « petit coin de paradis », acquis au carrefour des appellations du Libournais par son grand-père en 1938, il prend soin de la biodiversité comme d’un joyau, avec la conviction que « c’est grâce à la mixité que la vie prospère ». Sur ses 40 hectares, les très vieux ceps de cabernet franc et merlot côtoient ainsi en harmonie les autres espèces végétales et animales, dans l’esprit d’une véritable ferme. Débutée dans les années 2000, la démarche environnementale a mené à la suppression totale des molécules de synthèse dans les vignes depuis 2006, et a été couronnée par l’obtention du label bio en 2009, bio-cohérence en 2011 et Demeter en 2013. Rendements agronomiques de 30-35 hl/ha, doubles fermentations naturelles, élevages sans artifices ni climatisation, vins embouteillés sans stérilisation, pasteurisation, filtration ou collage… Le minimalisme est la règle, tout comme la transparence, à l’honneur lors des visites sur rendez-vous souvent orchestrées par le maître des lieux en personne. « J’explique tout du début à la fin, surtout ce que je ne fais pas. Je veux que le consommateur soit informé que le vin est à la base un produit 100 % naturel, et qu’il n’y a pas de raison d’ajouter des tonnes de produits chimiques à l’intérieur, dangereux pour la nature et les hommes. » Nés de ces préceptes, ses vins ciselés, au fruit pur et à la grande buvabilité, faisant rimer naturalité avec garde, ont su convaincre jusqu’aux plus fins palais, intégrant même la carte du très prisé parisien Plaza Athénée. Issu des vieilles vignes des hauts versants vendangées à la main, le grand vin Maison Blanche, à dominante de cabernet depuis 2017, élevé plus de 24 mois dès 2018, se dévoile en version classique, avec très peu de sulfites (au tarif d’une vingtaine d’euros), et depuis 2011 en version nature (une trentaine d’euros). À boire fougueux dans les 3-4 ans, ou à attendre sans problème des décennies. Depuis le primeur 2019, Nicolas Despagne propose aussi trois nouvelles microcuvées d’inspiration bourguignonne, parcellaires isolés depuis 2014. Avec pour « modèle ultime » le cru classé de Pauillac Pontet-Canet, le vigneron aimerait « dans l’absolu envoyer les moteurs à la casse pour ne travailler qu’avec des animaux, faire des vins sans électricité et sans plastique… ». Demain lui appartient.
MAISON BLANCHE – 33570 MONTAGNE
05 57 74 62 18 – Site internet

Épisode 1 : Château Franc Baudron
Épisode 2 : Château Croix Beauséjour
Épisode 3 : Château Clos de Boüard
Épisode 4 : Château Roc de Calon
Épisode 5 : Château Coucy