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[Escapade Ventoux] Domaine de Fondrèche, chasser le naturel

Auteur

Marie-Pierre
Delpeuch

Date

03.03.2020

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Un peu à l’étroit sur la carte postale touristique du « géant de Provence », l’appellation Ventoux veut sortir du peloton et démontrer que ses vignerons font des vins pluriels, mais singuliers par leur fraîcheur. Portée par une nouvelle génération décomplexée et ambitieuse, elle dessine son avenir, plutôt prometteur. Confirmation en 6 étapes, extraites du Terre de Vins n°61.

Épisode 2/6 : Domaine de Fondrèche

Chasser le naturel
S’il y a vraiment un vigneron « nature » dans l’appellation Ventoux, c’est bien Sébastien Vincenti ! Loin des clichés qui fleurissent à l’évocation de vins naturels aux qualités gustatives controversées, ses cuvées ont acquis une réputation bien fondée.
À la tête de ses 40 hectares, il a toujours privilégié une culture écologique pour ses vignes. Certifié AB jusqu’en 2015, il a pourtant arrêté le label, refusant de cautionner un système. « Utiliser du cuivre oui, mais avec quel impact sur le sol ? Nous n’utilisons plus de désherbant, nous privilégions par exemple l’enherbement de légumineuses. » Adepte de la biodynamie, il se fie au calendrier lunaire pour la taille et la mise en bouteilles. Mais c’est à la cave qu’il concrétise sa démarche. « En 2018, 100 % des vinifications ont été réalisées sans soufre. Nous avons passé un cap en matière de finesse. Il n’y a plus ce goût de végétal, cette sécheresse. Les vins sont plus fins, plus soyeux, plus harmonieux et prêts tout de suite. Ils ne sont pas plus fragiles pour autant. » Un travail rigoureux, de la vigne à la cave, tout en se permettant de mettre un peu de soufre seulement à la mise en bouteilles si besoin. « Il ne faut pas régresser et ne pas être médiocre. » Preuve en est avec son retour à la certification biologique. Un choix motivé par un projet de charte et de labellisation des vins « nature », impliquant la certification AB des raisins.
L’absence de sulfites n’explique pas à elle seule la qualité des vins produits. Sébastien Vincenti a une démarche alliant terroir, climat et couleur. Il sait que les sols sableux conviendront au rosé, le calcaire au blanc, les silex au rouge. Il replante des cinsaults « qui baissent le degré d’alcool et qui donnent un effet liant, une patine, sans dilution, en enlevant les angles ». Sa cuvée Persilla (19,50 €) blanc 2018, issue de vieilles roussannes, transpire la minéralité. La cuvée N (10,70 €), sans sulfites, combine fruits rouges et arômes floraux. Des vins de plaisir, à l’état pur !

84380 Mazan
04 90 69 61 42 – Site internet

Épisode 1 : Chêne bleu