La CAPL pour sauver la cave de Sablet

La cave des Vignerons du Gravillas à Sablet rejoint la Coopérative Agricole Provence Languedoc (CAPL) dans le cadre d’une fusion-absorption. Un nouveau rebondissement sous les dentelles de Montmirail dans le sud Vaucluse, après de nombreux rapprochements sur le secteur.

La cave sablétaine (84) ne veut pas disparaître. Elle avait rejoint en 2017 le Cercle des Vignerons du Rhône, formé deux ans auparavant par les caves de Rasteau (Ortas) et Visan. Elle bénéficiait ainsi de la chaîne d’embouteillage rastelienne, des chais de stockage et de sa force de vente pour le réseau traditionnel et l’export. Les ventes en GD, représentant les deux tiers des volumes produits chaque année, étaient commercialisés depuis 2003 par la structure de négoce Terranea, dirigée par Serge Cosials et Frédéric Chaulan et dont la cave était également actionnaire minoritaire. Finalement, la GD est confiée en 2019 à VRT (Vignerons de Rasteau et cave de Tain l’Hermitage) qui assure la distribution des vins du Cercle des Vignerons sur ce circuit. « Une histoire d’amour fugace car ils sont finalement revenus chez nous, commente Serge Cosials. Nous avons su développer depuis 15 ans les côtes-du-rhône Sablet qui sont désormais une référence dans les principales enseignes », Carrefour et Intermarché étant les plus gros vendeurs de l’appellation. Terranea commercialise actuellement plus de 90% de vins rhodaniens, notamment les vins de la cave de Saint Désirat dans le Rhône Nord mais également de nombreux partenaires viticulteurs du Rhône sud avec de surcroît une forte activité de conditionnement.

Garder la cave à tout prix

La cave coopérative de Sablet intègre en 2019, dans le cadre du Cercle des Vignerons du Rhône, l’union coopérative Rhonéa dirigée par Pascal Duconget et regroupant également les caves de Vacqueyras (84) et de Beaumes-de-Venise (84). Depuis deux ans, Rhonéa, deuxième groupe coopératif de la vallée du Rhône derrière Cellier des Dauphins, a fait passer ses adhérents dans une autre dimension, à la fois qualitative et environnementale avec des normes plus strictes et une optimisation de la logistique. « Nous disposons déjà de sept sites de vinification et d’embouteillage et il ne nous semblait pas opportun de réinvestir dans celui de Sablet vieillissant, reconnait Pascal Duconget. Mais Sablet ne pensait qu’à maintenir le site ». « Il est vrai que nous sommes très attachés à notre cave qui a été créée en 1935, admet volontiers le président Jean-Michel Reynaud. Rhonéa voulait la fermer et nous tenions à la garder. Il y a bien sûr des investissements à faire pour moderniser le site mais ils ne sont pas insurmontables. Et nous avons beaucoup de jeunes motivés qui prennent la suite de leurs parents. Nous avons donc cherché un investisseur pour conserver la cave « .

Une distribution multiple

La CAPL, présidée par Jacques Hilaire, également président de la cave de Roquemaure (30), est membre du géant coopératif InVivo qui garantit ainsi la solidité financière. Son principal dépôt de produits est déjà basé dans le village mais elle n’a, à ce jour, aucune expérience dans la commercialisation du vin. Par ailleurs, la cave est liée à Terranea jusqu’en 2024. « Lorsque nous avons rencontré la CAPL, ils nous ont assuré qu’il n’y aurait aucun changement », confie Serge Cosials. La cave est par ailleurs en discussion avec Rhonéa qui commercialise actuellement environ 2000 hl sur les 9-10 000 annuels, pour réfléchir à la suite. « Nous ne voulons pas forcément quitter Rhonéa, nous continuerons peut-être à travailler avec eux pour le trad’ et l’export ; c’est en négociation », précise Jean-Michel Reynaud.

Sablet représente à ce jour une cinquantaine d’adhérents et environ 300 hectares de vignes. Elle produit principalement des côtes-du-rhône villages, Sablet mais également Séguret, Plan de Dieu et du Gigondas. Reste à savoir quel est l’avenir de la cave de Sablet dans la CAPL et si cet investisseur providentiel ne souhaitera pas un jour vendre des vins dans les magasins d’engrais et de produits phytosanitaires.