Accueil Vignoble Rouill’Bouc : de la biodynamie au pays du cognac

Vignoble Rouill’Bouc : de la biodynamie au pays du cognac

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

15.05.2020

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Convertie suite à un stage au Château Palmer, l’œnologue Julie Fouassier est revenue dans sa Charente natale pour exploiter un vignoble en biodynamie. Perdue du côté de Condéon, entre Cognac et Aubeterre-sur-Dronne, elle porte son projet avec son cheval Cachou et ses cépages oubliés. Terre de Vins l’a dénichée.

Ce n’est pour l’instant qu’une toute petite histoire qui mesure un hectare. Mais il n’y a pas de petits domaines, il n’y que de grands vignerons. Julie Fouassier est née en 1993. Elle grandit du côté de Condéon, à un coup de fusil de Barbezieux, le pays de Chardonne. La famille fait dans les céréales, du canard gras et des chambres d’hôtes avec sa table. « J’ai baigné dans cette ambiance de passages et dans cet univers agricole, l’immense grange, j’ai l’agriculture dans le sang », raconte Julie avec les yeux qui brillent. De fait, l’adolescente signe au lycée agricole de l’Oisellerie d’Angoulême. Elle y fait un BTS viti-œno avec à la clef un stage en Anjou, dans les Coteaux du Layon, au GAEC Grégoire. Elle enchaine avec une licence de biochimie au Mans et en route pour un diplôme d’œnologie à Montpellier. « Je suis alors attirée par la biodynamie et je suis prise en stage au Château Palmer, c’est une révélation d’autant que je travaille sur le grandiose millésime 2015″, confie-t-elle.

La stagiaire n’est pas à la photocopieuse, la directrice technique Sabrina Pernet lui donne le goût du vin, le goût de ce vin. Tout a une fin, Julie quitte Margaux, obtient son diplôme et un job au Château Grand Boise en Provence. De temps en temps, elle rentre à Condéon pour embrasser ses parents et ses grands-parents. Dans la grange, il y a toujours cette odeur, cette ambiance. Elle monte aussi à l’endroit d’une ancienne parcelle de vignes que le grand-père avait arrachée bien avant sa naissance. Elle respire et cogite. Elle commence à retaper le cabanon à côté de cette parcelle qui porte de nom de Rouill’Bouc. « Je dois revenir, c’est mon histoire », dit-elle. Pour le rêve, elle a son terrain de jeu. Pour la réalité, il faut un poste en lien avec sa qualification. La maison Courvoisier lui ouvre ses portes. Au mois d’avril 2019, elle devient conseillère technique auprès des viticulteurs qui livrent les eaux-de-vie à la prestigieuse maison de Jarnac sous pavillon japonais (Groupe Suntory). Elle s’y sent très bien et concrétise parallèlement son rêve avec des cépages oubliés. Au menu pour le blanc du chauché gris, pour le rouge du castets, du mancin et, moins rare, du petit-verdot. Pour le business modèle, comme on dit en école de commerce, elle a monté un financement participatif via la plateforme Miimosa. Et c’est avec Cachou du Clouzot qu’elle travaille ses jeunes vignes. La première cuvée est pour bientôt mais Julie Fouassier compte aller plus loin : « Le confinement m’a poussé dans mes réflexions, je veux aller vers l’autosuffisance, donc plutôt que d’agrandir à tout prix le vignoble, je préfère miser sur l’élevage de moutons d’Ouessant et la permaculture, je veux mes plantes pour la biodynamie, mon potager, ma vache highlands ». Avant de réussir dans la vie, Julie compte réussir sa vie et ce sera sans aucun doute au final les deux. On peut la suivre sur :
https://www.facebook.com/Rouillbouc/