Mardi 1er Juillet 2025
Photo Frédérique Hermine
Auteur
Date
04.12.2015
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Ils ont été majoritaires dans l’appellation provençale il y a 20 ans mais dans les années 2000, ils ont été submergés par la vague des rosés. Les rouges des Coteaux-d’Aix-en-Provence reprennent de l’assurance, portés principalement par les assemblages syrah/cabernet-sauvignon.
Quand une appellation a un air de Provence dans son nom, on pense spontanément à des vins rosés. Avec 80% de vins dans cette couleur, les Coteaux d’Aix-en-Provence n’échappent pas à la règle mais après avoir favorisé ces 15 dernières années la production de rosés, ils « commencent à faire machine arrière, à contresens des tendances du marché, annonce le président du syndicat Didier Pauriol. Nous voulons garder une image de rouges pour l’appellation, ce que nous sommes historiquement : ils dépassaient 50% de la production dans les années 80 », jusqu’à 65% en 1986. Mais à l’instar de Bandol, le vignoble avait rosi et les rouges ne cessaient de perdre du terrain, 48% en 1991, 25% en 2005, entre 11 et 15% ces dernières années, soit environ 3 millions de bouteilles en 2014. Ils sont désormais bien décidés à reprendre des couleurs, prévoyant d’augmenter leur production avec le millésime 2015, plutôt propice à l’élaboration des rouges, contrairement à 2014, favorable aux rosés.
Ils sont une soixantaine de caves particulières et une douzaine de coopératives sur l’aire d’appellation, 4200 ha influencés par la mer ou le mistral et qui s’étirent sur 47 communes des Bouches du Rhône, deux dans le Var, de la montagne Sainte-Victoire à la Méditerranée, des plaines rhodaniennes à l’étang de Berre. Quasiment tous produisent des rouges, certains domaines sont même majoritaires sur la couleur tels les châteaux de Cavalon, Calissanne, Vignelaure, Revélette, Domaine de la la Brillanne, Château-Bas…
Ticket gagnant syrah/cabernet-sauvignon
Sept cépages noirs sont autorisés dans l’appellation : counoise et cinsault plutôt pour les rosés ; la syrah à hauteur de 20%, en expansion ; le cabernet sauvignon (15%), implanté dans la région depuis une cinquantaine d’années (15%) ; un peu de mourvèdre (1%) qui se replante surtout aux abords de l’étang de Berre ; du carignan qui tend à regagner ses terres languedociennes ; et le grenache, longtemps majoritaire (toujours autour de 45%), « qui entre parfois dans l’assemblage des rouges mais il donne des forts degrés sous ce climat méditerranéen, et on l’utilise de plus en plus pour les rosés haut de gamme », reconnaît Gabriel Giusano (Domaine Pey Blanc). Si le grenache reste l’un des trois cépages principaux avec la syrah et le mouvèdre, « dans les faits, on replante plutôt syrah et cabernet sauvignon, l’assemblage le plus courant dans l’appellation, avoue l’œnologue Olivier Nasles (domaine de Camaïssette) mais l’Inao – et c’est un combat depuis des décennies, a refusé le cabernet sauvignon comme cépage principal car il n’est pas à l’origine méditerranéen. Il est pourtant planté chez nous depuis plus de 50 ans et il donne d’excellents rouges de garde comme l’ont démontrer des pionniers comme Vignelaure ou Trévallon qui a fini par abandonner l’appellation pour cette raison ». On se retrouve donc dans cette grande appellation avec des rouges très hétéroclites à majorité syrah, grenache, cabernet sauvignon ou même mourvèdre comme Calissanne à plus de 90%.
Les rouges, pour la plupart élevés tout ou partie en barriques de chêne, développent des notes de violette, fruits noirs, menthe, réglisse, tabac et épices, et même des notes animales de cuir et de fourrure sur de belles structures avec des tanins présents mais veloutés. A marier sans audace mais sans risque avec la cuisine provençale, carré d’agneau et côte de bœuf grillés, daube ou bœuf bourguignon, magrets de canard, gibiers, ou même une marquise au chocolat.
Notre sélection :
Château Barbebelle Madeleine 2013 (40% grenache, 40% cabernet-sauvignon, 20% syrah) : des petits fruits rouges (framboise, groseille, griottes), une pointe mentholée et épicée, une belle acidité. (7, 20 €)
Domaine Pey Blanc Les Chazelles 2013 (70% syrah, 30% cabernet sauvignon : des petits fruits rouges, de la violette sur une note poivrée et des arômes plus évolués de cuir. Un vin gras et soyeux. (8 €)
Château-Bas Le Temple 2013 (47% cabernet-sauvignon, 23% grenache, 18% mourvèdre, 12% syrah) : En bio. Un concentré de cassis et mûre, très aromatique et belle fraicheur en bouche. (17 €)
Château Calissanne Cuvée Rouge 2012 (90% mourvèdre, 10% syrah) : Des notes de cuir, animales, d’olives noires et de poivre. Structurés aux tanins veloutés. (32 €)
Domaine Camaissette 2011 (50% syrah, 40% cabernet-sauvignon et 10% grenache) : Un nez de griottes et de violette, acidulé. (6 €)
Château Saint Hilaire Prestige 2011 (40% syrah, 30% cabernet-sauvignon et 30% grenache) en conversion bio : des arômes de fruits noirs, d’épices (poivre, clous de girofle), un fin boisé (12, 50 €)
Château Vignelaure 2011 (50% syrah, 50% cabernet-sauvignon) : des arômes de cassis, réglisse, garrigue et cuir. Un boisé et des tanins à fondre. (26 €)
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