Accueil Dégustation Franck Bonville : un (très) bon champagne de vigneron

Franck Bonville : un (très) bon champagne de vigneron

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

25.10.2017

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Cette discrète maison de la prestigieuse côte des blancs ne fait pas beaucoup de bruit mais mais elle propose une gamme de champagne de très grande tenue au budget (encore) abordable.

15, 3, 77, 1… Il ne s’agit pas de la dernière énigme d’un « escape game » autour du Champagne mais bien de nombres clés relatifs aux champagnes Franck Bonville. 15 tout d’abord. Il s’agit du nombre d’hectares que possède l’entreprise familiale, une taille modeste mais qui permet d’établir une gamme très intéressante de cuvées. 3 ensuite. Ce sont les villages dans lesquels se trouvent toutes les vignes. Et attention, pas n’importe lesquels : Avize, Oger et le Mesnil-sur-Oger, tous trois classés en grand cru comme 14 autres villages de Champagne. 77 représente quant à lui le nombre de parcelles différentes exploitées, une mosaïque fascinante donnant des expressions très diverses que l’assemblage va permettre d’unir ensuite. Et enfin 1. Un seul cépage, le chardonnay qui est ici maître en son royaume de la Côte des Blancs. L’histoire pourrait s’arrêter là avec une somme de jolis terroirs mais le travail produit ici est impressionnant et permet de produire des cuvées de très grande classe, dotées d’une finesse superbe et d’identités marquées. C’est peut-être cela qui interpelle le plus chez Franck Bonville : une diversité de nectars créée non pas pour suivre une quelconque tendance mais parce que le terroir permet ici de leur donner du sens…

D’excellents rapports qualité-prix

Olivier Bonville, désormais à la tête de la maison est le représentant de la quatrième génération. Il continue de perpétuer une recherche permanente de qualité qui se traduit par un travail respectueux des sols notamment avec labours et enherbement ainsi que l’absence d’utilisation d’insecticide. Une approche valorisée depuis peu par le classement du domaine en Haute valeur Environnementale. Mais la vérité est dans le verre et celui-ci a beaucoup de choses à raconter. Tout d’abord la finesse de la craie que l’on retrouve comme fil rouge dans toute la gamme. Le brut grand cru (25,10€) supporte parfaitement un dosage à 9g/l qui lui confère beaucoup d’harmonie. L’extra-brut grand cru (32,10€) n’est pour sa part produit que dans les années millésimées (même s’il ne sera revendiqué comme « millésimé » que sur le futur 2012 encore en cave). Une belle maturité de raisin ainsi qu’un vieillissement prolongé permet de n’ajouter que très peu de liqueur d’expédition (2,5g/l) pour conserver toute la puissance du jus initial. Ce vin est sphérique, miellé et doté d’un équilibre impressionnant. Une version parfaitement pensée et maîtrisée de l’extra-brut qui s’accordera avec des plats puissants de fête tels que du homard. De son côté, le millésime 2012 grand cru (31,10€) issu entièrement d’Avize est un enchantement pour le nez et la bouche, oscillant entre pointe fumée, notes noisettées et torréfiées, fleurs le tout porté par de très fins amers absolument admirables. Olivier n’en oublie pas d’adresser un clin d’œil aux aînés avec la cuvée Belles Voyes grand cru (59,90€) née, elle, sur le terroir d’Oger. Les raisins de cette parcelle, la plus ancienne de l’exploitation, sont pressés séparément et entonnés dans des barriques bourguignonnes âgées de 5 à 15 ans pour ne pas marquer le vin avec le boisé. Cela rappelle l’utilisation des foudres par les anciens, pratique qui s’était largement perdue. Une grande bouteille, marquée par un léger côté oxydatif et exhalant des parfums d’orange mûre. Un vin crémeux digne des grandes cuvées champenoises !