Accueil Champagne : Lallier des bonnes tables

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

23.11.2016

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La maison Lallier est une belle réussite en Champagne. Son secret : des bulles parfaitement taillées pour la gastronomie. Et une conjonction de facteurs favorables orchestrés de façon intelligente.

Il est des moments-clé, des hasards favorables mais aussi et surtout des « belles rencontres » dont la vie a le secret. Francis Tribaut en est le premier convaincu, lui qui a hissé le champagne Lallier au rang des jolies marques qui comptent en 12 ans seulement !

Car c’est un hasard heureux qui a poussé cet œnologue-conseil, fils de vigneron champenois, à acquérir en 2004 cette maison qu’il conseillait alors au plan technique. « Lorsque Monsieur Lallier a souhaité vendre, je me suis dit qu’il y avait ici dans ces caves un patrimoine extraordinaire. Mais je n’avais aucun apport financier… alors je m’étais fait une raison, j’avais passé mon chemin ». Et puis les circonstances s’enchaînent : l’acheteur initial se dédit brusquement, une grande banque régionale accepte de soutenir Francis Tribaut, et c’est parti pour l’aventure ! « On a monté le dossier en quelques jours ; lors de la signature, j’ai vraiment eu l’impression de signer un chèque en blanc », sourit le Champenois.

Le deuxième hasard heureux, c’est celui d’une rencontre humaine. « Quand j’ai acheté, Monsieur Lallier m’a dit : venez à Colmar, je vous présenterai notre meilleur client », se souvient Francis Tribaut. Ce fut la rencontre avec Serge Dubs, sommelier à l’Auberge de l’Ill, meilleur sommelier du Monde 1989… et un véritable déclic entre les deux hommes. « Moi j’avais un regard de technicien. Je lui ai demandé s’il ne voulait pas venir à Aÿ lors des assemblages pour m’apporter un peu de sa sensibilité aval. » De cette fructueuse collaboration (le sommelier vient toujours très régulièrement à Aÿ) sont nés des champagnes qui, justement sont plébiscités par la gastronomie. Des champagnes qui se mettent au service du plat : crémeux mais qui laissent les papilles claires ; des saveurs fraîches ; un grain de salinité.

En termes techniques, le champagne Lallier, ce sont des champagnes avec peu de vins de réserve (moins de 20%) pour privilégier la fraîcheur, la gamme R012 en est l’aboutissement. C’est aussi une personnalité marquée par le pinot noir (55-60 %) complétés de chardonnay. C’est encore un levain maison (joue-t-il sur la crémosité ?) C’est enfin et surtout un fort engagement au vignoble, qu’il s’agisse des 15 ha en propriété, ou des 35 ha travaillés/achetés en raisin en collaboration étroite avec les vignerons.

Enfin, dernière pièce favorable au puzzle : une communication inattendue. Dès son lancement, cette marque quasi-inconnue (30 000 bouteilles vendues en 2004) a été encensée par la célèbre critique britannique Jancis Robinson. Dès le début, Lallier séduit par un style à part, bien affirmé. Le bouche-à-oreille se met alors en place, redoutablement efficace dans le milieu de la restauration. Seulement 12 ans plus tard, voici le champagne Lallier devenu une jolie marque (400 000 cols) qui cultive une image spécifique et un réseau de belles tables et cavistes, en France et à l’extérieur de nos frontières (deux bouteilles sur trois).

« Terre de Vins » aime :

Sur la même base d’assemblage, la gamme R012 (80% de raisins de la Récolte 2012) se décline sur 3 niveaux de dosage :
R012 Brut nature (35 €) : agrumes, fines herbes, lime. Un champagne qui cultive l’acidité sans la verdeur. Attaque crémeuse puis bouche nette et grain de salinité en finale.
R012 Brut (33 €) : au premier nez, assez ouvert sur des fruits à noyau (abricot), la fleur blanche. La bouche est très équilibrée, ronde et croquante à la fois. Zeste de citron, lait d’amande et acacia (touche miel) y donnent le la.
R012 Extra dosage (35 €) : voilà un champagne pluri-générationnel et que l’on imagine bien autour d’une belle brioche artisanale. Praline et menthe poivrée y répondent en arômes successifs. Toujours, en finale, un petit grain salin salivant.

Ci-dessous : le sommelier et le vinificateur : Serge Dubs et Francis Tribaut.