Accueil Jean-Nicolas Méo et le Clos Vougeot sans soufre

Auteur

Laurent
Gotti

Date

29.10.2015

Partager

Avec ses Clos Vougeot, Richebourg et Cros Parantoux, le domaine Méo-Camuzet fait partie des « domaines cultes » de la Côte de Nuits. Une assise qui n’empêche pas Jean-Nicolas Méo, son gérant, de se poser des questions et d’explorer la voie du « sans soufre ».

Jovial, didactique, et aussi un peu joueur Jean-Nicolas Méo. Le 22 octobre, le vigneron de Vosne-Romanée (domaine Méo-Camuzet) présentait ses vins du millésime 2014 en cours d’élevage. Après avoir passé en revue une bonne partie de la gamme venait le moment de déguster le fameux Clos Vougeot. Un vin à classer parmi les « mythes » bourguignons. L’histoire familiale raconte qu’en 1920 Etienne Camuzet, alors à la tête du domaine, aurait pu racheter la totalité du fameux Clos (50 hectares). Ses ambitions sont restées plus modestes. Le domaine reste toutefois le deuxième plus important propriétaire de la vigne emblématique des moines de Cîteaux.

Un Clos Vougeot 2014 ? Non, deux. Le premier présentait beaucoup de finesse en bouche et une grande précision aromatique. Le deuxième gagnait en gourmandise en bouche et offrait un caractère épicé (réglisse) s’ajoutant à la complexité du premier. « Quelle est la différence ? » lançait Jean-Nicolas Méo à ses hôtes. Le soufre. La deuxième cuvée a été mise en fût sans en ajouter.

Réflexion, sur le ton humoristique, d’un dégustateur présent dans la cave du domaine : « On peut annoncer que Jean-Nicolas Méo se lance dans le vin naturel ! ». Réponse de l’intéressé : « C’est surtout ce que je voudrais éviter ».

Même si la réduction drastique des intrants fait partie des axes de travail des vignerons qui se posent les bonnes questions, le constat est sans appel : aucun domaine phare de Bourgogne ne se réclame de la mouvance « vin naturel », à l’inverse de ce qui se passe à propos de la bio et la biodynamie. L’usage du soufre, antioxydant et antiseptique, reste le garant d’une bonne conservation du vin durant le voyage ou la conservation des bouteilles. Difficile donc de s’en passer et de prendre le risque de décevoir les amateurs ayant acheté ce grand cru près de 200 euros la bouteille…
Les deux cuvées de Clos Vougeot ne feront certainement plus qu’une au finale. « Elles seront certainement assemblées avant la mise en bouteille… », conclut Jean-Nicolas Méo.