Accueil Le Carillon d’Angélus va résonner plus fort

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

16.07.2019

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Fin de chantier imminente pour le nouveau chai de Carillon d’Angélus, le « petit frère » du Premier Grand Cru Classé ‘A’ de Saint-Émilion. Un projet ambitieux qui devrait accompagner la montée en puissance de Carillon, une cuvée qui s’émancipe de son statut de second vin.

Les dix-huit cuves doubles inox et dix-huit cuves tronconiques inversées (inspirées de La Fleur de Boüard), gravitaires, dédiées à la vinification, sont dans les starting blocks. Le double chai incliné, séparé pour l’élevage de deuxième année d’un côté, les fermentations malolactiques en barriques et l’élevage de première année de l’autre, n’attend plus que la futaille. La future réception vendange, équipée de tri optique n’attend plus que les premiers raisins. L’imposante charpente en bois, dessinée par le cabinet d’architecte Castagnotto à Montagne et rappelant le principe de nef inversée que l’on trouve à Angélus, est rutilante. Tout le monde s’active pour finaliser les travaux afin qu’en août, tout soit fin prêt à recevoir la vendange 2019. Dix-huit mois de travaux et plusieurs années de réflexion arrivent à leur conclusion avec ce nouveau chai de 5500 m2 (trois hectares pour le site entier) situé à Saint-Magne de Castillon. Le Carillon d’Angélus va enfin avoir sa maison « juste pour lui ».

Montée en qualité et en volume

L’idée a germé dans l’esprit de Stéphanie de Boüard-Rivoal dès qu’elle a rejoint la direction de Château Angélus, en 2012 : faire de Carillon d’Angélus bien plus qu’un second vin de l’emblématique Premier Grand Cru Classé familial (entré la même année dans le club très fermé des ‘A’) et, à ce titre, le doter d’installations à même d’accompagner sa montée en qualité, que l’on a pu constater depuis quelques millésimes*. Sa montée en volume, aussi : en quelques années, la superficie dévolue à la production de Carillon (et de N°3, troisième cuvée de la propriété) est passée de 8 à 15 hectares. Autant dire que les anciennes installations réservées à la production des deux vins, jusqu’ici voisines de celles d’Angélus, étaient devenues trop exiguës.

Avec ces installations flambant neuves, Carillon et N°3 – qui a son propre espace de vinification séparé – disposent désormais d’un écrin à la hauteur de leurs ambitions. « Nous avons la volonté de faire franchir à Carillon une nouvelle marche », explique Stéphanie de Boüard-Rivoal, « et l’installer comme un vin à part entière (ce second vin est produit à Angélus depuis 1987, NDLR). C’est un vin fait avec les vignes de la famille, installées sur trois terroirs bien distincts, travaillé avec autant de passion et d’attention qu’Angélus, mais doté de sa propre identité, que nous voulons continuer à affirmer. En se dotant d’un outil de production digne d’un cru classé, dans lequel nous pourrons aller au plus près du parcellaire, vinifier et élever dans de meilleures conditions de confort et de précision, nous souhaitons donner plus de profondeur, plus de structure à Carillon, mais aussi à N°3 qui va lui aussi monter en puissance ». Les deux vins seront désormais produits sous l’appellation Saint-Émilion, emplacement géographique du chai oblige.

Labellisé BREEAM

Ce projet ambitieux a été orchestré prioritairement par Thierry Grenié de Boüard, cousin de Stépghanie de Boüard-Rivoal, qui a intégré la direction d’Angélus en 2016 et s’est entièrement investi dans le chantier. Pour piloter le site après son achèvement, ils ont fait confiance à Benjamin Laforet, Coordinateur technique recherche et développement à Angélus. Ce jeune diplômé de biologie et biochimie, passionné par l’étude du matériel végétal et les enjeux environnementaux, insiste sur les réflexions qui ont entouré la conception de ce chai en matière d’économie d’énergie, de retraitement des eaux, de choix de matériaux. Labellisé BREEAM, méthode d’évaluation du comportement environnemental des bâtiments développée par le Building Research Establishment, équipé de panneaux photovoltaïques le chai de Carillon se veut aussi durable que performant. A nous de juger sur pièces dans quelques mois, au moment de déguster le millésime 2019.

* Note et commentaire 2018 en primeurs : 93-94. Alors qu’Angélus déploie une envergure tout en souplesse, son « petit frère » le Carillon joue un registre plus immédiat et accessible. Fruit croquant, légèrement poivré et épicé, une jolie concentration, tanins raffinés, il y a beaucoup de charme et de digestibilité dans ce second vin très appétissant.