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Maison Monmousseau : toujours tourangelle, fines bulles, encore !

monmousseau crémant de loire

©Briag Courteaux

Auteur

Lucie
de Azcarate

Date

12.05.2025

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Au printemps 2024, la Maison Monmousseau, fondée en 1886 et spécialisée dans les fines bulles, opérait un virage esthétique. Les étiquettes surannées ont été remplacées par de nouveaux habillages plus en phase avec les canons esthétiques contemporains à l’occasion d’une refonte de la gamme. Cette mue interroge sur la continuité du style. Dégustation à l’appui, il s’avère que l’actualisation ne trahit pas l’essentiel de la marque.

La Maison Monmousseau, dans le giron d’Ackerman depuis 2010, a été intégrée à la nouvelle entité "Orchidées Maisons de vin" en 2017. De fait, elle a trouvé toute sa place dans la segmentation du groupe. Tandis qu’Ackerman s’adresse quasi-exclusivement à la GD française avec 90 % de sa production écoulée dans ce circuit (même si l’export tend à croître aujourd’hui), Monmousseau se réserve le secteur traditionnel (Cavistes, hôtels, restaurants), à parts égales entre l’export et le marché intérieur. Une exception persiste dans la grande distribution, avec une exclusivité réservée à Monoprix depuis 2011.

Pour réaffirmer cette orientation, la marque adopte un nouvel habillage en 2024 qui remporte tous les suffrages. D’ordinaire, les évolutions en termes d’habillages sont souvent anecdotiques et c’est sur le temps long qu’on peut évaluer le chemin parcouru. Chez Monmousseau, il y a bien un effet de rupture qui s’apparente à un rattrapage, bienvenu chez les distributeurs comme chez les clients, comme nous le confirme Thomas Capdeville, directeur commercial CHR France : « Cette refonte de la gamme et des habillages est arrivée à point nommé, dans la mesure où la promesse artisanale et de raffinement que nous exprimons sur les étiquettes se retrouve dans le verre. » Que forme et fond concordent, représente sans doute la meilleure formule pour convaincre…

L’essentiel et l’accessoire

Les fines bulles de Loire, notamment l’appellation Crémant de Loire, ont le vent en poupe ces dernières années. Cherchant à profiter de cet engouement et à créer de la valeur en s’affirmant dans le secteur de la gastronomie, la marque s’est recentrée avec une gamme moins étendue. Celle-ci ne comprend que des cuvées élaborées sur la précision pour accompagner une cuisine raffinée.

Pour Thomas Ragot, œnologue et chef de cave, qui a rejoint la maison il y a presque de 20 ans, la philosophie ancestrale de la marque n’a pas varié : « Le style repose sur un cépage emblématique, le chenin, la fraîcheur du fruit et les élevages longs. » À l’origine de cette dernière orientation se trouvent 15 km de caves, d’anciennes carrières creusées dans le tuffeau pour en extraire les pierres qui servirent, entre autres, à édifier les châteaux de Chenonceau et de Cheverny. Ces galeries ménagent la fraîcheur et la pénombre propices au stockage des bouteilles pour un long vieillissement sur lattes, au moins 36 mois pour les blancs de blancs, jusqu’à 60 pour certains millésimés. Alors quand on privilégie les longs vieillissements, il n’est pas étonnant que les nouveautés tardent : « Si la montée en gamme de Monmousseau a pu se faire attendre, notamment du point de vue des distributeurs, c’est que nous avons allongé le temps d’élevage pour l’ensemble de la gamme à partir de 2018 et il faut donc quelques années avant de présenter des vins aboutis, prêts à boire ».

Loin de rogner l’essentiel au profit du marketing, la gamme file la métaphore de l’orfèvrerie pour renouer avec les racines artisanales de la maison. Aujourd’hui, Monmousseau s’approvisionne sur environ 45 ha, et sort près de 400 000 cols/an. Pour chacune des cuvées, y compris les entrées de gamme baptisées « ciselées », les cépages sont vinifiés séparément, seuls les cœurs de presses sont utilisés tout en bloquant, autant que possible, les fermentations malolactiques afin de garder une belle fraîcheur. « Avec 2024, même si nous avons beaucoup perdu en rendements à cause des intempéries, nous avons renoué avec des PH bas, qui rendent moins nécessaires le blocage des malos ». Pour découvrir ce millésime chez Monmousseau, il faudra toutefois être patient !

Des racines en Touraine

S’il y a un fil conducteur qui transcende les époques et persiste même après la récente métamorphose de la maison, c’est la cuvée « Justin Marcel », du nom du neveu du fondateur qui fut très investi dans l’entreprise. C’est à lui notamment que l’on doit les fines bulles. Avant son implication, la Maison Monmousseau vinifiait des vins tranquilles. Aujourd’hui, c’est le millésime 2018 de la cuvées hommage qui est disponible en AOP Touraine et non en Crémant de Loire. Plus confidentielle, l’AOP Touraine est pourtant antérieure à l’AOP Crémant (1975). Elle réglemente les mousseux issus de l’aire d’appellation depuis 1946. Outre que le terroir de l’AOP Touraine est plus réduit, l’appellation limite aussi les possibilités d’assemblages. Le cahier des charges prévoit en effet que le chenin ou l’orbois (qui est l’équivalent de l’arbois du Jura) représente au moins 60% de la cuvée. Dans le cas de la cuvée « Justin Marcel », la consigne est doublement respectée puisque seuls le chenin et l’orbois entrent dans sa composition, à hauteur de 95% pour le premier. Ainsi, malgré la popularité grandissante des crémants de Loire, la Maison réaffirme son attachement à cette cuvée originelle : « Face à la popularité des crémants de Loire, les appellations satellites des fines bulles comme Touraine ou Vouvray, par exemple, sont très importantes parce qu’elles expriment des terroirs particuliers. Il serait dommageable qu’elles disparaissent au profit de l’hégémonie des crémants de Loire » ajoute Thomas Ragot.

La cuvée tourangelle persiste donc, emblème d’une maison qui embrasse la nouvelle ère des crémants de Loire sans renier ses origines, au cœur de la Touraine à Montrichard.

Terre de Vins a aimé

cuvée ciselée rosé monmousseau crémant de loire
©Briag Courteaux

Cuvée Justin Marcel 2018 | AOP Touraine
Une robe pâle aux reflets jaunes scintillants pare les fines bulles de cet effervescent qui exhale un nez dense de poire mûre, de prune et de miel de fleurs blanches. La bouche se déploie sur des notes fraîches de pêche blanche et de coing pour finir en beauté sur une amertume de quinquina.
À déguster ur des filets de rougets à l’orange.
12.80 € (disponible en CHR)

Ciselée rosé brut | Crémant de Loire
Ce rosé de noirs (de cabernet franc à 80% complété par du pineau d’Aunis et du pinot noir) ne cède pas à la mode des rosés à peine teintés. Le rose prend même une teinte aux reflets saumonés assumés dans une bouteille translucide. Les fines bulles exhalent un parfum de fruits rouge et de coulis de groseille. Cette gourmandise se prolonge sur une bulle crémeuse et des notes de cassis. Quelques tanins relèvent une finale légèrement saline.
Pour accompagner une soupe de fraise mentholé.
12.50 € TTC