Accueil A 80 ans, Saint-Nicolas-de-Bourgueil ne craint (presque) plus le coup de froid

A 80 ans, Saint-Nicolas-de-Bourgueil ne craint (presque) plus le coup de froid

Patrick Olivier, vigneron et président du syndicat de Saint-Nicolas-de-Bourgueil.

Auteur

Julie
Reux

Date

22.02.2017

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Saint-Nicolas-de-Bourgueil, petite appellation du centre-Loire, célèbre en 2017 ses 80 ans. Pas de grosse fiesta au programme, cependant : le syndicat reste fidèle à ce qui a fait le succès de l’AOC, en misant plutôt sur les investissements.

A Saint-Nicolas-de-Bourgueil, il ne faut pas trop le dire, mais ça va plutôt bien, merci. « Les vins sont très demandés en restauration, souligne ainsi Patrick Olivier, vigneron et président du syndicat local (photo ci-dessus). C’est un débouché important, et qui nous permet en plus d’être bien connus et reconnus. »
Autre signe que le vignoble se porte plutôt bien : les 1040 hectares (pour 75 domaines) de l’appellation, tous sur les sables et graviers de la commune de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, sont tous cultivés. Et par des jeunes, qui plus est, qui ont entre 35 et 50 ans pour la majorité.
La relation avec Bourgueil, appellation jumelle et fort remuante, semble même apaisée, 20 ans après la « séparation ». « On travaille ensemble, on se concerte. »

Une maison des vins

Dans ce contexte favorable, l’AOC va fêter fin février ses 80 ans, sur son stand du salon de l’Agriculture, à Paris. Au menu des festivités, il y aura mardi 27 février la signature d’une convention avec un vendeur de produits phyto, et une petite dégustation commentée par le président (du syndicat…). Et c’est tout. « Ah, si, il y a une affiche aussi. » « C’est qu’on n’a pas beaucoup de budget », s’excuserait presque Patrick Olivier.
Du coup, le syndicat concentre ses efforts sur autre chose… l’essentiel, diraient certains. Par exemple : 190 000 euros investis dans une maison des vins, pour accueillir les services administratifs de l’appellation.

700 000 € contre le gel

Et surtout, 700 000 euros investis dans la lutte contre le gel en 2016-2017. Pour (presque) en finir avec cette épée de Damoclès, le syndicat a mis « 550 000 euros dans l’aspersion, pour protéger environ 40 hectares. Et on a programmé trois tours antigel, 45 000 euros chacune », résume Patrick Olivier, qui en promet au moins sept autres bientôt. « Mon projet de président, c’est que dans 10 ans, au moins un tiers du vignoble soit protégé. » En 2016, cette stratégie antigel a déjà permis d’éviter le pire : « On pensait avoir subi 40% de pertes. Mais finalement, on est plutôt à 20% », évalue le président.

Plus menaçant que le gel, il est un combat en revanche que le syndicat semble avoir perdu : l’arrivée des IGP… Avec l’ouverture des droits de plantation, n’importe qui peut demander le droit de planter du cabernet franc à Saint-Nicolas-de-Bourgueil, en dehors des limites de l’AOC, puis le vendre en IGP. « Et le touriste, il n’y comprendra rien», présente Patrick Olivier, vent debout contre cette possibilité, comme son homologue de Sancerre. « Nous, résume-t-il, on se bat pour défendre le travail accompli par le syndicat pour l’AOC. Et ça nous a plutôt bien réussi jusque là.»