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[Bordeaux Tasting] Sauternes-Barsac, l’interview express

Auteur

Audrey
Marret

Date

14.12.2019

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Cinq questions pour six châteaux : les Sauternes-Barsac parlent sans détours du retour des liquoreux, des accords à éviter… et du public de Bordeaux Tasting.

On ne va pas refaire le match : le Sauternais est en crise. Ou plutôt, Sauternes-Barsac est en plein renouveau. Les ventes diminuent depuis les années 80, mais la jeune génération et certains visionnaires sont bien décidés, à force d’initiatives, à réinventer les grands blancs liquoreux. A vous de les redécouvrir : six châteaux sont présents à Bordeaux Tasting ce week-end du 14 et 15 décembre : les châteaux d’Arche (grand cru classé en 1855), Bastor-Lamontagne, Guiraud (grand cru classé en 1855), Raymond-Lafon et Clos Haut-Peyraguey (grand cru classé en 1855) en appellation Sauternes ; le Château Doisy-Daëne en appellation Barsac.

Quelle est votre actualité ?
« La permaculture. Luc Planty, promu gérant en janvier de cette année, s’oriente vers la permaculture pour conduire l’intégralité du vignoble. L’idée est de laisser faire la nature, de l’aider à reprendre place dans notre vignoble toujours dans l’objectif d’un grand vin de qualité, avec ce côté très net et tendu. »
Clémence Planty, responsable communication du Château Guiraud.

« Un nouveau vin : nous avons racheté en 2014 le vignoble du Château Doisy-Dubroca, voisin de Doisy-Daëne. Nous avons choisi de ne pas faire disparaître ce petit cru de Barsac, 3,5 hectares, classé en 1855. Les vignes ont été replantées et nous avons fait cette année quelques barriques de Doisy-Dubroca, livrables en 2021. »
Jean-Jacques Dubourdieu, codirigeant du Château Doisy-Daëne

Les Français et les liquoreux : est-ce vraiment le désamour ?

« Non, il s’agit plutôt d’une question d’habitude. Nous devons casser les codes et sortir du modèle des vins de fêtes ou que l’on fait vieillir plusieurs années. A nous de donner de nouvelles approches, ce que l’on fait au Château Bastor-Lamontagne avec notre So Sauternes ».
Valérie Garat, commerciale au Château Bastor-Lamontagne.

« Nous recevons plus de 15 000 personnes par an au Château Guiraud, sans compter le restaurant. Sauternes ne souffre pas à mon sens d’un problème de public, mais d’un problème d’offre. Or, ce qui se fait en ce moment en œnotourisme dans toute l’appellation est extrêmement positif. »
Clémence Planty, responsable communication du Château Guiraud.

Le grand défi des sauternes-barsac ?

« Je crois beaucoup à la mouvance des bars à vins. Nous avons besoin d’amener les liquoreux sur une scène plus favorable, afin qu’ils existent aussi en-dehors des fins de repas de fêtes. Le marché est compliqué, mais pas au niveau du public. C’est au niveau des prescripteurs qu’il faut regagner du crédit. Une bouteille de sauternes-barsac peut se conserver trois semaines : cela représente un vrai intérêt pour le rythme de consommation des bars à vins. »
Jean-Jacques Dubourdieu, codirigeant du Château Doisy-Daëne

« Conquérir d’autres marchés, comme la Chine, dont la gastronomie s’allie parfaitement avec le sauternes-barsac. » 
Jean-Pierre Meslier, copropriétaire du Château Raymon-Lafon

L’accord qui tue avec un sauternes-barsac (surtout arrêtez de le faire…)

« Un dessert trop lourd ou du chocolat. Je préfère servir un sauternes-barsac à l’apéritif, au moment où le palais est en éveil. »
Anthony Defives, directeur du Clos Haut-Peyraguey

« Nous essayons plutôt de suggérer des accords inédits, comme avec les sushis ou un colombo de porc antillais. C’est parfait ! »
Valérie Garat, commerciale au Château Bastor-Lamontagne.

« Les Anglo-Saxons nous cantonnent à un vin de dessert. Mais un sauternes-barsac explose en bouche sur des accords épicés, avec un effet de contraste magnifique. Essayez notre vin avec un poulet au vinaigre. »
Jean-Pierre Meslier, copropriétaire du Château Raymond-Lafon

Les questions les plus étranges à Bordeaux Tasting (il est comment le public bordelais ?)

« La localisation de Sauternes. Le public est souvent étonné de savoir que Sauternes est un des vignobles le plus proche de Bordeaux. Il y a 35 minutes de la porte du château au Palais de la Bourse. Hors embouteillage, bien sûr ! » 
Clémence Planty, responsable communication du Château Guiraud.

« Généralement, il y a toujours un groupe où une personne va poser des questions hyper techniques pour épater tout le monde… »
Valérie Garat, commerciale au Château Bastor-Lamontagne.

« Franchement, Bordeaux Tasting est un salon où l’on ressort en ayant le moral : il y a tellement de passionnés qui viennent de loin. Je me souviens de Parisiens que l’on retrouvait d’une édition à l’autre. Et c’est un public averti. Je suis toujours étonné par la curiosité des jeunes, qui posent des questions très pertinentes et ont un palais déjà bien affiné. »
Jérôme Cosson, directeur d’exploitation du Château d’Arche.

Terre de Vins a aimé
Symphonie 2015, Clos Haut-Peyraguey
La cuvée intègre depuis 2015 des parcelles situées à Barsac, terroir plus calcaire, pour accentuer la tension. L’élevage a été réduit à 12 mois. L’attaque étonne par sa fraîcheur. Le vin est vif en bouche. La finale moins concentrée mais très désaltérante sur des arômes d’orange amère.

Cuvée prestige 2016, Château d’Arche
Une micro cuvée sur 2 hectares, avec 100 % de sémillon. Le nez intense sur l’orange amère, laisse présager une belle concentration, mais, délicieuse surprise, au palais, très frais, le vin offre plutôt des notes de pamplemousse. Vient ensuite la rondeur qui enrobe la bouche tout en légèreté et conduit à la finale, délicate sur
des arômes de vanille et d’agrume.

A déguster également 
Château Bastor-Lamontagne 2011
Un jus très frais, qui se distingue par un assemblage de 80 % de sémillon et de 20 % de sauvignon.
Château Raymond-Lafon 2017
Un classique voisin d’Yquem, avec une finale marquée sur les agrumes citronnés et très rafraîchissante.
Château Doisy-Daëne 2013
Un profil assez exubérant, sur des arômes fruités exotiques mais bien équilibré.
Château Guiraud 2016
Une grande fraîcheur, de l’ampleur, et une finale acidulée sur l’orange amère.