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« Un optimisme raisonné » pour les spiritueux français

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

24.06.2021

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La Fédération Française des Spiritueux a présenté un bilan 2020 mitigé, avec une chute attendue en restauration qui n’a pas été compensée par la hausse en grandes surfaces. Mais la reprise est là avec un travail de fond collectif sur la RSE et la consommation responsable.

Avec une consommation structurellement à la baisse depuis plusieurs années, les spiritueux français tentent de surfer sur la reprise. Dans un contexte mondial en forte chute à -6%, ils sont parvenus à limiter la casse à -1,8% en volume, « principalement grâce à la grande distribution qui a gagné 4,2% (277 M litres pour 5,1 Mds€)* tandis que le CHR chutait de 45%** » détaille le président de la Fédération Française des Spiritueux, Jean-Pierre Cointreau. La hausse du premier circuit due à 90% au report de consommation ne compense pas pour autant l’effondrement du second, seulement 30% des volumes perdus ayant été transférés en GMS. Près des trois quarts des 250 adhérents de la FFS ont déclaré une perte de leur chiffre d’affaires de l’ordre de 10 à 30% l’an dernier. Tous les secteurs ont souffert en CHR, en particulier la vodka, surtout en raison de la fermeture des discothèques, et tous ont progressé en grandes surfaces, alcools blancs et rhums tirant davantage leur épingle du jeu avec un phénomène de prémiumisation accentuée pendant la crise. « Nous affichons un optimisme raisonné car les différents circuits de distribution, exceptés les discothèques et le travel retail, reprennent progressivement mais nous sommes tributaires des difficultés d’approvisionnement en matières premières, des aléas météo qui vont compliquer les récoltes de fruits et de céréales, et des considérations logistiques, notamment dans le cadre de la guerre des conteneurs dont les prix ont doublé pour l’Asie, sans compter les problèmes géopolitiques que nous ne maitrisions pas, commente Jean-Pierre Cointreau On ne s’attend donc pas à un retour à la normale avant 2022″.

RSE, recyclage et emballages

En attendant, la Fédération planche sur la RSE et la promotion d’une consommation responsable avec comme point de départ une charte verte signée en octobre 2019 pour la réutilisation des déchets. « Nous recyclons déjà 86% du verre et nous voudrions tendre vers le 100% d’ici 2029, annonce Thomas Gauthier, le nouveau directeur général de la Fédération. Un travail collectif est actuellement mené pour identifier les pistes d’amélioration possibles et favoriser les bonnes pratiques ». Un diagostic des process de fabrication a été réalisé en 2020 par Adelphe afin de réduire leur impact sur l’environnement et réduire le poids des emballages de 5,5 à 13,5%. Un état des lieux doit être établi en 2021 avec les adhérents malgré la difficulté de mettre en place des indicateurs communs. Côté prévention, la FFS poursuit ses campagnes zéro alcool pour les femmes enceintes et de prévention contre l’alcool au volant; un nouveau partenariat vient d’être signé avec les banques alimentaires pour introduire des informations de consommation responsable au même titre que celles sur l’hygiène de vie dans les documentations et une formation des bénévoles des associations est prévue sur ce thème en 2022.

Par ailleurs, la FFS a voté l’an dernier une nouvelle cotisation spécifique et minimisée de 350€ (la cotisation normale est calculée en fonction des volumes) pour les jeunes TPE et artisans des spiritueux afin de les inciter à rejoindre la Fédération. « Nous sommes attachés à accueillir tout le monde, insiste Jean-Pierre Cointreau. Et nous voulons ainsi sensibiliser ces petites entreprises aux règles du marché et de la loi Evin ». Une politique de rassemblement d’autant plus importante dans un pays devenu le premier producteur européen de spiritueux depuis la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne.

* chiffres Nielsen pour la GD
* ** chiffres Institut CGA pour le CHR

Ci-dessous : J-P Cointreau et Th.Gauthier (photo ©F.Hermine)