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Face à la crise, les Champenois interpellent Jean Castex

Auteur

Yves
Tesson

Date

11.09.2020

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Jean-Marie Barillère, président de l’UMC et Maxime Toubart (président du SGV) ont profité du passage en Champagne du Premier ministre Jean Castex pour interpeler une nouvelle fois le gouvernement sur les orientations à privilégier pour soutenir la filière champenoise. Malgré les pertes colossales qui se dessinent, celle-ci jusqu’ici n’a pas été concernée par les aides de l’État.

Il ne faut pas se laisser duper par la situation financière des vignerons livreurs champenois. Certes, en 2020, ils n’auront pas connu de diminution de leur revenus, vivant encore sur le paiement des échéances de la vendange 2019. Mais, à partir de 2021, ils seront lourdement impactés avec une baisse de chiffre d’affaires de 25% liée à celle du rendement. Pour l’heure, aucune aide ne leur a été attribuée : « dans le plan de relance, on nous a expliqué qu’il y avait des baisses des impôts de production, mais des impôts de production, il n’y en a pas dans le monde viticole » explique Jean-Marie Barillère. C’est pourquoi les deux présidents appellent à une exonération des charges sociales. Selon Jean-Marie Barillère, c’est la solution la plus juste : « l’exonération des charges de l’exploitant viticole, c’est pour tous les exploitants de France, c’est équitable, plutôt que d’aider à la distillation ou au stockage qui ne concernent pas la Champagne et la Bourgogne. Jean Castex a indiqué que son plan de relance de 100 milliards correspondait aux 100 milliards perdus sur le PIB. Si on considère que la filière champagne va perdre de 1 milliard à 1 milliard et demi d’euros, on peut concevoir qu’elle ait droit à sa part, on ne parle pas de petite monnaie ».

Une baisse de la TVA pour les boissons alcooliques dans la restauration

Les Champenois réclament aussi une aide pour la restauration en proposant « d’appliquer à la vente de boissons alcooliques, comme c’est déjà le cas en Corse, le même taux que celui des prestations de restauration à consommer sur place, soit 10%. » Pour Jean-Marie Barillère, c’est une mesure de bon sens qui permet de faire d’une pierre deux coups. Les hôtels-cafés-restaurants, dont beaucoup sont encore fermés ou tournent au ralenti, réalisent un pourcentage de marge important avec le vin, « en relançant la consommation de vins, on les aide à se refaire une situation financière. De notre côté, la consommation à domicile est plus ou moins repartie entre les grandes et moyennes surfaces et les cavistes, les seules choses qui nous manquent terriblement aujourd’hui se retrouvent ensemble dans les CHR. »

Une aide financière à la transition écologique

Troisième demande, en Champagne, la filière a l’ambition de passer à zéro herbicide d’ici 2025 et d’avoir 100% de ses exploitations certifiées en 2030, il ne faudrait pas que cette démarche qui nécessite de lourds investissements soit stoppée dans son élan par la crise économique, c’est pourquoi les Champenois demandent à ce que cette transition soit soutenue financièrement. Au mois d’août, à Sancerre, lorsque Jean Castex a annoncé le rallongement de son plan d’aide à la filière vin de 170 millions d’euros à 250 millions d’euros, il a affirmé que ce type de mesure était prévu « mais cela n’a pas été plus loin que ça. On est resté dans les grandes lignes. Ils doivent se mettre d’accord sur qui fait quoi au niveau de ces dossiers. En clair, il ne faut pas qu’on ait un dossier pour la région, un dossier pour l’État, un dossier pour l’Europe… Il faut qu’il y ait un seul dossier et un seul financeur. »

Cette mesure en faveur de la transition environnementale apparaît même comme la seule qui ait vraiment son utilité dans le contexte actuel. « De toute manière, tant qu’on n’a pas de remède à la crise sanitaire, on peut faire tous les plans de relance qu’on veut, cela ne sert à rien, les gens ne vont pas consommer. Les 100 milliards correspondent aussi à ce qui a été épargné par les Français pendant le confinement, et les Français ont continué à épargner encore jusqu’à fin août, les banquiers regardent les taux d’épargne par rapport aux dépenses et tant que les taux d’épargne augmentent cela veut dire que la confiance n’est pas de retour. Donc, la difficulté de tout ce qui peut être fait sur le plan de la relance économique, c’est que globalement, tant qu’il n’y a pas de confiance, il n’y a pas de relance de la consommation. Voilà pourquoi en attendant il vaut mieux aider les gens à produire autrement, ce qui est relativement bien fait dans le plan de relance, plutôt que de les pousser à produire davantage. »