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La France, bientôt premier consommateur de vins bios

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

03.12.2019

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En prologue du salon Millésime Bio qui se tiendra du 27 au 29 janvier à Montpellier, l’organisateur SudVinBio a commandité à IWSR, Institut d’analyses de marché des boissons alcoolisées une étude sur le marché du vin bio sur les cinq marchés-clés (France, Italie, Espagne, Allemagne et Etats-Unis).

La France devrait devenir d’ici 2021 le premier consommateur mondial de vins bio et rester le deuxième producteur mondial. Selon l’étude de IWSR pour SudVinBio, elle devrait atteindre une consommation de l’ordre de 195,4 millions de cols en 2023, en hausse de 71% prévus sur cinq ans, entre 2018 et 2023. En 2021, la France consommera deux fois plus de vin bio qu’en 2013 et devrait franchir avant 2023 la barre des 20% de la consommation mondiale, devant l’Allemagne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (en 2018, l’Allemagne détenait le pourcentage le plus important, 19,1% devant la France, la Grande-Bretagne et l’Italie). Dans un contexte de baisse de la consommation de vin, le bio semble tirer son épingle du jeu en passant de 1,5% de la consommation mondiale (441 millions de cols) à 3,5%, frôlant le million de cols.

Le marché français est le plus dynamique

La production suit le rythme. Les trois premiers pays producteurs ne cessent d’accroitre leurs surfaces certifiées : l’Italie garde le haut du pavé (708 millions en 2018, 924 prévus en 2023) mais la France qui vient de doubler l’Espagne est la plus dynamique en croissance. De 165 millions de bouteilles de vin bio en 2013, la production française est passée à 361 millions en 2018 (+119%) et devrait encore progresser de 70% d’ici à 2023 à 613 millions.
Les effervescents ne sont pas en reste : leur production devrait augmenter de plus de 8% par an entre 2018 et 2023. Sur les 97,6 millions de bouteilles enregistrés en 2019 dans les cinq principaux pays producteurs, la France reste leader avec 40,2 millions (9,9 en 2013) devant l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et les Etats-Unis. Pour répondre à la demande du marché domestique, la France exporte de moins en moins ses vins bios (58% actuellement consommé dans l’Hexagone, 64% prévus en 2023).

Hausse de la production et des conversions

« Il y a une augmentation indéniable de la production de vin bio mais sous-évaluée car une partie des ventes directes (qui représentent 40% de la commercialisation totale) n’est pas dans les statistiques, pondère Nicolas Richarme, nouveau président depuis juillet dernier de l’interprofession organisatrice de Millésime Bio. Ce ne sont pas les volumes qui sont revendiqués mais les raisins et les surfaces ; on peut juste faire une estimation. De plus, il peut arriver que certains producteurs libèrent leurs vins en conventionnel parce que le marché n’est pas porteur ou qu’ils n’ont pas l’acheteur ». On constate donc un écart énorme entre production et consommation que lque soit le pays, ce qui minorerait les chiffres de l’ordre de 300 millions de cols au niveau mondial, soit près de 40% de la consommation. Par ailleurs, certains domaines certifiés bio préfèrent ne pas le revendiquer sur l’étiquette, en particulier les grands châteaux. Les superficies en bio sont passées en deux ans de 9% des superficies totales en production à 12% en 2018 et les conversions sont en forte hausse (+ 20% en Occitanie, + 50% en Paca…) « Celles-ci concernaient en 2018 plus de 6000 ha malgré un millésime compliqué. Cela n’a donc pas découragé les producteurs ; c’était le baptême du feu » ironise Nicolas Richarme (photo ci-dessous).

La France entend donc accélérer sa production en bio plus vite que l’Italie à moindre surface mais à rendements plus élevés. L’Italie et l’Espagne sont plus exportatrices (la majorité de leurs vins quitte leurs pays de production), contrairement à la France, ancrée sur son marché local. Quant à l’augmentation de la production espagnole, très présente dans le conventionnel en France, elle ne devrait pas impacter le marché du vin bio.

La production de vins bio en France, actuellement de l’ordre de 2,2 à 2,4 millions d’hectolitres (+0,3 million en effervescent) pourrait passer à 4 millions d’ici 2023 (+0,6 en effervescent). L’écart de prix entre bio et non bio devrait se creuser d’ici 2023, le prix moyen du premier, entre 7 et 8€/ col, pourrait approcher les 9€ alors que le prix du conventionnel resterait autour de 4€. Une belle valorisation à venir pour compenser le surcoût de production estimé en général entre 20 et 30%.