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Languedoc-Roussillon : les cathédrales du vin expliquées dans un livre

Ci-dessus : Ancienne cave coopérative d'Aubais (© Marc Kérignard, Inventaire général Région Occitanie)

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

13.02.2018

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Bastion du mouvement coopératif viticole français, le Languedoc-Roussillon dispose d’un patrimoine de 691 caves coopératives et distilleries, dont 300 demeurent encore en activité. Après un premier inventaire scientifique publié en 2010, un livret diffusé ce mois de février en librairie, recense une vingtaine de ces « coopés » remarquables… à protéger.

L’ancien président de région Georges Frêche avait lancé en grande pompe lors du salon Vinisud 2010, la première version de ce livre, « Caves coopératives en Languedoc-Roussillon », réalisé par des chercheurs de l’Inventaire Général du Patrimoine Culturel.

Un record dans l’histoire des services de l’inventaire que cette somme scientifique de 250 pages réalisée en deux ans par une équipe de chercheurs (historiens de l’art, architectes, archéologues du bâti, photographe, etc.). L’ouvrage recensait alors, de manière exhaustive, 582 caves coopératives du Gard, de l’Hérault, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales et 109 distilleries héraultaises. Huit ans plus tard, les services de l’Inventaire récidivent en publiant un petit opuscule d’une vingtaine de pages. Il réunit la crème de la crème parmi les caves coopératives inventoriées dans le précédent ouvrage.

Ci-dessous : Cave coopérative de Pignan (© Marc Kérignard, Inventaire général Région Occitanie)

« La mission de notre service, c’est de recenser en gardant une trace de l’existant à des fins de protection, dans la mesure où tout ne peut pas être sauvé et classé Monument historique, explique Natacha Abriat, responsable secteur inventaire au Centre de documentation du patrimoine régional. Ce nouvel ouvrage est pensé sous la forme d’un petit parcours de caves accueillant du public, afin une nouvelle fois de mettre en perspective ce patrimoine de caves remarquables que nous avions remarquées lors du recensement. »

Un patrimoine menacé

Car les « cathédrales du vin » comme on désigne en région ces bâtiments de production témoins des innovations industrielles et du perfectionnement des techniques de vinification, sont menacées de disparition. Ainsi au moment de l’enquête, les chercheurs des services de l’Inventaire ont pu observer un net recul de l’activité de ces sites de production, avec seulement 300 caves coopératives encore en activité.

Ci-dessous : Chai Byrrh à Rivesaltes (© Marc Kérignard, Inventaire général Région Occitanie)

« En Languedoc, la ‘coopé’, c’est cet édifice majestueux qui trône à la périphérie de nos villages aux côtés de l’église ou de l’école, rappelle Natacha Abriat. C’est vraiment un élément emblématique que l’inventaire de 2010 a contribué à valoriser. » L’étude a en effet donné lieu à une sélection de caves parmi les plus emblématiques qui ont ensuite été proposées au classement ou à l’inscription au titre des Monuments Historiques. D’autres ont reçu le label « Patrimoine du XXe siècle », qui « n’est pas une protection mais un élément d’information » précise Natacha Abriat.

20 caves coopératives remarquables expliquées

On retrouve ces fleurons du mouvement coopératif viticole régional dans le présent ouvrage, comme par exemple la cave de Maraussan dans l’Hérault, première coopérative de France construite en 1905. Jean Jaurès, qui la visite le 1er mai 1905, y célébrera avec exaltation un exemple de communisme viticole, laboratoire de la révolution sociale.

Parmi les autres bâtiments remarquables recensés dans cet ouvrage, signalons :

– la cave coopérative de Saint-Théodorit (1929 ) dans le Gard, première cave entièrement construite en béton armé et seule cave à adopter la forme d’un hémicycle, s’inspirant des temples protestants du Gard.
– la cave coopérative de Collioure dans les Pyrénées-Orientales qui fut installée en 1926 dans l’église d’un ancien couvent de Dominicains daté du XIVe siècle. A l’origine la nef était utilisée pour la vinification des vins. Aujourd’hui employée à leur vieillissement, on peut toujours y admirer les grands foudres qui y sont entreposés.
– la cave de Laroque dans l’Hérault, construite en 1950 par l’architecte René Villeneuve et ornée d’une sculpture de Paul Guéry, est un exemple de reconversion originale. En effet, elle est actuellement un supermarché Lidl. Son architecture régionaliste moderne a été conservée.

Parcours du patrimoine, « Les caves coopératives en Languedoc et Roussillon », 5 €. Diffusé en librairies, mis en dépôt dans les caves coopératives, cet ouvrage peut être commandé sur le site internet.

Ci-dessous : Coopérative vinicole de Collioure (© Marc Kérignard, Inventaire général Région Occitanie)