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Smith Haut Lafitte : Florence et Daniel Cathiard s’installent dans la Napa Valley

Auteur

Audrey
Marret

Date

21.01.2020

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Les propriétaires du Château Smith Haut Lafitte, cru classé de Graves dans l’appellation Pessac-Léognan, ont eu un « vrai coup de cœur » pour un domaine historique de la Californie, à Rutherford.

Florence et Daniel Cathiard ont désormais « un pied sur chaque continent ». Les propriétaires du Château Smith Haut Lafitte, à Martillac, ont annoncé l’acquisition d’un domaine en Californie, à Rutherford. Dans la Napa Valley, l’influence française est déjà très marquée : de nombreux grands groupes (LVMH ou Pernod Ricard…) y sont représentés aux côtés de familles souvent liées à Bordeaux comme les Rothschild ou les Moueix.

Le montant de l’achat du vignoble, planté de cabernet sauvignon et de merlot, reste confidentiel : « quasiment aussi cher qu’un grand cru classé bordelais », confie Daniel Cathiard. Il faudra attendre 2022 pour que soit commercialisée la première vendange 2020, que doit diriger sur place Ben Morken, jeune œnologue américain formé au Château Smith Haut Lafitte, avec l’appui de Fabien Teitgen, l’actuel directeur technique du château bordelais.

Il s’agit de votre premier vignoble à l’étranger ?
Daniel Cathiard : L’Amérique est un gros client pour nous. Nous n’avons pas fait cet investissement pour réagir aux secousses du marché mais nous nous doutions que les taxes risquaient d’augmenter et que les relations pouvaient se compliquer. Être sur place nous permet d’intervenir au quotidien.

Sur quelle surface s’étend votre nouveau domaine, à Rutherford ?
Le domaine représente 25 hectares de vignes. Il pourra monter à 30 ou 35 hectares. Autour, il y a plus de 80 hectares de forêt. Contrairement à Smith Haut Laffite, c’est un domaine tout à la verticale. C’est-à-dire que nous sommes en pied de côte des monts Mayacamas. L’endroit s’appelle les Spring Mountains. Le vignoble est en très grande partie sur une pente, avec une bonne exposition : un peu moins de soleil qu’ailleurs, ce qui est un avantage car le problème dans la Napa Valley est un peu trop d’ensoleillement.

C’est un domaine avec une histoire ?
C’est un endroit historique, créé en 1885 par les frères Rennie, des Écossais. L’endroit est ensuite devenu une winery fantôme pendant la Prohibition. La magnifique maison de maître date de 1945. Puis d’autres Ecossais, les familles Komes et Garvey, ont ensuite créé une marque, Flora Springs, qu’ils conservent et que nous n’avons pas achetée. Car cette marque a été étendue jusqu’à 650 000 bouteilles… Nous, notre objectif est de faire du vin avec l’expérience que l’on a de Bordeaux : c’est-à-dire produire sur place et faire du vin avec ce la winery est capable de produire.

Allez-vous recréer une nouvelle marque ou utiliserez-vous le nom de Smith Haut Lafitte ?
Nous allons recréer un nom. Il y aura sûrement « SHL » [les initiales de Smith Haut Lafitte, NDLR], peut-être « Cathiard » et « Napa ». Cela va tourner autour de ces références. Nous allons voir ce qui est le mieux perçu, et ce qui est permis. Mais notre vin sera un vin de propriétaire, un vin qui sera signé. »

La winery sera-t-elle complétée par un hôtel ou un restaurant ?
Ce n’est pas prévu pour l’instant. Nous avons déjà assez à faire avec le vin et le marché est différent aux Etats-Unis avec des ventes à la propriété importantes. Les Américains fonctionnent notamment avec un système de club et tout cela doit être mis en place. Le prochain projet d’hostellerie et de restauration qui doit se faire est dans la vallée de la Loire : mes enfants [Alice et son époux Jérôme Tourbier, NDLR] ont créé un nouvel établissement, les Sources de Cheverny, qui doit ouvrir cet été.

Est-ce un projet auquel vous pensiez depuis longtemps ou est-ce un coup de cœur ?
Nous avons depuis longtemps des relations avec les gens de la Napa Valley. Pour créer les Sources de Caudalie, nous nous étions déjà beaucoup inspirés du complexe hôtelier Meadowood, de William Harlan, qui est un fidèle des Sources de Caudalie. Il vient quasiment chaque année et amène des vignerons de la Napa. Nous avions beaucoup de raisons de nous installer là-bas. L’influence française y est très forte. C’est en plus un territoire qui a la meilleure réputation pour les vins aux Etats-Unis. On trouve une clientèle pour des vins très haut de gamme. Cela nous semblait naturel d’y aller, nous qui cherchons l’extrême qualité. Les problèmes conjoncturels de taxes font également que cette implantation nous sera très utile.