Accueil Terroirs d’altitude : quand les vins du Languedoc prennent le frais

Terroirs d’altitude : quand les vins du Languedoc prennent le frais

Vincent Bonnal, Domaine de Pelissols. Photo Anne Serres.

Auteur

Anne
Serres

Date

20.10.2015

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Les terroirs frais du Languedoc font parler d’eux. Entre 300 et 600 mètres d’altitude, dans la Haute-Vallée de l’Orb et la Haute-Vallée de l’Aude, l’interprofession des vins du Languedoc met en avant ses vins d’IGP de territoire.

L’indication géographique protégée, signe d’origine et de qualité, relève le défi de la complémentarité avec les appellations d’origine contrôlée. « Les AOC c’est le terroir, les IGP c’est le territoire », résume Bernard Augé, directeur de la section IGP au CIVL, « avec les 22 IGP de territoire du Languedoc, nous nous appuyons sur la notoriété de sites historiques (Saint-Guilhem, Carcassonne…), d’espaces naturels (Haute-Vallée de l’Orb, Haute-Vallée de l’Aude…) ou d’histoires d’hommes comme dans les Côtes de Thongue, une IGP née de la volonté d’un groupe de producteurs ». Pour l’interprofession des vins du Languedoc, l’enjeu est stratégique : les IGP de territoire entrent dans la vaste segmentation de l’offre languedocienne et jouent leur rôle à elles aux côtés des AOC, avec des monocépages et des assemblages exclusifs.

Dans la Haute-Vallée de l’Orb, la cave coopérative de Capimont à Hérépian joue un rôle essentiel dans la production, ses vins de cépage (collection Vallée des Arômes) qui raflent les médailles des concours, notamment celui de la coopération, et se font connaître hors de la Vallée. « Depuis que nous figurons à la carte des vins du Jardin des Sens, nous voyons un public montpelliérain venir remplir ses coffres de voiture », explique Philippe Coste (photo ci-dessous), le président de la cave. La bonne affaire n’est plus un secret, mais la cave maintient des tarifs très doux malgré la demande en hausse. En plus de la gamme de vins de cépages, entre 4 et 6 € la cave produit deux cuvées d’assemblage particulièrement réussies à moins de 10 € : Saint-André Tentation et Saint-André Séduction, cette dernière étant passée en fûts de chêne.

Les rosés de la Haute-Vallée de l’Orb valent également le détour, car ils sont composés d’un assemblage de moûts de chardonnay et de syrah, d’où leur couleur intense, parfois orangée. Le président de l’Organisme de Gestion (ODG) Haute-Vallée de l’Orb, François Pottier, vigneron au domaine de la Croix Ronde, revendique ce mode de production « parfaitement légal car nous n’assemblons pas des vins blancs et rouges mais bien des moûts ! L’assemblage est possible dès lors qu’il a lieu avant la fermentation alcoolique. Une année, j’ai dû ensemencer une cuve de Syrah pour faire démarrer la fermentation alcoolique… je n’avais plus de levures sous la main et j’ai utilisé un moût de chardonnay qui avait commencé à fermenter. A l’arrivée, j’ai été convaincu du résultat et d’autres producteurs aussi ! » Ces rosés intenses, commercialisés entre 5 et 6 € départ de cave, présentent un rapport qualité-prix imbattable.

Enfin, au domaine de Pélissols, Vincent Bonnal (photo d’ouverture) s’est imposé en quelques millésimes, avec une viticulture en biodynamie et des vins soufrés au strict minimum, propres et gourmands vraiment très réussis. « Mon père est né dans la chambre au-dessus de la cave, dans une famille très pauvre, j’ai d’abord tout voulu faire sauf de la viticulture ! », il part au bout du monde, passe six ans en Chine puis revient pour la vigne. Le succès est au rendez-vous. Son entrée de gamme en rouge, Luna Novela (8 €) est merveilleuse de croquant. Son blanc (12 €) est une splendeur de gourmandise tournée vers les agrumes, assemblage de 70% Muscat et 30% Chardonnay.