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Vendanges tardives : bataille entre Gaillac et l’Alsace

Auteur

La
rédaction

Date

23.11.2011

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(AFP) – Une décision de l’Institut National de l’Origine et de la qualité (Inao) d’accorder à l’AOC Gaillac la mention « Vendanges tardives » fait bondir les viticulteurs alsaciens, qui estiment qu’elle « met en danger » cette mention seulement utilisée en Alsace et dans le Jurançon.

Fin septembre, le Comité national des appellations d’origine relatives aux vins, aux eaux-de-vie et autres boissons alcoolisées a approuvé l’adjonction de la mention traditionnelle « Vendanges tardives » à l’AOC Gaillac. « Aucun élément réglementaire » ne s’opposait à cette demande du syndicat des vins de Gaillac, explique une porte-parole de l’Inao.

Les conditions d’utilisation de cette mention dans le cahier des charges de l’AOC Gaillac sont aussi strictes que celles figurant dans les cahiers des charges des trois appellations pouvant l’utiliser à ce jour, rappelle-t-elle, soulignant que la mention existe aussi pour les vins italiens, allemands ou autrichiens. Mais l’Association des viticulteurs d’Alsace (AVA) dénonce un élargissement qui « met en danger » la notoriété de leur production et de toutes les appellations en France. Selon elle, l’Inao met sur le même plan le respect d’un cahier des charges et une technique traditionnelle. La production des AOC Alsace et Alsace Grand Cru en « vendanges tardives » a atteint environ 9.000 hectolitres en 2010, et 662 hl pour le Jurançon. « L’Inao considère les vendanges tardives comme un type de production tel que le crémant, le moelleux, alors que cette mention traditionnelle est liée à une région », affirme le directeur de l’AVA, Frédéric Bach.

Pillage

L’association a reçu le soutien de dix députés alsaciens, qui dénoncent dans une lettre ouverte au ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire « un véritable pillage du patrimoine des appellations alsaciennes » et la fragilisation de « l’ensemble des mentions traditionnelles ». L’AVA, comme les parlementaires, demande au ministre de ne pas signer le décret d’homologation du cahier des charges de Gaillac et à l’Inao de réexaminer la demande.

A Gaillac, on assure comprendre les inquiétudes alsaciennes tout en affirmant que la mention permettra au contraire d’éviter la confusion dans la production de ce petit vignoble. « Nous faisons des récoltes tardives depuis des siècles », assure le directeur du syndicat, Bernard Petiot. « Le problème, c’est que sous l’appellation Gaillac doux se côtoient des vins très différents. Le consommateur ne comprend pas pourquoi certains vins sont à 7 euros, et d’autres à 20 », affirme-t-il.

Il souligne également un cahier des charges « très contraignant » pour faire des vendanges tardives de Gaillac « une référence qui évitera la ruée d’autres candidats ». M. Petiot met aussi en avant des volumes relativement faibles, entre 500 et 800 hectolitres par an, soit 10% de la production de Gaillac doux et un chiffre peu ou prou équivalent au Jurançon.

Le dossier, déposé à l’Inao pour la première fois en 2005, « n’a pas pour objectif de développer notre production mais de faire reconnaître des produits différents vendus jusqu’ici sous une appellation unique », explique M. Petiot. Et si une bouteille de Gaillac VT atteint 30 euros, « ce sera un bonus pour le producteur qui aura fait l’effort de respecter un cahier des charges », conclut-il.