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Tursan sécurise son vignoble en financement participatif

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

29.03.2022

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La cave des Vignerons Landais Tursan-Chalosse a crée une structure en financement participatif pour sécuriser les surfaces de vignobles, maintenir la biodiversité, installer des jeunes et communiquer sur sa production.

« Notre coopérative sur le petit vignoble des Landes principalement en polyculture est de plus en plus confrontée à la pyramide des âges, et même si elle n’a pas vocation à porter du foncier, elle se doit de sécuriser ses hectares » estime Jean-Michel Viot, président de la nouvelle SCIC Ma vigne en Tursan. « Quand on est la seule cave du département avec 92 adhérents sur 400 ha en AOP Tursan, 100 en IGP des Landes, c’est une responsabilité ». Au début du XXIe siècle, la cave des Vignerons Landais Tursan-Chalosse ne comptait plus que 200 à 300 hectares très morcelés de Cap Breton à l’Armagnac. Les restructurations ont permis de regagner des vignes et à une dizaine de jeunes de s’installer depuis cinq ans, surtout en agrandissant le domaine familial, mais la tendance est insuffisante pour sécuriser les surfaces. « La concurrence est rude avec d’autres productions comme l’élevage et les céréales moins compliquées et moins gourmandes en main d’œuvre » avoue le président, adhérent de la cave depuis 30 ans. La coopérative a donc pensé à créer une SCIC pour acquérir une réserve foncière. La structure est adhérente de la cave et exploite les vignes, avec du bâti ou non, en collaboration avec les viticulteurs salariés en prestation de service. Les raisins sont livrés à la cave et pourraient déboucher à terme sur une cuvée spécifique.

Une centaine d’hectares en 2030

Les parts de la SCIC sont vendues à des investisseurs privés, des institutionnels, des fournisseurs, des associations... Les acquisitions ne dépasseront pas 20% des surfaces totales. Chaque part à 1000€ défiscalisables (25% sur quatre ans) donne droit à une remise de 10% permanente, à une gratification annuelle d’environ 4%, soit 3-4 cartons de 6 bouteilles, et à des invitations à participer aux événements en cave ou au vignoble. L’opération lancée en février compte déjà une vingtaine d’actionnaires. « L’objectif est d’atteindre une centaine d’hectares en 2030 avec un millier de souscripteurs pour un capital avoisinant le million d’euros », précise Jean-Michel Viot. Les premiers baux signés vont déboucher sur la plantation de 4 hectares en 2022, 8 en 2023. La formule va également favoriser les expérimentations de cépages méridionaux pour mieux affronter les étés secs et les maturations trop rapides mais également tester les anciens cépages de la région comme le malbec et le petit verdot aux côtés des principaux cépages de l’AOC que sont le tannat et le cabernet franc avec le fer servadou, le cabernet sauvignon et le merlot.

©DR

 « Pour l’instant, nous cherchons un chef de projet pour assurer le suivi de la dynamique et communiquer auprès du grand public. Ce n’est pas seulement un projet foncier mais aussi un moyen de préserver la biodiversité, une façon d’augmenter notre notoriété, d’être transparent et d’échanger sur notre métier » conclut Jean-Michel Viot.

La cave de Tursan qui revendique le deuxième vin vendu en grande distribution hors bordeaux (Les’Augustins) produit à ce jour environ 30 000 hl par an en moyenne (40% en rosés, 40% en rouges et 20% en blancs) avec l’ambition d’augmenter d’environ 10% les premiers au profit des deuxièmes.