Quels vins avec du reblochon ?

Un Savoyard un peu roublard, mais on peut le comprendre… Son histoire commence par une maraude. Au XIIIème siècme, la vallée de Thônes où il naquit appartenait en grande partie au clergé et à l’aristocratie qui percevaient l’impôt en fromages au prorata du volume de lait produit. La rebloche, seconde traite pratiquée à l’insu du contrôleur, laissait assez de lait pour fabriquer un petit fromage.

Fromage à pâte pressée non cuite, élaboré au lait cru de vache Abondance, Tarine et Montbéliarde, il peut être laitier marqué d’une pastille rouge, il assemble alors plusieurs laits. Ou fermier à la pastille verte, élaboré avec le seul lait du troupeau. La fabrication fermière se fait au lait entier emprésuré sitôt la traite terminée. Le Reblochon fermier possède une réelle nuance gustative, il a le goût de son terroir d’alpage auquel s’ajoute la patte du fermier fromager.
Il faut quatre litres de lait pour obtenir un Reblochon de 450 g. Salé à la main, les fromages sont retournés tous les matins pour assurer la bonne formation de la croûte. Ils sont ensuite lavés et salés à nouveau. L’affinage demande de 3 à 5 semaines.
Il se présente sous la forme d’un cylindre plat de 13 à 14 cm de diamètre et de 3, 5 cm d’épaisseur pour un poids de 450 et 550 g. Il existe aussi en petit modèle d’environ 9 cm pour un poids de 240 à 280 g.
AOC depuis 1958, son élevage, fabrication, affinage et emballage se déroulent dans la même aire géographique, strictement délimitée à la Haute-Savoie et à la région du Val d’Arly, en Savoie.

LE CELLIER du PALAIS
Vieilles Vignes 2013 Apremont (7 €)
Jaune pâle comme un ciel de neige, ces vieilles vignes nous jettent, du haut de leurs 80 ans, leurs parfums d’amande douce, d’abricot sec et de poire croquante, puis encore des senteurs de fougère délicatement colorées de violette. Aigüe comme un silex, on ne s’y attend pas, elles tranchent aguerries la croûte du fromage. Des goûts de noisette et de lait frais s’écoulent de la pâte onctueuse, puis se mêlent aux fragrances fruitées. Le galbe du vin amortit le minéral salin du Reblochon. Entre Savoyard on sait s’y prendre.
www.lecellierdupalais.com

CHÂTEAU de VAUDIEU
Le Clos du Belvédère 2013 Châteauneuf-du-Pape blanc (39 €)
Il coule sans faire de bruit, comparant son platine lamellé d’or au chamois orangé du Reblochon. Discret, voire taciturne, il confie à peine quelques notes d’anis, de camomille et de citron confit au fromage un peu déconfit. Plus loquace, la bouche parle d’emblée de sa richesse, de sa rondeur, de sa texture, de sa densité, de sa profondeur, de sa très belle fraîcheur qui vient tout équilibrer. Le Savoyard se voit rapidement submergé. C’est à coup d’épices et de fruits secs, de torréfaction et d’amandes grillées, qu’il pondère le vin, transmute son opulence en une friandise délicate, opère la magie des accords rares. www.famillebrechet.fr/chateau-de-vaudieu-chateauneuf-du-pape

CLOS NICROSI
Muscatellu 2012 Muscat du Cap Corse (17, 70 €)
Flamboyant comme l’or cuivré, il se parfume d’agrumes, de fruits jaunes, d’épices et de santal. Sa bouche exhale la fraîcheur du citron vert confit, rafraîchit des amertumes racées des écorces de kumquat et de mandarine. Puis, elle devient pulpeuse comme la chair fondante d’une mangue, veloutée comme la peau d’une pêche. Le Reblochon semble rêver. Il voit sa pâte se transformer, son goût devenir plus intense, son caractère plus profond. Le voilà à la fois enraciné dans le minéral de sa montagne natale, et aspiré jusqu’aux confins de l’Orient.
closnicrosi.fr

Cet article a été publié dans la rubrique « Vins & Fromages » – Terre de Vins n°37.