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Beaujolais : bientôt des premiers crus en Brouilly et Côte de Brouilly

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

21.06.2018

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La route est encore longue pour voir apparaître une mention « Premier cru » sur une bouteille de Brouilly ou Côte de Brouilly mais le projet avance sensiblement et se précise.

« Pissevieille », « la Folie », « Godefroy » ou bien encore « Pierreux », voici quelques-uns des noms de lieux-dits avec lesquels vous allez devoir vous familiariser. Car après un long travail initié en 2014 avec un cabinet de géologie spécialisé, les appellations beaujolaises Brouilly et Côte de Brouilly (fédérées depuis 2009) ont mis en avant les différentes parcelles qui composent leur territoire. Robert Perroud, co-président de l’association des vignerons des crus Brouilly et Cote de Brouilly, assume tout à fait de comparer la démarche à celle initiée récemment à Pouilly-Fuissé plus au nord. Jusqu’à présent, cette célèbre appellation bourguignonne n’était classée qu’en « village » mais une nouvelle hiérarchie permettra désormais de distinguer les climats les plus intéressants en « premiers crus ». L’idée est très similaire dans cette partie du Beaujolais où un grand travail d’identification des sols a permis « de matérialiser ce qui était pressenti par l’expérience ». Une immense diversité allant des granits roses aux pierres bleues d’origine volcanique, en passant par la saprolite ou bien encore les roches calcaires. Et avec cette géologie complexe, un nombre très important de lieux-dits aux spécificités particulières. Sur les 1263 ha du vignoble de Brouilly, ce sont 86 lieux-dits qui peuvent désormais être mis en avant par les vignerons sur leurs bouteilles. Sur Côte de Brouilly, ils sont 19 pour 323 ha de vignes.

Des appellations dynamiques

Avant de voir officiellement l’INAO autoriser le classement de certains vignobles en « premier cru », des dégustations devront être organisées pendant près de 10 ans pour s’assurer de la constance et de la qualité de tel ou tel lieu-dit. Mais le projet est sur de bons rails et rien ne semble devoir le ralentir désormais. En attendant, les choses bougent beaucoup dans ce coin magique du Beaujolais. Les vignerons affichent leur préoccupation croissante pour le retour de la biodiversité sur leurs terres. Cela passe par des techniques de lutte contre les prédateurs moins nocives. Une expérimentation sur la confusion sexuelle est ainsi en cours sur près de 60 ha, permettant de désorienter les papillons grâce à des phéromones et les empêchant ainsi de pondre sur les baies de raisin. Des efforts qui passent aussi par le retour de l’enherbement, des haies entre les parcelles, un intérêt retrouvé pour les fossés de bord de vignoble. Des considérations qui ont conduit à faire revenir certaines espèces animales telles que la huppe ou le faucon crécerelle. Autre motif de satisfaction : le Beaujolais vient d’être classé en avril 2018 « Geoparc mondial UNESCO », un label obtenu exceptionnellement un an seulement après le dépôt du dossier de candidature. Attribué pour la première fois à un terroir viticole, ce géoparc met en lumière l’immense richesse de ce géosite très particulier qu’est le Beaujolais et son symbole central, le mont Brouilly. Une autre raison de venir découvrir cette région de très grands vins, portés par des vignerons de talent tels que Robert Perroud, Yohann Lardy, Laurent Gauthier ou bien encore Pascal Aufranc.