Mercredi 8 Octobre 2025
Auteur
Date
08.10.2025
Partager
Le développement durable et le réchauffement climatique seraient des marronniers de la presse, comme la RSE, la bonne conscience des entreprises. Au-delà de ces figures obligatoires, les réalités sont pourtant implacables : les millésimes se succèdent de plus en plus chahutés par les incidents météorologiques et l’avenir de la viticulture semble compromis par la baisse tendancielle de la consommation. Chez Terre de Vins, nous avons choisi certes d’alerter, mais surtout de nous retrousser les manches. Loin des postures, des solutions dogmatiques, nous avons interrogé les acteurs qui cherchent des solutions pragmatiques et croient, comme nous, que la vigne et le vin peuvent encore faire rêver.
« La vigne a soif » : nous n’avons pas l’habitude d’interpeller nos lecteurs, sauf si les circonstances l’exigent. Yves Tesson, rédacteur en chef de ce numéro, exhorte dans son édito (p.3) à se convertir à une véritable écologie, loin des dogmes et des postures. Qui sait, collectivement, nous pouvons trouver des solutions… Les coopératives (« coopération, des modèles atypiques », par Frédérique Hermine p. 50) ou encore l’exemple de Mouton Cadet (« Mouton Cadet : collectif engagé » par Mathieu Doumenge) en sont les plus belles preuves.
En matière de viticulture, certains verrous sont en train de sauter, comme sur l’irrigation. Mathieu Doumenge consacre un dossier (« La ruée vers l’eau » p.42) sur l’eau et l’enjeu qu’elle représente désormais. Néanmoins, le bio et la biodynamie restent des modèles. Beaucoup se tournent avec pragmatisme vers la viticulture biologique (« François-Régis de Fougeroux : Le crémant avec panache » par Lucie de Azcarate p.112), d’autres se lancent dans la biodynamie comme au Château Rocheyron à Saint-Émilion (« Le chemin de la conversion » par Jean-Charles Chapuzet) ou cheminent depuis déjà quelques années sur cette voie tortueuse (« La cigale et la biodynamie » par Marie-Pierre Delpeuch p.80). Même en Bourgogne, région réputée pour son conservatisme, la part des vins bio progresse, relate Jean-Michel Bouard (« La Bourgogne bio en tête » p.120) dont la sélection couvre toutes les sous-régions, du chablisien au mâconnais.
L’agriculture biologique et la biodynamie ne feront pas tout. En cave aussi, il faut accompagner les progrès. BPM Architectes construit « les chais du futurs » (par Yves Tesson, p. 64) adaptés au réchauffement climatique. Autre dimension à ne pas négliger pour faire face au changement climatique, l’importance de l’histoire, surtout quand elle est incarnée par la succession des générations. C’est la leçon que conte Jean-Charles Chapuzet dans la « Promesse du Cromlech » (p. 59) consacré à la famille Amoreau du Château Le Puy. Quant aux grandes maisons de Champagne, elles ne négligent pas non plus l’importance humaine de toute entreprise, notamment à travers le mécénat (« Millésimes d’utilité publique » par Claire Amadei p.88).
Non loin des incendies qui ont frappé les Corbières l’été dernier, nous avons marqué une halte au cru Boutenac (« Boutenac, cru précieux » par Sylvie Tonnaire p.136) où le Cellier des Demoiselles, durement touché, figure en bonne place.
Quant à la grande dégustation, elle rend justice aux cépages oubliés, si important pour recouvrer une biodiversité digne de ce nom (« pourquoi diable les a-t-on-oubliés ? » p.99). Les curieux de carménère, d’orbois, de bourboulenc, de clairette de Bellegarde, d’arbanne, de petit meslier, etc. seront rassasiés !
Retrouvez également nos rubriques « art de vivre », et le mot de la fin par Luc Tesson afin de conclure, avec le sourire, ces perspectives contrastées…
« Terre de Vins » n°112, 152 pages, 6,90 €, disponible dès maintenant en kiosques et sur abonnement.
Articles liés