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Bientôt des premiers crus à Marsannay ?

Auteur

Fleur
Bouyé

Date

10.05.2024

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Bernard Bouvier, président de l’ODG Marsannay depuis 20 ans, défend avec ardeur la candidature de l’appellation Marsannay pour que certains de ses meilleurs climats soient enfin officiellement reconnus comme tels.

Ancré dans son terroir, Bernard Bouvier rend hommage à ceux qui l’ont précédé. C’est son grand-père qui a fondé le domaine et son père René qui lui a donné son (pré) nom et l’a développé. Bernard s’est formé auprès d’eux et a continué à agrandir le Domaine René Bouvier, un des domaines emblématiques de Marsannay qui additionne prix et médailles depuis des années. Ce sont aujourd’hui 30 hectares qui sont cultivés et qui s’étendent de Chenôve et son célèbre climat « Clos du Roi » à Morey-Saint-Denis et son non moins célèbre « Montre-Cul ». Mais c’est bien à Marsannay que se situe la source et le cœur du Domaine qui ne compte pas moins de dix-huit hectares dans cette appellation qui a la fantaisie de s’étendre sur trois villages : Chenôve, Couchey et Marsannay-la-Côte. Le Domaine René Bouvier dispose d’une gamme riche de trois cuvées parcellaires en blanc, cinq en rouge que vient compléter une cuvée d’assemblage. Ajoutez à cette liste quatre cuvées sans sulfite et vous aurez une idée de la contribution de Bernard Bouvier à l’AOC dont il est le fier ambassadeur. Le vigneron s’affirme « bio non certifié » et défend l’intérêt d’intégrer 50% de grappes entières dans ses cuves qui « apportent complexité, longueur en bouche et contribuent au bon vieillissement ». Accompagner les vins en douceur est le maître-mot du vigneron qui prend garde à ne pas effacer le caractère de chaque terroir en choisissant par exemple des fûts à la chauffe légère. S’il y a une chose dont il ne doute pas un instant, c’est la qualité des terroirs de Marsannay. Des études poussées orchestrées par une assemblée de géologues et autres pédologues ont permis en 2019 à l’appellation de s’étendre en gagnant 80 hectares supplémentaires atteignant ainsi un total de 367 hectares en Marsannay rouge ou blanc et 231 hectares en Marsannay rosé.

Absence de premiers crus à Marsannay
Une sorte de retour de bâton de l’histoire en serait la cause. Située aux portes de Dijon, et donc d’un certain pouvoir économique, lors des premières appellations d’origine contrôlées (1936), le village n’en a d’abord pas voulu, ne voyant pas quel intérêt en tirer. Avec ou sans AOC, le « Clos du Roi » était réputé depuis fort longtemps et les vins de Marsannay continuèrent à se vendre en simples « Bourgognes » jusqu’en 1987 où ils obtinrent enfin, bien après leurs voisins qui avaient ainsi tiré la couverture à eux, l’appellation village. Cette inscription tardive a de fait nui à la réputation des Marsannay. Les vignerons Marcenaciens se sont depuis battus pour offrir des vins dont la qualité n’a cessé d’augmenter et l’heure est venue d’officialiser la supériorité de certains climats en les ajoutant à la prestigieuse liste des premiers crus de la Côte. Les astres semblent aujourd’hui alignés pour que ce dossier - qui ne concerne pas moins de 174 hectares et 14 climats prétendants - actuellement à l’étude à l’INAO aboutisse pour les vendanges 2025. 

Richesse des terroirs et vins de lieux
La qualité des terroirs des potentiels premiers crus (grèzes lithées, oolithes blanches et divers calcaires) offre ainsi des cuvées aux personnalités variées appréciées au mieux, selon Bernard Bouvier, lorsque l’on pratique la dégustation géo-sensorielle. Cette dernière, avec un peu de métier, permet d’analyser la texture (ou l’étoffe) des vins et de déceler la nature des terroirs dont ils sont issus : « un vin de Bourgogne doit avoir de la fraîcheur, de l’équilibre, exprimer le terroir, ne pas être une boule de matière ». Ainsi, parmi les excellentes cuvées (2021) dégustées,  Le Clos, sur marnes blanches, offre une belle fraîcheur et une finale délicate et minérale ; le Clos du Roi, sur grèzes lithées, a un toucher légèrement rugueux et une minéralité encore plus prononcée.

Les efforts des vignerons pour que la qualité de leurs vins gagnent en visibilité ont toutes les chances d’être (enfin) bientôt récompensés.