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Bordeaux Tasting | Saint-Émilion grand cru classé, duo de Bios

Auteur

Laure
Goy

Date

11.12.2016

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A Bordeaux Tasting, l’ensemble du vignoble bordelais est représenté. Mise en lumière de deux grands de la rive droite, ces crus classés de Saint-Emilion qui ont fait le choix du bio.

Canon-La-Gaffelière, l’amiral des vignobles Von Neipperg
Stephan Von Neipperg est arrivée à la tête de Canon-La Gaffelière (Saint-Emilion Grand Cru Classé) en 1985, l’agriculture biologique a été vite une préoccupation. « La première chose qu’il a fait a été de déguster d’anciens millésimes pour comprendre les vins. Il s’est aperçu que certaines parcelles qui avaient été plantées dans les années 1960, et qui avaient connu beaucoup de traitements, avaient un enracinement en surface, peu de profondeur, cela avait un impact sur les vins, qui étaient plus dilués à la dégustation. C’est ce constat qui l’a amené à l’arrêt des traitements, à remettre de la vie dans les sols, obliger la vigne à aller plus en profondeur pour produire des raisins plus beaux ».
En 2011, la conversion officielle vers le bio est entamée, 2014 est le premier millésime certifié. C’est ce millésime que la propriété a décidé de présenter pour les amateurs de Bordeaux Tasting, et qui se déguste encore jusqu’à ce soir, aux côtés de l’Aiguilhe 2014 (Castillon-Côtes-de-Bordeaux) et du Clos de l’Oratoire, deux autres propriétés de Stephan Von Neipperg sur des sols et des appellations différentes, mais travaillées par la même équipe technique.
Questions sur les cépages, sur le bio, sur le terroir de Saint-Emilion, sur la garde, les amateurs veulent en connaître davantage et ne cessent de se presser autour du stand.

Château Fonplégade, un jardin
En bio depuis le millésime 2010, c’est au choix des nouveaux propriétaires Denise et Stephen Adams qui achètent en 2004, que Fonplégade le doit. Dirigée par Eloi Jacob, présent à Bordeaux Tasting toute la journée pour répondre aux visiteurs, ce grand cru classé a du apprendre à se (re)mettre au vert. « Lorsque les propriétaires m’ont annoncé leur philosophie du tout bio, je leur ai annoncé qu’on risquait la perte de récolte intégrale. Ils m’ont répondu : on assume », explique le directeur, en faisant déguster les vins. « Leur philosophie est complète, on n’utilise plus de détergent, les hectares de jardin sont accompagnés naturellement, on fait nos purins, ça a été un travail de formation pour toute l’équipe. » Ami avec Alphonse Mellot (Sancerre), avec le maître de chai de la Romanée-Conti (Bourgogne), avec Jean-Michel Comme (Pontet-Canet), Eloi Jabob « préfère échanger avec des gens de confiance pour avancer, plutôt que de chercher des certifications et autres cahiers des charges en ce qui concerne la biodynamie », confie le directeur.
Finalement, « pas de récolte anéantie », de « pertes de rendements catastrophiques », mais plutôt le constat que les vins « gagnent en finesse de tanins plus vite », « des vendanges plus tôt à pleine maturité » analyse Eloi Jacob. « En revanche, quel que soit le millésime, la bio nous oblige a être en permanence dans les vignes, à tout regarder, à prendre rapidement les bonnes décisions. Le plus difficile, c’est de trouver les hommes qui sont prêts, en sortant de formation, à retourner aux labours et au travail du sol », ajoute-t-il.
A la table de dégustation de la propriété, pour Bordeaux Tasting, deux versions du Château Fonplégade 2012, « une façon d’aborder le terroir avec un assemblage identique, sur un même millésime, c’est assez pédagogique car les gens se rendent compte immédiatement que ce ne sont pourtant pas du tout les mêmes vins. ». Tout en finesse.