Samedi 5 Octobre 2024
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27.01.2021
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Le Comité Champagne vient de donner les premières estimations des ventes de l’année 2020, un bilan moins catastrophique que prévu, même s’il représente une perte d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Le rendement a donc pu être relevé à 8400 kilos/hectare.
C’était un rendez-vous attendu et annoncé dès le 18 août 2020 au moment où avait été trouvé un accord sur le rendement : au mois de janvier, en fonction des ventes de l’année celui-ci devait être ajusté. C’est chose faite et les nouvelles sont plutôt rassurantes. En 2020, la Champagne a vendu 245 millions de bouteilles soit une baisse de 18% par rapport à 2019, moins catastrophique que les 25 à 35% envisagés l’été dernier. Le rendement a donc été remonté à 8400 kilos/hectare, loin des 7000 kilos, rendement plancher sur lequel vignerons et négociants s’étaient accordés au cas où la Champagne ne parviendrait pas à dépasser les 200 millions de bouteilles. Un soulagement donc pour toute la filière et en particulier pour les vignerons, d’autant qu’en France le maintien de la fermeture des restaurants pendant les vacances de Noël et le couvre-feu imposé au Nouvel An laissaient augurer un scénario très sombre.
Le comportement des consommateurs n’a heureusement pas été aussi négatif que lors du premier confinement où on avait vu les Français certes maintenir leur consommation d’alcool mais se tourner plutôt vers les vins de consommation courante. Pour le champagne, la baisse des ventes en France et à l’étranger au mois de décembre 2020 comparée au mois de décembre 2019 n’est que de 5%. Sur ce point, Benoît Collard, directeur exécutif de Piper-Heidsieck rencontré par Terre de vins il y a quelques jours, confiait : « il y a eu la volonté de se faire plaisir, puisqu’on était limité, autant profiter de ce moment de la meilleure des manières ».
Un autre constat rassurant : « il n’y a pas eu de casse sociale ni de faillites en Champagne contrairement à ce que tout le monde pouvait croire », confie Jean-Marie Barillère, président de l’Union des Maisons de Champagne. Preuve selon lui que la méthode adoptée en limitant fortement le rendement, a porté ses fruits : le prix du champagne n’a pas dévissé et on n’a pas assisté au bradage des vins par les différents opérateurs, rassurés de voir l’interprofession afficher sa volonté de ne pas augmenter le poids des stocks et d’en assurer le pilotage pour maintenir sur le long terme des niveaux équilibrés. « On a su préserver la valeur créée ».
Maxime Toubart, président du Syndicat Général des Vignerons, met quant à lui en avant l’adaptabilité dont ont fait preuve les acteurs de la filière, soulignant les nombreuses initiatives comme les click & collect ou les boutiques en ligne développées par les vignerons.
Bilan des ventes selon les pays et selon les acteurs sur l’ensemble de l’année 2020
Sur l’année 2020, les vignerons comme les négociants sont à -17% (les coopératives à -23%). Ainsi, les différences entre les acteurs ne sont pas liées à leurs tailles mais à leurs circuits de distribution. « Le circuit direct a très bien fonctionné, le circuit cavistes également, tous ceux qui étaient très présents dans les Cafés Hôtels Restaurants ont pris une claque et finissent à -40% ou -50%. Quand on parle d’un recul de 18%, cela signifie qu’il y a des gens qui sont à zéro et d’autres à -40% », précise Jean-Marie Barillère.
En examinant plus en détail les chiffres, on s’aperçoit que l’export a mieux résisté (-16%) que le marché intérieur (-20%). « C’est la première crise champenoise depuis 40 ans au cours de laquelle l’export fait mieux que le marché français, d’habitude très résilient. » Deux explications sont avancées : d’une part, un mode de consommation différent en France, davantage lié aux événements et à la dimension festive, d’autre part, les difficultés du tourisme, très impacté par la crise sanitaire : « il suffit d’habiter Paris pour se rendre compte de la tristesse de la capitale ces jours-ci, sans touristes donc sans consommateurs de champagne ».
Entre les différents marchés de l’Export, le tableau est également contrasté. On s’aperçoit que l’Europe continentale a bien fonctionné avec une baisse de 5% seulement en Belgique, 15% en Allemagne et 9% en Suisse, alors que les trois premiers marchés ont enregistré un recul plus important : Etats-Unis (-20%), Royaume-Uni (-20%), Japon (-28%). L’Australie est un cas à part avec des ventes qui ont augmenté, mais dont les chiffres sont en partie faussés par le boycott dont avait souffert le champagne en 2019 de la part des grandes chaînes qui contrôlent là-bas le « off-trade ». Celles-ci ont été obligées de se réapprovisionner en 2020 pour suivre la demande des consommateurs.
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