Accueil Fêtes de fin d’année : faut-il miser sur les champagnes de Grande Distribution ?

Fêtes de fin d’année : faut-il miser sur les champagnes de Grande Distribution ?

Auteur

Yves
Tesson

Date

09.12.2020

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Avec quel champagne célèbrera-t-on l’année 2021 ? Pour trouver des champagnes à des prix intéressants, de plus en plus de consommateurs s’orientent vers les nouvelles offres en ligne, y compris sur Amazon. Faut-il pour autant bouder les vins proposés par la Grande Distribution ?

Le marché de la grande distribution pour les vins a changé. D’abord par la qualité des services qui sont proposés. Les rayons présentent mieux et sont souvent animés en fin de semaine par des sommeliers qui peuvent vous conseiller. Les conditions de stockage, en particulier la position verticale des bouteilles et leur exposition en pleine lumière, n’ont rien d’idéales. Mais compte tenu de la rapidité des rotations de stock, leur impact reste limité. Par ailleurs, pour les vins haut de gamme, de plus en plus de chaînes utilisent des caves électriques.

La Loi Egalim appliquée depuis 2019 a aussi redistribué les cartes. Fini les promotions choc où le champagne faisait office de produit d’appel, avec des offres du type une bouteille achetée, une bouteille offerte, qui faisaient rugir certaines marques, voyant contre leur gré leurs vins bradés et leur image abîmée. Les réductions sur les produits alimentaires sont désormais limitées à 33% de la valeur et ne peuvent concerner plus de 25% des volumes annuels. Résultat : les bouteilles de champagne écoulées sur le marché de la Grande Distribution ont chuté de 15,6% entre 2018 et 2019 pour ne représenter plus que 28,9% des expéditions françaises.

Se repérer entre marques phares et marques de distributeurs

Aujourd’hui les marques les plus vendues en grande distribution ne sont plus les moins chères, mais plutôt celles qui se situent à des prix intermédiaires, avec un rapport qualité prix assez sûr, comme Nicolas Feuillatte qui mène le jeu avec 4,5 millions de cols (données annuelles cumulées au 31 mai 2020, source Rayon Boisson) et qui occupait 14% du marché à lui seul en 2019. Parallèlement, le prosecco est de plus en plus préféré au champagne bon marché, utilisé pour le fameux cocktail spritz qui a supplanté le kir royal.

Parmi les prix les plus attrayants, il y a bien entendu les marques de distributeurs. Compte tenu de la crise de mévente que connaît la Champagne depuis la pandémie, il y a peut-être des bonnes affaires à réaliser de ce côté. Certaines maisons de champagne ont besoin de trésorerie, mais elles ne sont pas prêtes à brader leurs champagnes sous leurs propres marques de peur d’écorner leur image. En revanche, on peut imaginer qu’une partie d’entre elles accepte de le faire auprès de marques d’acheteurs. Il faut donc s’attendre à de bonnes surprises sur le plan qualitatif. Le problème de ces marques de distributeurs demeure : changeant pour certaines régulièrement d’élaborateurs, voire s’appuyant sur plusieurs en même temps, elles peuvent proposer des qualités différentes sous la même étiquette. On ne retrouvera pas toujours le même vin à l’achat suivant.

Quelques trouvailles chez les récoltants-manipulants

Si chez les cavistes, les champagnes de récoltants-manipulants sont souvent d’un bon rapport qualité/prix, ils sont presque absents de la grande distribution, laquelle nécessite par définition des opérateurs capables de fournir de gros volumes. Il existe cependant des exceptions : la famille Rapeneau propose la marque Paul Louis Martin, avec un extra-brut grand cru référencé chez Monoprix, les marques Charles Orban et Comte de Beligny chez Cdiscount, et la marque Renée Martin, dont le blanc de blancs commercialisé chez Leclerc est le tout premier champagne labellisé « Nos régions ont du talent » par l’enseigne.

En effet, plutôt que de tirer les prix vers le bas en cherchant d’abord à réaliser des volumes, la famille Rapeneau, également propriétaire des maisons G.H. Martel et Charles de Cazanove, a voulu étoffer sa gamme destinée à la GD, en ajoutant des produits jusqu’ici réservés aux connaisseurs que l’on trouvait plutôt chez les cavistes. « Avec la loi Egalim, nous avons eu une baisse du nombre de bouteilles vendues, mais en même temps cela nous a permis de travailler différemment avec de nouvelles cuvées, un Brut nature, des millésimés, un blanc de noirs, nous venons même de sortir un champagne bio… Nous profitons de cette mécanique plus simple, où on peut afficher d’emblée le véritable prix. À l’avenir nous devrions lancer une gamme HVE… » confie Vincent Rapeneau. Cette stratégie qui sort le champagne de sa dimension uniquement festive permet de ne plus tout miser sur Noël et le Nouvel An. « Autrefois, pour le marché français, nous faisions 70% de nos ventes en GD à la fin de l’année, aujourd’hui nous sommes à 50% ».